Gros échec commercial, The White Dawn n'a quasiment pas bénéficié d'une sortie en salles. En France, il reste inédit à ce jour, y compris à la télévision. L'une des raisons en est peut-être le barrage linguistique et culturel. En effet, le réalisateur, Philip Kaufman, a remis en cause un des codes du cinéma hollywoodien qui veut que tout le monde parle anglais : dans le film, les Eskimos parlent dans leur propre langue, avec des sous-titres anglais.
Le peuple de la banquise n'a pas souvent eu les honneurs du cinéma. Pourtant, il est au centre d'un des premiers classiques du documentaire, Nanouk l'Esquimau (1922), pour les besoins duquel Robert Flaherty a passé quinze mois dans le Grand Nord. En 1933, W.S. Van Dyke, ancien collaborateur de Flaherty, réalise son propre documentaire, intitulé Eskimo, dans une veine poétique et rousseauiste. Citons également le film écologique méconnu de Nicholas Ray, Les Dents du diable, grâce auquel Anthony Quinn rajoute une nationalité à la longue liste de rôles qu'il a arborée durant sa carrière.
Par la suite, Philip Kaufman a de nouveau disséqué les conflits de culture : dans Soleil levant (1993), adapté d'un roman controversé de Michael Crichton, il mettait en scène la confrontation entre Japonais immigrés et Américains de souche. Au centre se débattaient deux policiers, l'un blanc (Sean Connery), l'autre noir (Wesley Snipes). Comme The White Dawn, le film suggérait la corruption d'une civilisation ancrée dans ses traditions par la décadence américaine et les tares du monde moderne.