Eric Khoo déclare au sujet de son film : "Les thèmes de l’acceptation, du pardon et de la réconciliation sont très présents dans le film. Je veux célébrer les relations, non seulement entre les êtres humains, mais aussi entre les êtres humains et la nourriture. La Saveur des ramen rappelle à tous que la cuisine, au-delà de notre besoin primaire de nous nourrir, nous réconforte et emplit nos âmes".
Fasciné par la nourriture, le réalisateur Eric Khoo considère qu'il s'agit du marqueur d'identité culturelle le plus fort après la langue : "J’ai le sentiment qu’on peut même aller plus loin et dire que l’alimentation définit qui nous sommes et comment nous vivons. En outre, je crois sincèrement que la cuisine permet de rassembler les gens en toute circonstance".
La Saveur des ramen est né de la proposition d'un producteur de célébrer les 50 ans de relations diplomatiques entre le Japon et Singapour. La cuisine est apparue à Eric Khoo comme le moyen le plus évident d'en parler. Lui et son équipe ont porté leur choix sur deux plats extrêmement populaires dans chacun de leur pays : le bak kut teh du côté de Singapour et les ramen chez les Japonais. À l'origine plébiscités par les ouvriers car peu chers et riches en protéines, ces deux plats ont depuis conquis les plus fins gourmets.
Si le Japon et Singapour entretiennent désormais de bonnes relations, de nombreux Singapouriens âgés peinent à oublier la souffrance endurée pendant l’occupation japonaise à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Le réalisateur explique : "C’est à partir de cette douleur que j’ai créé le personnage de Madame Lee. Au départ, nous avions peur que ce personnage fasse écho à des souvenirs trop négatifs pour les spectateurs. Cela fait plus de 70 ans que la guerre est terminée et la culture japonaise est désormais totalement acceptée à Singapour. [...] Le temps passe, mais la douleur provoquée par l’ancien conflit est toujours présente. On retrouve cette ambiguïté vis-à-vis de l’Histoire chez les personnages et dans leur cuisine".
Contrairement à la croyance populaire, les ramen sont en réalité originaires de Chine puis ont été apportés au Japon par des commerçants chinois à la fin du XIXe siècle. Jusqu’en 1950, les ramen étaient d’ailleurs appelés « shina soba », soit les « soba chinois ». Désormais, le terme « ramen » est le plus répandu. Il y a autant de recettes de ramen que de régions au Japon.
Le bak kut teh est une soupe de porc à la chinoise très populaire à Singapour. Il en existe deux variétés : le « teochew » est un bouillon de poivre et d’ail dans lequel le porc cuit de longues heures et le « hokkien » est un bouillon mijoté d’herbes et d’épices telles que l’ail, les clous de girofle, la cannelle, la coriandre et le fenouil. À Singapour, c’est le bak kut teh version « teochew » qui est le plus populaire.