5 étoiles pour moi, non pas sur le principe d'être un chef-d'oeuvre, car il faudrait vraiment débarquer d'une autre planète pour parler de chef d'oeuvre concernant Street Trash, mais parce que c'est un film absolument mythique. Je me souviens l'avoir vu sur une cassette louée au vidéo-shop attitré de la famille, un samedi soir. Mon frère l'avait ramené, et nous n'avions aucune idée de ce qui nous attendait. Et pour une découverte, c'en a été une de taille !! Rien, dans ce film, n'est beau. On y parle d'une histoire de clodos vivant dans une décharge, de viol collectif, d'un meurtre sordide, de nécrophilie, de flic illettré ("I read as old people fuck!", confesse Bill-le-Flic en VO...), de chien homo, de voyeurs pourris, de voleurs en supermarché, de parrain de la mafia n'excédant pas la hauteur du caniveau, d'un vétéran du 'Nam qui vit avec un couteau taillé dans un fémur humain et qui urine sur ses victimes lorsqu'il les tue, d'un niveau de langage n'excédant pas la grande section de maternelle... la liste est longue comme le bras. Avec une description de cet acabit, c'est plutôt mal parti pour le film... Et pourtant, quelle oeuvre ! Tout est exagéré, forcé, le jeu des acteurs comme les scènes d'action ou encore les effets spéciaux, et c'est pour ça qu'on aime ce film : c'est un délire cinématographique en roue libre, sans la moindre contrainte ! Il est une pure ode à la liberté artistique, à un cinéma qu'on ne refera plus jamais. C'est un témoignage d'une époque à jamais perdue, celle des années 80s, où tout était encore possible sur pellicule. C'était avant le règne des requins de la finance et leurs exigences de cash-flow, avec leur conception du cinéma limitée à celle d'un simple produit commercial, calibré, sans surprise, sans risque, sans saveur, et leur besoin de rentabilité immédiate, leur absence totale d'empathie artistique avec le spectateur. Je ne crois pas une seule seconde qu'un film comme Street Trash puisse être tourné aujourd'hui. Il est totalement incorrect, visuellement, cinématographiquement, humainement, socialement, politiquement. C'est pour cela que je l'aime... pardon, que je l'adore !