Nobuhiro Suwa débute sa carrière au Japon dans le cinéma documentaire. En 1997, il fait ses débuts dans la fiction avec 2/Duo, sélectionné dans de nombreux festivals, notamment récompensé par le prix NETPAC au Festival International du Film de Rotterdam. Il met pour la première fois en scène la femme japonaise contemporaine dans M/Other. Ce second long-métrage, tourné en 1999, remporte le prix de la Critique internationale au 52ème Festival de Cannes. Au Japon, il est triplement récompensé à la 54ème édition du Concours Mainichi : meilleur film, meilleur scénario, meilleure musique. En 2001, H Story lui permet de revenir sur l’histoire de sa ville natale, Hiroshima, une oeuvre expérimentale fondée sur un remake de Hiroshima mon amour d’Alain Resnais.
Il y travaille avec une équipe française, dont Béatrice Dalle parmi les interprètes et Caroline Champetier à la lumière. Ce film hors normes est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2001. De plus en plus francophile (on lui doit un des segments de Paris, Je T’aime), Nobuhiro Suwa tourne, en français et à Paris, Un couple parfait (Prix spécial du jury à Locarno en 2005) avec Valeria Bruni-Tedeschi et Bruno Todeschini Pendant la phase de casting de ce film, il sympathise avec le comédien Hippolyte Girardot, auquel il propose de co-réaliser un long métrage. C’est ainsi que naît Yuki et Nina, délicatement filmé à hauteur d’enfant, présentée à la Quinzaine des Réalisateurs en 2009.
Le réalisateur japonais Nobuhiro Suwa a rencontre Jean-Pierre Léaud en 2012 au Festival de La Roche-sur-Yon. Une rétrospective de l'oeuvre du cinéaste était projeté en même temps qu'une rétrospective des films du comédien français.
"Il s’est intéressé à mes films et les a découverts. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il les voie, ça m’a réjoui. Jean-Pierre était depuis toujours un acteur très important pour moi, ce serait donc un mensonge si je disais que je n’avais jamais rêvé de travailler un jour avec lui, mais je ne pensais pas que cela pourrait se réaliser vraiment... Quand je l’ai vu, j’ai senti une puissante poésie cinématographique dans sa présence, dans sa façon d’être et de parler, ce qui m’a donné une forte envie de le filmer. À ce moment là, on a juste évoqué vaguement, l’idée de faire un film ensemble, mais rien n’était précis. Le point de départ, c’était le désir de capturer sa présence avec une caméra."
Le cinéaste Nobuhiro Suwa ne voulait pas faire un casting classique : "c’est-à-dire que je ne voulais pas caster des enfants comédiens, mais rencontrer des enfants qui pourraient être nos collaborateurs." Pendant la pré-production, l'équipe a donc eu l'idée d'organiser des ateliers du cinéma afin d’en rencontrer qui s’intéressent vraiment à la création audiovisuelle, pas mués par juste l’envie de jouer dans un film. "On est ainsi partis à la recherche d’un organisme d’accueil parallèlement au repérage. Et c’est à Grasse que l’on en a trouvé un. Une vingtaine d’enfants ont participé aux ateliers, et on a choisi ceux qui sont dans le film. Ca a été difficile de trancher, ils étaient tous formidables... J’aurais aimé les garder tous... ils ont fait beaucoup d’efforts pour interpréter leurs personnages de fiction, mais ce que j’adorais, c’était les voir simplement être là, avec toute leur spontanéité, leurs propres personnalités", se souvient le metteur en scène.
Le réalisateur Nobuhiro Suwa revient sur son choix d'engager Pauline Etienne pour interpréter le rôle de Juliette :
"Au départ du projet, j’avais une image en tête. Une image où Jean-Pierre Léaud était avec une femme. Et j’ai eu l’impression que cette femme était un fantôme, je ne saurais pas dire pourquoi... J’ai rencontré quelques actrices pour ce rôle. Elles étaient toutes très intéressantes. Mais avec Pauline Etienne, j’ai eu une forte intuition. Je me suis dit : « c’est elle ». C’est très difficile de l’expliquer avec des mots... Sa présence mêle une forte vivacité et une pureté qui sont très loin de l’image typique d’un fantôme. Et puis, ce qui est magique avec elle, c’est que lorsqu’on la contemple à côté de Jean-Pierre, on oublie complètement l’écart de leurs âges. Elle était formidable dès la première séquence. Malgré la complexité de son personnage, Pauline est parvenue à l’interpréter au plus juste", affirme le cinéaste japonais.
Pendant le développement du film, Nobuhiro Suwa a eu envie que Jean-Pierre Léaud chante dans le film. "Bien avant le tournage, quand il est venu au Japon pour la première fois, nous nous sommes vus à Kyoto. Je lui ai demandé s’il avait une chanson qui lui plaisait bien. Il a entonné la chanson du Lion est mort ce soir. Sa façon très originale de l’interpréter m’a beaucoup plu. J’ai aussi aimé le titre. J’ai eu l’impression que c’était en harmonie avec mon projet, ou plutôt, j’ai senti que ce serait un bon point de départ."