Du réalisateur hongrois Kornél Mundruczó, on garde surtout en mémoire le grand film qu'était "Delta", sorti sur nos écrans en 2009. Ce réalisateur a en quelque sorte une carte d'abonnement au Festival de Cannes, "La lune de Jupiter", en compétition cette année, prenant la suite de ses 4 films précédents (dont "Delta"), tous présents à Cannes, en compétition ou dans la sélection Un Certain Regard.
Dans "La lune de Jupiter", on est très vite mis en contact avec un groupe de migrants tentant de s'introduire illégalement en Hongrie et qui est poursuivi par des policiers. Ces derniers n'hésitent pas à tirer et c'est ainsi que le jeune syrien Aryan reçoit une balle potentiellement mortelle. Sauf que, au lieu de mourir, Aryan se retrouve doté du pouvoir de léviter. Un pouvoir extraordinaire qui intéresse beaucoup le docteur Stern, un chirurgien cynique et désabusé qui, moyennant finance, aide des migrants à s'évader des camps où ils sont parqués.
Avec "La lune de Jupiter", Kornél Mundruczó, franchit un pas de plus vers le fantastique, chemin qu'il avait déjà amorcé avec "Tender son" et, surtout, "White dog", son film précédent, prix Un Certain Regard de Cannes 2014. Le réalisateur n'en oublie pas pour autant le côté social, la Hongrie de Viktor Orbán étant ce qui se fait de pire en Europe en matière de comportement par rapport aux migrants. Il faut d'ailleurs noter que, à l'origine, "La lune de Jupiter" devait raconter des événements se déroulant dans le futur et que c'est, malheureusement, la réalité qui, pendant le montage financier, a rattrapé la fiction.
On se doit bien sûr de remarquer 2 petits détails : tout d'abord, le fait qu'une des plus importants lunes de Jupiter a pour nom Europe. Ensuite, le médecin qui prend Aryan sous son aile a pour nom Stern, l'étoile en allemand. Pas besoin d'être grand clerc pour deviner que le film, en plus du fantastique et du social, abrite également un volet mystique avec Aryan en personnage quasiment christique et le docteur Stern en quête de rédemption.
Esthétiquement, le film est une très belle réussite, avec, en particulier, de magnifiques plans séquence lors des vols d'Aryan avec la caméra qui tourne autour de lui avec délicatesse. D'autant plus fort de la part de Kornél Mundruczó et de Marcell Rév, son Directeur de la photographie, que le film a été tourné en 35 mm, l'utilisation d'effets spéciaux numériques étant limité à un nombre limité de scènes.