« Les Chatouilles », un titre gentil et anodin pour un film qui se résume en tous cas à un véritable coup de poing, à une déflagration extrêmement violente dont on sort assommé et bouleversé !
Ce témoignage sur cette enfance démolie, abusée, vécue par Andréa Bescond dont elle est elle-même l’actrice principale, nous prend aux tripes et nous laisse suspendu comme à un fil, à sa souffrance, sa douleur, son mal être comme jamais on ne pouvait l’imaginer !
Sa présence est d’une vérité criante et évidente et pour cause !
Tout dans ce film est intense, difficile, puissant, choquant et dérangeant, du jeu incroyable des acteurs et en particulier de cette petite victime, au montage et à la mise en scène elle-même !
En effet, si cette réalisation succède à la pièce de théâtre dont elle est issue, elle en reprend en partie les codes, en les mélangeant à ceux du cinéma, ce qui donne un impact terrible à tout ce que peut vivre et ressentir Odette dans son cauchemar au quotidien !
De passer à ces performances de danse, voire de véritable transe, à ces terribles moments répétés où le loup rôde autour de sa proie, en insistant sur cette thérapie à fleur de peau un peu particulière, et vice-versa, on rentre de plein fouet dans l’indescriptible, l’inqualifiable, c’est à dire l’horreur en direct !
En effet le rythme même du film, cet aspect saccadé, perturbé, en dent de scie, reflète incroyablement l’état psychologique d’Odette, enfant et soumise, puis devenue adulte, révoltée, exacerbée et perturbée...
Comme si ces procédés cinématographiques permettaient d’entrer on ne peut mieux dans le mental de cette petite fille, de cette femme brisée où tout se mélange, passé, présent, avenir devenant un véritable fouillis, avec cette impossibilité de pouvoir évidemment avancer droit devant !
De même que se mélangent en parallèle les notions de lieux ou d’espace, comme si ces souvenirs inaltérables surgissaient partout et à chaque instant dans un chaos le plus total...
On reste totalement inerte, paralysé face à cette vie détruite, broyée par ce prédateur sexuel au comportement de bon père de famille qu’interprète Pierre Delalongchamps, avec du reste un réalisme et une conviction qui font froid dans le dos...
Et ceci sans oublier Karin Viard, dans une composition extrêmement délicate, en mère au comportement hallucinant dans son déni, et même dans sa relation plutôt destructrice et complexe qu’elle entretient avec sa fille !
Franchement ce film fait très fort dans tout un tas de directions, et on reste bouche bée plus d’une fois, devant ces images, ces instants quasiment insoutenables !
Une réalisation de Andrea Bescaud sur un sujet particulièrement épineux qu’est la pédophilie et ses ravages, qui restera gravée dans nos mémoires à jamais !
Un grand bravo pour cette prouesse et ce témoignage nécessaire et indispensable même s’il est douloureux et difficile à appréhender...