A mon avis le dernier grand Chabrol, mésestimé par le public. Tout le cinéma de Claude Chabrol se résume dans ce film: mise en scène apparemment classique et élégante dans la forme, quasi-documentaire comme on le fait dans une étude de moeurs en milieu inconnu (la bourgeoisie de province - sujet favori de l'Oeuvre Chabrolienne), qui souligne le côté clinique, froid et distancié du personnage central joué par Isabelle Huppert, perverse et manipulatrice (du grand art, un de ses meilleurs rôles), importance du hors-champ demandant au spectateur un exercice de réflexion logique, montée subtile et habile du suspense avec des scènes et des plans apparemment anodins, mais d'une importance capitale pour comprendre les mobiles qui font agir les personnages derrière leurs masques de circonstances... Une oeuvre à revoir plusieurs fois, désarçonnante la première fois, car on peu avoir la sensation qu'il ne s'y passe pas grand chose, alors que c'est bien sûr tout le contraire... C'est là l'intelligence et la grande maîtrise de Chabrol d'ailleurs, qui pique notre curiosité, sous le dehors classieux et un brin désinvolte du film. Certains voyaient chez lui l'utilisation de ficelles Hitchcockiennes dans l'écriture et la mise en scène, ce film en est certainement l'exemple le plus frappant. Prix Louis-Delluc amplement mérité, désolé que l'Académie des Césars soit passé à côté de ce grand film...