En regardant les rayons du soleil couchant s'allonger sur de verdoyantes vallées, un vieux Magicien et un Hobbit soufflent paisiblement quelques ronds de fumée. Bravant courageusement les hauteurs enneigées qui se hérissent au loin, neuf compagnons avancent en file indienne vers l'horizon et l'inconnu.
Alors qu'une lanterne s'éveille dans le noir, les majestueuses colonnes de la Cité des Nains se révèlent aux yeux ébahis des voyageurs éblouis. A l'instant même où l'astre du jour se lève sur une cité dévorée par l'ennemi, des milliers de lances chargent au grand galop, sur des milliers de crinières.
L'une des musiques les plus épiques du cinéma
Si vous connaissez bien les films de Peter Jackson, adaptés de l'oeuvre immortelle de J.R.R. Tolkien, vous avez probablement reconnu les collines de la Comté, les monts du Caradhras, les profondeurs de la Moria et les champs du Pelennor. Et en même temps que ces majestueux paysages se sont matérialisés dans vos souvenirs de spectateurs, sans doute ont-ils emporté avec eux les notes triomphales d'une bande originale qui compte aujourd'hui encore parmi les plus épiques que l'on ait jamais composées pour le grand écran.
Proche de la perfection selon de nombreux fans, la trilogie aux 17 Oscars a certes marqué l'Histoire du cinéma pour l'efficacité de sa mise en scène, pour la finesse de ses acteurs, pour la qualité de ses effets spéciaux, mais aussi pour la puissance de sa partition musicale.
Un défi considérable
Tantôt légère et ensoleillée, tantôt pesante et grave, tantôt lyrique et envolée, cette oeuvre colossale sertie d'une centaine de thèmes différents est perpétuellement animée par un irrésistible souffle d'aventure qui emporte inexorablement tous les spectateurs dans son sillage.
Si l'on vibre à ce point en contemplant la Communauté de l'Anneau arpenter les vastes régions de l'Eriador ou en regardant les Cavaliers du Rohan charger face aux légions du Mordor, c'est donc bien sûr grâce au talent de Peter Jackson, mais aussi (et en grande partie) grâce au génie de Howard Shore.
Notamment connu pour avoir précédemment travaillé aux côtés de David Cronenberg, ce musicien émérite n'avait pourtant jamais eu à composer de thèmes véritablement narratifs pour un long métrage auparavant. La trilogie du Seigneur des Anneaux a donc représenté pour lui un défi comparable à celui de Frodon, censé traverser l'intégralité de la Terre du Milieu pour aller jeter l'Anneau Unique dans les flammes de la Montagne du Destin.
"Tenir une lanterne dans les ténèbres."
Pour arriver au magistral résultat que nous connaissons, le maestro a donc étroitement collaboré avec Peter Jackson, en avançant progressivement dans le récit, à la manière de Tolkien :
"Nous prenions des parties de l'histoire, l'une après l'autre, et j'ai fait allusion aux archives de Tolkien parce que Tolkien lui-même écrivait l'histoire un pas après l'autre", expliquait ainsi Howard Shore il y a 4 ans dans le podcast Score.
"Nous avons fait la même chose. Je compare souvent cela au fait de tenir une lanterne dans les ténèbres, nous nous sommes perdus, je tenais la lanterne et je disais : 'Peter, c'est par là !' et puis c'était à son tour de tenir la lanterne et de me dire : 'Un peu plus à gauche !' Nous avons traversé l'histoire scène après scène de cette manière-là."
23 ans après la sortie du Seigneur des Anneaux, quel est votre musique préférée de la trilogie ?
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