Papillon est la définition même d'un terme, un de ceux que le cinéma aime tant à s'imprégner, dépeindre, afin de mieux nous le rendre encore plus intense ... Ce mot, sans faire de mystère est belle et bien, épique ! Ce film, signé par Franklin J.Schaffner ( qui si connais en adaptation ! ) est une aventure incroyable, ses 50 piges ( 1973 ) sont encore resplendissantes.
De suite, on ne nous épargne pas la dureté de l'épreuve. La pitance à la louche sous le déluge de la traversée, la chaleur insoutenable qui s'ensuit, avant de mettre pied à terre sous les coups de pompes ou de fusils ! Le sang coule, de manière explicite, la guillotine est présentée et mis en service quasiment dans la même foulée. Le sommeil - loin d'être réparateur - perpétue les chaines, cette fois, à l'aide d'un gigantesque vérin. Le travail au bagne, quand à lui consiste à gigoter dans la gadoue, à tirer des troncs et à capturer des caïmans ! Rajouter à cela, une menace de Malaria, et la partie de plaisir est maximale.
Ce n'est que le début. On partage la quinine et les autres tourments selon les vues de l'entraide, du point de vue des prisonniers, j'entend. Si l'on excepte les prémices de la collab, l'union fait ici à défaut de force aux moins un peu de réconfort. La pluie principale n'est d'ailleurs pas atmosphérique, elle est l'œuvre de la main de l'homme, la ribambelle de cadavre qui s'additionne sur ces deux heures trente est phénoménale.
Si complicité il y'a, la solitude est néanmoins un épicentre dans l'effet de bascule orchestré dans le sac de nœud de l'organisation qui mise, là encore, dans le texte à réduire au silence toute divergence à cette dernière. La réclusion, en grosse lettre nous apprend d'ailleurs à découvrir comment les cafards peuvent nous êtres utiles face à l'adaptation devant une telle situation. La bouftance, si peu ragoutante, devient luxe dans cette geôle en sous-bassement. La surveillance passe par le contrôle, les trappes, devant et derrière, ont aussi pour but de sacraliser le coup de sifflet. La plongée dans l'obscurité totale marque encore un peu plus significativement le tournant, et la mine, déconfite, traumatisé de Charrière. Les yeux bleus de chez bleu de son interprète sont d'ailleurs ms à contribution devant le jour soudain, qui es brulent vivacement. Dans la perfidie du geste, en toute et pour tout. Comment réduire la volonté d'un homme et le rendre à sa condition primale, en haillon, dans la traque de sa graille, le brisé, sans bâtons, juste dans l'oubli et l'humiliation.
La crasse, l'ignominie, fond ici le récit de la torture. La dent qui se déchausse, et les mots du voisin de cellule font vaciller même le plus à même à encaisser. Enfin, pas tout à fait. Il y'a dans ce bout de papier cacher, dans la voix qui scande - " I Try ", une lueur, auquel on se rattache, avec et pour lui. Son retour à la vie et à la mort, cette fois réelle et non plus rêvé, nous ramène à une violence plus " soutenable ". C'est à cet instant que le film virevolte et change la donne.
La première tentative de fuite vite annihilé laisse place à une mise en place bien plus rigoureuse. L'adrénaline se niche dès sa planification, trouve son paroxysme évidemment lors de l'acte entamé. La mise en scène de Franklin J.Schnaffer est d'ailleurs, je le note ici, complètement immersive et traduit un sentiment fort pour chorégraphier une aussi jolie danse. Une fois encore, la douleur reste de mise. La résorbassions de la jambe cassé se fait dans une première tentative assez maligne et attenue sa peine, la suite en revanche ...
Je dois dire, que la découverte du rafiot, de la rencontre " fortuite " qui en découle et la revue du plan à cet instant est peut être mon passage préféré du film ! Enfin non, ce moment, précède mon vrai cruch. L'arrivée dans la nuit sur ce camp, dont on nous dit quel mal le ronge, est mon véritable passage charnière. L'épreuve du cigare, mais surtout ce " - Goodbye " ont d'office d'intégré mon panthéon personnel.
Une fois la traversé, on va dire plus que rustique reprise, acheminé une fois encore dans le sang, la découverte de la terre reprend sa course implacable. La fléchette, la chute, n'amène pour autant pas à la capture. L'interstice muet de la séquence fait preuve d'accalmie, d'une pause dans le déferlement de coups et d'abandon. Le réveil et le nouvel exil sonne la fin du bonheur. L'exode est une fois encore mis en échec par une institution, et continue son chemin à répendre une colère face à un sort qui s'acharne. Les funérailles du compagnon, bequeté par les requins à peine le corps à la flotte est une autre de ses visions d'horreurs que comportent un film qui devient plus cruel encore ... La faute à l'espoir entrevue ?
Non, la suite nous le prouve. Pas résigné par un recasement expéditif, l'ultime tentative, quasi-suicidaire, répond à laisser aller. Cette cascade à beau être sublime, on comprend la bravade ! J'ai glissé un mot, plus haut, pour son réalisateur, j'en ajoute un pour son acteur principal, Steve McQueen, merveilleux. Cet acteur, incarne la révolte et l'évasion, la porte comme étendard, qu'il soit escroc, pompier, cow-boy, marin ou prisonnier !
Dustin Hoffman, très grand acteur, lui par contre livre une copie un peu surfaite et dans l'abus par une exagération de toutes les prises ! Mon seul point noir, enfin la face visible.
Papillon sera bien une de mes plus belles immersion dans un film. Je l'ai suivi avec une passion grandissante, dans un crescendo fantasque à souhait !