Des personnages en quête de sens et de liens
Lia, professeure à la retraite, s’est promis de retrouver Tekla, sa nièce disparue depuis trop longtemps. Cette quête la mène à Istanbul, ville de tous les possibles. Elle y rencontre Evrim, une avocate qui milite pour les droits des personnes trans, et Tekla lui semble alors de plus en plus proche.
Lia, incarnée avec talent par Mzia Arabuli, n’est pas seule dans sa recherche. Elle est accompagnée d’Achi, un jeune homme fantasque en quête d’évasion, joué avec justesse par Lucas Kankava. Enfin, Deniz Dumanli endosse quant à elle avec finesse le rôle d’Evrim.
Chacun de ces personnages incarne une forme de marginalité. Au fil de leurs échanges, ils réussissent ainsi à trouver un terrain commun dans leurs blessures et leurs espoirs. À travers ce trio, le film questionne la notion de famille : peut-elle se choisir et se reconstruire, même face aux préjugés et aux divisions générationnelles ?
Istanbul, une ville aux mille visages
Pour Levan Akin, le réalisateur, Istanbul est bien plus qu’un décor : c’est un personnage à part entière. La ville, vibrant entre modernité et traditions ancestrales, offre à Lia et Achi un espace où se perdre et se redéfinir pour enfin, peut-être, pouvoir mieux se retrouver. Les ruelles animées, les quartiers où tolérance et oppression cohabitent à quelques pas l’un de l’autre, incarnent à merveille les contradictions de ce monde en transition.
À travers une réalisation immersive, le cinéaste capte les petites solidarités du quotidien et les instants de grâce qui transforment ses personnages. Ce contraste entre beauté et tension reflète à la fois la dureté des combats sociétaux et la lumière que peuvent apporter les gestes d’humanité.
Inspiré d’une histoire vraie
Le scénario de Crossing Istanbul a pour point de départ un témoignage poignant que Levan Akin a découvert lors de ses recherches pour son précédent film, And Then We Danced. Le réalisateur raconte avoir rencontré le grand-père d’une jeune fille trans, qui, contre toute attente, l’a soutenue dans un contexte familial et social hostile.
Ce contraste entre les générations et la force de cet amour familial face aux préjugés l’ont profondément marqué. Dans ce nouveau long-métrage, il transpose cette histoire au cœur d’Istanbul, une ville qu’il connaît intimement, pour explorer les notions de solidarité, de résilience et de transformation personnelle.
Un film censuré en Géorgie pour des raisons politiques et sociétales
Si Crossing Istanbul a été acclamé à l’international, il a été interdit en Géorgie, son pays d’origine, en raison de la loi anti-LGBT+. Cette législation, qui reflète un conservatisme croissant, empêche toute représentation positive des personnes LGBTQIA+.
En s’attaquant à ces tabous, le film expose non seulement les discriminations systémiques, mais aussi les fractures idéologiques d’une société divisée entre traditions patriarcales et aspirations modernes. Cette censure renforce le message du film : un appel à la compréhension, à l’acceptation et au changement.
Aussi politique que poétique, Crossing Istanbul est à découvrir en salle dès maintenant.