« Au bout des doigts » a le don de ne réserver aucune surprise au spectateur, car tout est écrit et couru à l’avance et ce malgré l’intérêt évident de ce qui nous est proposé à l’écran avec ce que soulève tout l’aspect de la résilience !
Chaque personnage correspond à un cliché tellement évident, en le cultivant de plus à outrance, que l’on a le sentiment d’enfoncer des portes ouvertes à chaque étape de cette histoire, tant les rebondissements correspondent à ce que l’on avait prévu, avec la nette impression d’avoir vu ce scénario se décliner trop souvent !
Ceci est d’autant plus perceptible que même les acteurs n’ont pas l’air de vouloir nous étonner, étant tellement enfermés dans des rôles formatés, stéréotypés, qu’ils semblent presque dans une zone de confort leur faisant ainsi perdre ainsi toute émotion et toute crédibilité !
C’est tout de même dommage de ne pas s’être éloigné un minimum de ce type de schéma narratif, beaucoup trop évident et facile, en tombant dans des pièges aussi gros, vus et revus.
Bon nombre de films se sont intéressés à ce thème des talents méconnus, dénichés au cœur des banlieues ou ailleurs, avec plus ou moins de bonheur il est vrai, mais pourquoi toujours autant forcer le trait, quitte à à négliger pas mal d’incohérences, comme la mère de Mathieu, que ce directeur de conservatoire ne contactera jamais, sans aucune raison ?
Les acteurs sont évidemment à leur place, mais restent en surface sans que l’on ne présage rien de leur psychologie, de leurs sentiments, même en ce qui concerne le héros de l’histoire, Jules Benchetrit, trop prisonnier de son interprétation qui le bride en tant que jeune belliqueux et têtu...
Son histoire personnelle est à peine effleurée, de même que sa famille laissée dans l’ombre, alors qu’elle avait toute son importance pour comprendre sa vie et son quotidien.
Certains moments sortent pourtant du lot, en amenant enfin un peu de sincérité, de vérité, la musique envoûtante de Rachmaninov faisant le reste au son d’un piano véritablement enchanteur, afin de rendre ce film de Ludovic Bernard, pas trop déplaisant pour autant !
La fin attendue comme il se doit, est dans la lignée des « happy end in extremis » et nous fait forcément vibrer à l’unisson de ce fameux destin inespéré, il ne pouvait pas en être autrement bien sûr !