Prenant, stupéfiant, violent, extrême, le film de Franklin J. Schaffner impressionne et fige le spectateur du début à la fin. Le réalisateur américain montre à quoi ressemblait la prison française de Cayenne. Alors là, on se pose des questions et surtout une: comment peut-on justifier que ce ne soit pas le cinéma français qui se soit attaqué au sujet? Manque de courage de reconnaître une vérité, celle qui nous embarrasse? Eh oui tout simplement. La France s'est souvent permise de donner des leçons à tous les peuples mais au regard de ce qui se passait dans ses maisons de prisonniers qui étaient torturés, humiliés, forcés à travailler dangereusement sans récompense, forcés à dénoncer quelqu'un dans le groupe sous peine d'être placés à l'isolement et à la privation de la nourriture, que peut-on dire, que peut-on répondre? Que la France est un pays humaniste et exemplaire? Qu'elle a toujours défendu les bonnes causes? Qu'elle-même s'est souciée de son peuple affamé? La réponse à toutes ces questions est la même: non. La France possède un passé ignoble, ce qui la rend encore plus coupable, c'est de ne pas reconnaître publiquement ses torts. Eh bien, les Américains décident de dévoiler au monde à quoi ressemblait la France dans cette période. Et ce qui s'est passé ne remonte pas à la monarchie, cette honte s'est produite au vingtième siècle! Le film raconte l'histoire d'un homme rebelle, condamné à de nombreuses années de prison dans cet enfer et qui décide de tenter de s'évader. Le long-métrage montre les hommes et les femmes françaises qui se trouvent dans ces îles. Les gardiens profitent de leur pouvoir pour massacrer les prisonniers de telle sorte qu'ils craquent et qu'ils tentent l'évasion afin de justifier un saccage de plus en plus grand. Les prisonniers sont traités comme des animaux par les gardiens. Ces derniers sont des monstres, des pervers, des tortionnaires, des sadiques et tout cela est approuvé par l'Etat français de l'époque. Les bonnes soeurs de l'église catholique n'ont pas plus de clémence envers ceux qui souffrent ce martyre au contraire plus elles peuvent les enfoncer, plus elles se satisfont de leur cupidité et de leur désir malsain de voir souffrir ces hommes. Réquisitoire fort et réaliste contre l'Etat, contre l'Eglise à travers le parcours épique et épouvantable d'un homme interprété magistralement par Steve McQueen, le réalisateur montre du doigt un pays qui se dit exemplaire, en vérité les hommes qui dirigeaient ce pays étaient de parfaits hypocrites, des criminels, la France a fabriqué des établissement contraires à ses valeurs en les approuvant. Quel pays doit-on montrer du doigt en faisant semblant de figurer parmi les vertueux? Quel pays a les mains propres? Quel pays n'a jamais torturé et tué sa propre nation? En tout cas, ce n'est pas la France. Franklin J. Schaffner exploite très bien son scénario riche en profondeur et sans temps mort. Il signe à travers l'horreur un monument du septième art!