Réalisé en 1956, L'Ultime razzia est le troisième long métrage réalisé par Stanley Kubrick après l'expérimental et très rare Fear and desire et Le Baiser du tueur. Déjà révélé au grand public par ce dernier, le réalisateur a assis sa réputation avec la construction narrative et la mise en scène inventives de L'Ultime razzia.
L'Ultime razzia est le premier long métrage de la carrière de Stanley Kubrick a être tourné avec des acteurs professionnels. Les syndicats en place à Hollywood ont par ailleurs interdit au réalisateur de cumuler les fonctions comme il l'avait fait sur Le Baiser du tueur. Stanley Kubrick s'est donc attaché à surveiller de très près le travail de son directeur de la photographie Lucien Ballard, ce qui n'a pas manqué de créer certaines tensions.
Le film est l'adaptation d'un roman de Lionel White, Clean break (paru dans la collection série noire, sous le titre En mangeant de l'herbe).
L'ultime razzia se veut un hommage au genre du film noir, très à la mode à cette époque à Hollywood. Deux des acteurs du film sont d'ailleurs des grands noms du noir : Sterling Hayden, dont le rôle se rapproche de celui qu'il tenait en 1950 dans Quand la ville dort, et Elisha Cook Jr. (Ne pour tuer, Le Grand Sommeil).
L'Ultime razzia marque la première collaboration de Stanley Kubrick avec le producteur James B. Harris. Ils feront ensuite deux autres films ensemble, Les Sentiers de la gloire (1957) et Lolita (1962).
Le budget de L'Ultime razzia s'est limité à 320 000 dollars, dont 120 000 assuré par James B. Harris, pour 24 jours de tournage. Stanley Kubrick a accepté de renoncer à son salaire de réalisateur en échange d'un pourcentage sur les recettes du film, qui ne furent pas très bonnes.
James B. Harris et Stanley Kubrick ont tout d'abord envisagé de tourner L'Ultime razzia à New York où ils vivaient tous les deux. N'ayant pas trouvé de décors satisfaisants, notamment un circuit automobile nécessaire à l'intrigue, les deux hommes décidèrent de filmer en Californie, sur un circuit de San Francisco.
Célébré par les critiques pour sa mise en scène inventive et la structure de son scénario – un compte à rebours rythmé par une voix-off- inhabituel, L'Ultime razzia a été influencé par le travail de ... Max Ophüls comme l'a avoué plus tard son metteur en scène, qui a déclaré s'être inspiré du cinéaste français notamment pour la fluidité de sa caméra. L'Ultime razzia a lui-même influencé d'autres oeuvres du septième art, comme L'Inconnu de Las Vegas dont l'intrigue est proche, ou encore les films de Quentin Tarantino.
Très marquants, les dialogues de L'Ultime razzia sont signés Jim Thompson, l'un des maîtres du roman noirs, dont plusieurs oeuvres ont été daptées au cinéma, comme Le Guet-apens de Sam Peckinpah ou Série noire d'Alain Corneau. Très admiratif de l'oeuvre de Thompson dont il ventait l'inventivité, Stanley Kubrick retravaillera avec son dialogiste sur Les Sentiers de la gloire en 1957.
Lors de sa sortie dans les salles américaines en juin 1956, L'Ultime razzia était proposé en deuxième partie d'une double séance, après Bandido caballero de Richard Fleischer.
L'Ultime razzia est la première collaboration de Stanley Kubrick avec Joe Turkel, qu'il retrouvera un an plus tard sur Les Sentiers de la gloire puis en 1980 pour Shining où le comédien interprète l'inquiétant barman de l'hôtel. Kubrick retravaillera par ailleurs avec Sterling Hayden sur Docteur Folamour et avec Timothy Carey sur Les Sentiers de la gloire.
A la direction artistique, on retrouve Ruth Sobotka, la deuxième femme du cinéaste. Ils divorceront peu de temps après.
Lors d'une scène située sur un hippodrome, un cheval en course est nommé Stanley K, allusion à peine cachée au metteur en scène de L'Ultime razzia.