Pour interpréter le Joker, Joaquin Phoenix a perdu du poids jusqu'à n'avoir plus que la peau sur les os. Il s'était déjà astreint à une telle discipline pour son rôle dans The Master de Paul Thomas Anderson. Pour le film de Todd Phillips, Phoenix a perdu 25 kilos ! "La première chose qu'il fallait faire, c’était la perte de poids. C’est par ça que j’ai démarré. Parce qu’en fait, ça affecte ta psychologie. Tu commences à devenir fou quand tu perds autant de poids en si peu de temps", confie le comédien.
Joaquin Phoenix ne pensait pas qu'il arriverait à trouver le rire du Joker. Il s'est entraîné seul mais a ensuite demandé à Todd Phillips de venir "auditionner" son rire. "Je pensais que j’avais besoin d’être capable de le faire sur commande, devant quelqu’un d’autre. C’était très inconfortable. Ça m’a pris très longtemps", révèle-t-il. Pour parvenir à créer ce rire, Phoenix a observé des personnes atteintes de désordres neurologiques : "J’ai regardé des vidéos de gens souffrant de rires pathologiques, un désordre neurologique qui provoque chez ces personnes un rire incontrôlable."
Pour créer le maquillage du Joker, l'équipe du film s'est inspirée du tueur en série John Wayne Gacy. Ce criminel se déguisait en Pogo le clown pour amuser les enfants dans les hôpitaux. Il a donc été surnommé "le clown tueur."
Joaquin Phoenix revient sur son choix d'accepter le rôle du Joker : "Comme toujours, je prends beaucoup de temps pour choisir un rôle. Ma façon de faire c'est évidemment de lire un scénario, rencontrer le réalisateur et continuer de rencontrer [Todd Phillips] pour discuter. Je le trouve impressionnant, il connaît bien cet univers et sait ce qu'il veut y raconter. (...) Cela me semble unique, c'est presque un monde à part qu'il a créé, et qui me fait très peur, quelque part. Il y a trois ou quatre ans, j'ai appelé mon agent pour lui demander pourquoi [les producteurs] ne prenaient pas un [personnage de comicbook] pour en faire un film à plus petit budget qui soit une étude de personnage, et pourquoi pas sur un super-vilain ? Je pensais que je ne pourrais pas faire le Joker car il avait déjà été fait, donc j'essayais de trouver d'autres personnages et [mon agent] a voulu organiser une rencontre avec les gens de Warner Bros ; j'ai dit que je ne pouvais pas aller à ce genre de rendez-vous... J'ai donc oublié [ce projet] jusqu'à ce que j'entende parler de cette idée [de film solo sur le Joker] qui m'a excité, ce qui est le genre de sensation que je veux avoir avec un film sur un personnage de comics."
Todd Phillips revendique plusieurs influences pour son Joker. Tout d'abord, Taxi Driver, Raging Bull et La Valse des pantins de Martin Scorsese. Le comic book The Killing Joke a aussi été une source d'inspiration pour le cinéaste, qui a préféré créer une histoire originale plutôt que d'adapter une BD DC Comics.
Dans le cadre de la promo de Joker, le réalisateur Todd Phillips s'est entretenu avec Vanity Fair, en compagnie de Joaquin Phoenix. Il a confié qu'il était difficile de faire des comédies aujourd'hui à Hollywood où l'industrie est plus sensible aux sujets de société, aux injustices et à l'oppression subie par les minorités. Il a poursuivi en expliquant son envie de réaliser Joker : "Essayez d'être drôle maintenant dans cette société éveillée et consciente. Il y a eu pléthore d'articles expliquant pourquoi les comédies ne fonctionnent plus – Je vais vous dire pourquoi, parce que tous les mecs vraiment drôles lâchent l'affaire par peur d'offenser les gens. C'est difficile de débattre avec 30 millions de personnes sur Twitter. C'est vraiment impossible, non ? Du coup, tu te dis 'J'arrête'. Je m'arrête, et vous savez quoi ? Toutes mes comédies ont un point commun – et je pense que c'est le cas de toutes les comédies – elles sont irrévérencieuses. Du coup, je me suis dit 'Comment faire un film irrévérencieux tout en emmerdant la comédie ? Je sais, prenons l'univers des comics et tordons lui le cou.' C'est comme ça que j'ai eu l'idée de faire le Joker."
Dans Joker, Robert De Niro interprète Murray Franklin, un animateur de télévision arrogant proche du personnage campé par Jerry Lewis dans La Valse des pantins de Martin Scorsese. Dans ce film, l'acteur interprète Rupert Pupkin, un comique raté qui kidnappe son idole, le célèbre présentateur d'un talk show. Cete fois, les rôles sont inversés ; Joaquin Phoenix campe le comédien loser face à De Niro en magnat du petit écran.
L'armée américaine et le FBI ont été très inquiets à mesure que la date de sortie du film Joker s'approchait. Ils craignaient un nouvel épisode de tuerie de masse au moment de la sortie du film, comme celle qui avait eu lieu dans une salle de cinéma à Aurora (Colorado), dans la nuit du 19 au 20 juillet 2012, pendant une première du film The Dark Knight Rises. James Eagan Holmes, 24 ans, avait alors tué 12 personnes et blessé cinquante-huit. L'armée américaine a confirmé avoir largement relayé un avertissement sur les réseaux sociaux, concernant une potentielle menace émanant de personnes se revendiquant membres de la communauté des Incels.
Sur Internet, ils sont plusieurs dizaines de milliers à avoir rejoint ces groupes d'Incels, dont le nom est la contraction de l’expression "involuntary celibate" ("célibataire involontaire"). L'armée américaine a été alertée par un bulletin émis par le FBI, qui ne précisait pas pour autant la forme spécifique de la menace. Dans un mémo séparé du mail d'avertissement interne, dévoilé lundi par de hauts responsables du service U.S. Army’s criminal investigation division, il est précisé que l'armée a obtenu des renseignements "crédibles" de la part des forces de polices du Texas. Des informations "en lien avec un Chat spécifique se trouvant sur le Dark Web, où était évoqué comme cible un film inconnu au moment de sa sortie". Dans le mail adressé à ses membres, l'armée US précise que les Incels "idolâtrent le personnage du Joker, le clown violent de la saga Batman. Ils admirent sa manière d'être; un homme prétendant être heureux mais qui doit aussi retourner les coups portés contre lui parce qu'il est persécuté et humilié."
Joker a remporté la récompense suprême, le Lion d'Or à Venise, fait rarissime dans le genre super-héroïque. Le film a même reçu une standing-ovation de huit minutes et les avis sur le film sont dithyrambiques. La porte est-elle ouverte pour les Oscars ? Une nomination de Joaquin Phoenix pour le meilleur acteur deviendrait la première pour une adaptation de comics après celle du meilleur second rôle pour Heath Ledger, déjà pour avoir joué le Joker.
Joker dure très exactement 2h02, générique de fin compris. Mais l'ensemble aurait pu être encore plus long : "Le premier montage du film durait 2h35", a révélé le réalisateur Todd Phillips lors d'un débat organisé à l'issue d'une avant-première à laquelle ComicBook.com assistait. Ce qui, en soi, n'est pas très surprenant dans la mesure où la durée de bon nombre de longs métrages se voit considérablement réduite en post-production, les premiers montages étant volontairement plus larges pour être élagués par la suite, à l'image de celui d'Avengers - L'Ère d'Ultron, qui atteignait les 3h30 et a perdu 69 minutes en cours de route. S'il a précisé qu'il y avait eu "tellement de coupes", Todd Phillips n'a pas expliqué les raisons de ses choix ni les parties de l'intrigue qu'il a raccourcies ou supprimées. Pas plus qu'il n'a été dit si les scènes seront visibles dans une édition DVD/Blu-Ray, sous forme de bonus ou dans une version longue.
Un affrontement entre le Joker de Joaquin Phoenix et le Batman de Robert Pattinson ? Dans un entretien accordé au site Variety, Todd Phillips a fermement écarté cette possibilité. "Non, ça n'arrivera définitivement pas", a déclaré le réalisateur de Joker quand on lui demande si un film les opposant pourrait voir le jour dans le futur Si ce crossover n'aura pas lieu, Todd Phillips n'écarte pas, pour autant, la possibilité d'autres apparitions du Joker au cinéma, le cinéaste ne voyant pas sa version comme la dernière à mettre en scène l'iconique bad-guy DC. "Etrangement, aux Etats-Unis, il semble que les comic books soient notre Shakespeare, et on peut faire énormément de versions d'Hamlet", déclare le cinéaste. "Il y aura beaucoup de Joker dans le futur, j'en suis certain."
Un petit détail est venu s'immiscer dans la première bande-annonce de Joker, au détour d'un petit plan furtif. Vers 1 minute et 45 secondes, on aperçoit le clown avec son nez rouge faire le zouave devant la grille d'une propriété. On le voit ensuite passer les mains à travers le portail et pincer les joues d'un petit garçon, lui dessinant un sourire sur le visage. Ce jeune homme n'est autre que Bruce Wayne enfant, incarné par le comédien Dante Pereira-Olson. Le "master Bruce" en herbe sera épaulé par un autre personnage déterminant de l'univers DC, le majordome Alfred Pennyworth. Il prendra ici les traits de Douglas Hodge, acteur britannique de 59 ans. (Ànoter que le fidèle complice de Batman a droit à sa propre série, Pennyworth, avec Jack Bannon dans le rôle-titre.) À noter que Dante Pereira-Olson, ironie du sort, a aussi incarné la version jeune de Joaquin Phoenix dans A Beautiful Day.
Joker de Todd Phillips officialisera le fait que les adaptations ne se situent plus dans le même univers partagé, et reviendra sur les origines de l'ennemi juré de Batman. Mais à sa façon, comme l'explique le réalisateur dans les pages du magazine Empire, qui consacre la couverture d'un de ses numéros à l'opus emmené par Joaquin Phoenix : "Nous n'avons absolument rien suivi des comic books, ce qui va rendre les gens fous", avoue le metteur en scène. "Nous avons écrit notre propre version de ce qui pourrait faire naître un type comme le Joker."
Selon le réalisateur Todd Phillips, il y a eu quelques tensions entre Joaquin Phoenix et Robert De Niro en amont du tournage de Joker. L'acteur fétiche de Scorsese souhaitait en effet faire une lecture du scénario avant le tournage, chose que Joaquin Phoenix déteste. Sous l'impulsion du cinéaste, l'interprète du Joker s'est tout de même prêté à l'exercice, sans y mettre du sien. Cela a beaucoup agacé De Niro, engendrant quelques explications un peu houleuses entre les deux stars. Au final, les acteurs ont gardé leurs distances pendant le tournage et ne se sont pas beaucoup parlés. Opposés dans le récit du film, ces tensions ont sans doute contribué à la crédibilité de leurs personnages. Vive l'actor's studio !
Même si Arthur Fleck est un artiste de stand-up raté, comme dans "The Killing Joke", le long métrage s'inspire pas de l'oeuvre d'Alan Moore et Brian Bolland. Ni même de "L'Homme qui rit" et des autres origin stories du clown prince du crime. "C'est ce que je trouvais intéressant", confie Todd Philips à ce sujet. "Nous ne faisons pas [un film] sur le Joker, nous racontons l'histoire de [quelqu'un] qui devient le Joker. Ce sera sur cet homme." Des propos qui traduisent une volonté d'approcher le récit avec un prisme d'auteur, et non en suivant les codes des blockbusters super-héroïques actuels, en signant davantage une exploration de la folie et un récit édifiant qu'un comic book movie classique.
Dans un entretien accordé à The Observer, l'acteur Brian Tyree Henry, qui figure au casting du long métrage (dans le rôle de Carl), explique en quoi le personnage incarné par Joaquin Phoenix sera différent des autres incarnations du bad-guy. "Je pense que ce sera très différent car il s'agit vraiment d'une origin story. Les grands méchants ne naissant jamais méchants, ils le deviennent", déclare Brian Tyree Henry, vu récemment au générique de Si Beale Street pouvait parler. "Il y a quelque chose qui se passe dans leur vie qui fait qu'ils perdent foi en l'humanité. Ils voient ses défauts et sentent qu'ils ont besoin de les corriger. C'est ce qui se passe avec le Joker : au début, on voit qu'il est vraiment une personne heureuse. Il essayait vraiment de trouver cet espoir en l'humanité avant que cela ne le brise et qu'il abandonne pour la remodeler à son goût."
Zazie Beetz (Deadpool 2), s'est laissée aller à quelques confidences plutôt étonnantes sur le tournage du Joker. À nos confrères de MTV News, elle a en effet indiqué que le scénario avait évolué au jour le jour... "Le scénario était génial. Il était réécrit pendant le tournage. Littéralement, on allait dans la loge [du réalisateur] Todd Phillips pour écrire la scène de la nuit à venir et on la tournait. (...) Le scénariste était là aussi. Il aidait. Et pendant qu'on était maquillé et coiffé, on apprenait ce texte et on les jouait. Il fallait tout faire dans l'instant car Joaquin Phoenix avait perdu beaucoup de poids pour le rôle et on ne pouvait pas se permettre de faire des reshoots plus tard. Donc on testait des choses. Mais Todd est très rapide, donc on avait toujours du temps en plus pour tenter des choses. Ce qui est bien."
Au départ, Alec Baldwin devait jouer le rôle de Thomas Wayne, père de Bruce. Le comédien a finalement renoncé pour conflit d'emploi du temps. Il a été remplacé par Brett Cullen.
Joker, comme Taxi Driver en son temps, fait polémique sur le degré de violence qu'il pourrait contenir. Selon Variety, des voix se sont élevées pour exprimer leur inquiétude sur le film avant sa sortie. Il s'agit des proches des victimes de la fusillade d'Aurora de 2012 lors de la projection de The Dark Knight Rises. Dans leur lettre adressée à Ann Sarnoff, PDG de Warner Bros., les familles et les amis des victimes demandent à la société de s'allier à Walmart et CVS : "Nous vous appelons à utiliser votre plateforme massive et votre influence afin de rejoindre notre combat pour établir des communautés plus sécurisées avec moins d'armes à feu. Nous vous interpellons afin de prendre part au groupe grandissant de chefs d'entreprise qui ont compris qu'ils avaient la responsabilité sociale de veiller à la sécurité de tous. Puisque le gouvernement fédéral n'a pas réussi à adopter des réformes qui rehausserait les critères des détenteurs d'armes à feu en Amérique, les grandes entreprises comme Warner Brothers ont la responsabilité d'agir. Nous espérons que vous irez dans ce sens."
Un représentant de Warner Bros. a répondu à la polémique sur la violence dans Joker : "La violence armée dans notre société est un problème critique et nous exprimons notre plus profonde sympathie à toutes les victimes et leurs familles touchées par ces tragédies. Notre entreprise fait depuis longtemps des dons aux victimes de violence, dont celles d'Aurora, et au cours des dernières semaines, notre société mère s'est associée à d'autres dirigeants d'entreprise pour interpeller les politiques et les presser de promulguer une législation bipartite afin de lutter contre cette épidémie. Warner Bros. pense que l'un des attraits de la narration est de provoquer des conversations difficiles sur des problématiques complexes. Mais ne vous y trompez pas : ni le personnage fictif du Joker, ni le film ne sont une approbation de la violence dans le monde réel. Ce n'est en aucun cas l'intention du film, des cinéastes ou du studio d'ériger ce personnage en héros."