Le réalisateur Sheron Dayoc est natif de Mindanao et fils de militaire. Il s’est fait connaître avec des films documentaires, notamment The Crescent Rising, récompensé au Festival de Busan en 2016, qui évoquait déjà la vie des femmes de Mindanao, et dont Les Femmes de la Rivière qui Pleure est le prolongement sous forme de fiction.
Les guerres de clans, vendettas, représailles, récurrentes dans cette région du monde ont un nom (provenant du dialecte maranao) : le rido.
Le père de Laila Ulao, qui joue Satra, a été assassiné dans le cadre d’un rido.
Le casting est entièrement local et non-professionnel : le réalisateur est parti des histoires individuelles de chacun pour parvenir à la meilleure authenticité possible.
Sharifa Pearlsia Ali-Dans, qui joue le rôle de Farida, a été Secrétaire Adjointe du Département de l’Intérieur et du Gouverment Local de la Région Autonome en Mindanao Musulmane (ARMM) et responsable de la mise en place du programme local Gender and Development pour l’égalité des femmes. Elle pensait ne faire qu’un cameo. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle a appris qu’elle était requise pour 2 semaines de tournage ! Mais elle a pensé que sa participation pourrait permettre, grâce au cinéma, de mieux faire passer le message qu’elle s’efforce de faire passer à travers son action.
Sur près d’un demi-siècle, la région de Mindanao a connu près de 150.000 morts et des millions de déplacés, résultat d’affrontements dont les origines sont diverses : différends fonciers, rivalités familiales, luttes de clans, revendications indépendantistes dont on entend surtout parler pour ses émanations extrémistes (incarnés par des groupuscules islamistes tels que Abu Sayyaf, qui ont prêté allégeance à Daech). Aujourd’hui, la région attend que le Congrès des Philippines reconnaisse et ratifie son nouveau statut de Région Autonome du Bangsamoro (les Moros désignant les musulmans des Philippines).