"Scary Movie", un mastodonte de la parodie horrifique, navigue dans un océan d'humour absurde avec la grâce d'un paquebot au milieu d'une tempête de sarcasmes. Le réalisateur Keenen Ivory Wayans orchestre un ballet chaotique où le grotesque côtoie le génie, plongeant le spectateur dans un tourbillon de rires incertains.
Le film s'ouvre sur une scène désormais iconique, où Carmen Electra, incarnant Drew Becker, offre une performance à la fois hilarante et désarmante, posant immédiatement le ton irrévérencieux du film. Cette séquence, parmi d'autres, illustre la capacité de "Scary Movie" à se moquer sans retenue des clichés éculés du genre horrifique, tout en rendant un hommage ambigu à ses sources d'inspiration.
Anna Faris, dans le rôle de Cindy Campbell, brille par son talent comique, incarnant une héroïne à la fois naïve et attachante. Son interprétation, mêlée aux performances exubérantes de Regina Hall, Shawn Wayans et Marlon Wayans, forme le cœur battant de cette farce effrénée. Cependant, le film peine par moments à trouver un équilibre, oscillant entre des moments de brillance pure et des passages qui semblent étirés au-delà de leur potentiel comique.
La parodie, un art délicat, requiert un équilibre précaire entre l'admiration et la critique, un équilibre que "Scary Movie" négocie avec une audace inégale. Les références à des films comme "Scream" et "Souviens-toi... l'été dernier" sont à la fois des hommages et des moqueries, une dualité qui confère au film son charme unique mais aussi ses limites.
L'humour de "Scary Movie", bien que souvent percutant, s'aventure parfois dans des territoires où la finesse cède la place à la lourdeur, et l'ingéniosité à la facilité. Des scènes comme celle du concours de beauté de Buffy Gilmore ou les mésaventures de Shorty Meeks flirtent avec le génie, tandis que d'autres semblent réduites à des gags répétitifs ou des plaisanteries bas de gamme.
Le scénario, co-écrit par un collectif incluant les frères Wayans, navigue avec une habileté variable à travers un champ de mines de références pop-culturelles et de satires sociales. Si certains gags frappent en plein cœur, d'autres manquent de la subtilité nécessaire pour transcender la simple parodie.
Techniquement, "Scary Movie" ne cherche pas à révolutionner mais plutôt à servir de toile de fond à son festival d'absurdités. La direction artistique et la photographie, tout en étant fonctionnelles, manquent parfois de la flamboyance que le genre parodique pourrait permettre.
En somme, "Scary Movie" est une œuvre au charme irrégulier, une montagne russe émotionnelle où chaque ascension vertigineuse est suivie d'une descente abrupte. Il s'agit d'un film qui, malgré ses imperfections, a su s'imposer comme une référence dans le genre de la parodie, témoignant de la fine ligne entre le génie comique et le simple divertissement. Son héritage, ambivalent mais indéniable, continue d'influencer le cinéma comique, rappelant que dans l'humour, comme dans l'horreur, il y a toujours place pour l'innovation.