Promenade à Cracovie est un portrait de Roman Polanski et de son ami d’enfance, le photographe Ryszard Horowitz. Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer ont voulu les montrer, non comme deux artistes mondialement connus, mais comme des hommes d’expérience, qui, avant de rencontrer le succès, ont connu la guerre, le totalitarisme, le traumatisme et l’aliénation. Les réalisateurs expliquent :
"Lorsqu’ils se retrouvent confrontés aux lieux qui les ont forgés, ils abordent spontanément des sujets fondamentaux tels que le passage du temps, la mémoire, la quête de sens et la façon dont chacun tente de définir sa propre identité."
Malgré ce que Roman Polanski et Ryszard Horowitz ont pu endurer, Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer voulaient que ce film mette en évidence ce qu’il y a d’admirable en eux : leur absolu désir de vivre, qui leur a permis d’échapper à leur destin et les a sauvé des jugements de l’Histoire.
"Ils ont survécu à l’Holocauste, l’un grâce à Oskar Schindler, l’autre grâce à des paysans polonais. Malgré ce qu’ils ont enduré, ils ont fait mieux que survivre, ils se sont forgés une place dans le monde, ont connu d’immenses succès et une reconnaissance mondiale dont les gamins du ghetto de Cracovie ne pouvaient même pas rêver", précisent les cinéastes.
En faisant le film, Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer ont veillé à ce que les deux artistes se sentent à l’aise, pour que les spectateurs puissent les découvrir tels qu’ils sont intimement. Les réalisateurs notent : "C’est pourquoi la caméra se fait toujours discrète, et se contente de les regarder marcher et parler."
"Avant chaque scène, nous discutions du sujet qu’ils pourraient aborder, tout en veillant à laisser place à l’improvisation, à des échanges spontanés, imprévisibles. Les lieux qu’ils visitent sont évocateurs de souvenirs d’enfance et de jeunesse, ce qui les pousse à se révéler, à partager des sentiments enfouis en eux."
Cette promenade s’accompagne de la narration qu’en fait Ryszard, sa voix chaude recontextualisant parfois les circonstances dramatiques de certains faits évoqués. Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer confient : "Il raconte, partage ses sentiments, ses remarques, fait le portrait de son ami tout en découvrant au passage quelques vérités sur lui-même."
"La franchise de ces deux artistes, leurs observations, leur expérience, leur humilité envers le monde, ainsi que cet extraordinaire sens de l’humour qui les anime, apportent au film une sincérité profonde, universelle, alors qu’ils abordent à leur manière les questions les plus personnelles et les plus fondamentales, avec humour et une profonde honnêteté."
Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer ont d'abord rencontré l’un des avocats de Roman Polanski, Jan Olszewski. En février 2015, à cause de la demande d’extradition déposée par les Etats-Unis auprès des autorités polonaises, Roman Polanski est revenu pour témoigner devant le tribunal de Cracovie (une procédure définitivement abandonnée en décembre 2016). Les deux metteurs en scène se rappellent :
"Entre deux rendez-vous, il allait marcher dans la ville. Son avocat nous a raconté cela, en suggérant que ce pourrait être la trame du film. Il a servi d’intermédiaire entre nous. Roman a accepté l’idée de ce documentaire, à condition de faire cette promenade dans les rues de Cracovie avec son ami d’enfance, Ryszard Horowitz, qui vit à New York et qui a accepté de revenir à Cracovie pour la première fois depuis sa jeunesse."
"C’est nous qui lui avons suggéré d’emporter avec lui un matériel traditionnel pour prendre des photos. Cela nous semblait cohérent avec cette idée d’une promenade sur les traces d’un temps passé."