« Everybody Knows » ou « Todos lo sabem », est bien loin du brillant « Le Passé » qu’avait réalisé Asghar Farhadi en 2013...
Ce qui surprend le plus et très vite ici, c’est ce scénario que semble avoir fabriqué de toutes pièces le réalisateur pour faire naître son intrigue et par là même mettre en place ce drame sur fond de thriller...
Pour essayer d’arriver aux mêmes valeurs, à ses même thèmes de prédilection, Asghar Farhadi s’emmêle les pinceaux en hésitant, en restant entre deux eaux, dans cette affaire de disparition qui dans ce contexte, sonne faux plus d’une fois.
En étant tous liés à cet événement difficile, les personnages se trouvent en roue libre et ne semblent plus être eux-mêmes, en étant ainsi privés de leurs propres émotions, jusqu’à devoir surjouer le plus souvent face à ce drame familial dans lequel chacun doit se situer...
Le réalisateur en centrant ainsi tous ses enjeux sur ce fait douloureux, crée des situations qui se veulent complexes au niveau des sentiments, mais qui restent à la fois terriblement superficielles et artificielles dans leur développement.
Le film s’étire ainsi beaucoup trop longtemps révélant au passage des incohérences énormes, voire impossibles et des réactions disproportionnées chez certains membres de cette famille...
Ce qui empêche en parallèle le spectateur de ressentir une véritable accroche, en le privant des véritables sensations que l’on attendait justement ici de pied ferme !
En effet quand Asghar Farhadi essaie de donner toute une dimension psychologique et une intensité dramatique à son film, tout se trouve aussitôt parasité par l’aspect totalement irréaliste et invraisemblable de ce qu’il nous montre à l’écran...
En effet, on est loin d’être convaincu par cette histoire où une enquête est censée faire remonter des secrets douloureux, et dont par conséquence, la sincérité et le naturel ne sautent pas aux yeux...
Et si le couple Bardem/Cruz est évidemment la vedette de ce film, ce tandem lui aussi ne convainc pas tout à fait, même si le mystère qui l’entoure est palpable (mais vite éventé !), sans rien révéler de bien transcendant...
Alors oui la jalousie, les rancœurs servent de toile de fond et c’est justement bien le problème, car ce ne sont ici le plus souvent que des accessoires au service d’un film qui ne sait qu’en faire !
Il reste cependant la belle photographie, l’ambiance bien agréable que dégage ce mariage, un genre de fresque familiale bien croquée, mais c’est vraiment trop peu...
Au contraire d’anciennes réalisations du cinéaste iranien, celle-ci souffre à mon avis d’un manque de limpidité évident, ce qui donnait justement et jusqu’ici toute la force à son cinéma !