À l'instar de The Lunchbox, Le Photographe met en scène des personnages qui prennent un nouveau départ ou du moins, portent un nouveau regard sur leur vie. Ritesh Batra confie : "Le Photographe est le récit de ces deux personnages qui s'extraient de leurs mondes et basculent dans le gouffre qui sépare les classes sociales en Inde. Grâce à cette histoire et à ces personnages, j'ai pu m'attacher à ces différences – et à l'humour, la tristesse, la dignité et la corruption qui les accompagnent".
Le Photographe marque le retour en Inde de Ritesh Batra qu'il a quittée pour réaliser Nos âmes la nuit et À l'heure des souvenirs.
Ritesh Batra s'est inspiré des productions musicales exubérantes de Bollywood et des comédies shakespeariennes pour écrire Le Photographe. Il revient sur ce qu'il appelle "les bluettes de Bollywood" des années 80 avec lesquelles il a grandi : "C’était toujours une vague adaptation de La Mégère apprivoisée. Il y en avait des centaines… Avec un pauvre type – ça pouvait être un garagiste – et une fille riche un peu irascible." Si auparavant, les femmes de ces films se contentaient d'être jolies, elles sont de nos jours plus indépendantes et fortes. Batra voulait faire un film dans cette veine, mais plutôt qu'un mélo typique, il s'est attaché à raconter une histoire bien réelle sur les habitants de Bombay d’aujourd’hui, qui "s’apparente davantage à un film d’auteur indépendant qu’à une fantaisie de Bollywood".
Ritesh Batra s'intéresse à la question du désir et à la manière dont les gens l'expriment. Selon lui, un désir pour un objet ou une personne inaccessible n'est pas forcément triste : "Désirer est un acte plein de vie et de vitalité, avec de la place pour l’humour, la tristesse et toutes les nuances entre les deux. Je ne sais pas si j’ai déjà croisé quelqu’un de vraiment seul, mais j’ai rencontré plein de gens qui désiraient toutes sortes de choses : le passé, des choses dont ils rêvent mais qu’ils n’ont jamais vues, des gens, ou la chose la plus anodine qui soit".
Pendant longtemps, la famille était la valeur la plus importante en Inde. Désormais, la notion d'individu prend de plus en plus de place et ce changement est l'un des principaux conflits de la vie indienne. "J’ai passé la moitié de ma vie aux États-Unis. Mais j’ai grandi en Inde et ça reste avec moi. C’est un véritable casse-tête quand j’y retourne : dois-je penser en tant qu’individu ou penser d’abord à la famille ?", s'interroge le réalisateur.