Le roman, inspiré d'un fait-divers sinistre arrivé en 2012 à N-Y (une "nounou" dominicaine poignarde à mort deux enfants en bas âge dont elle s'occupait, sans raison apparente, avant de tenter de s'égorger), étonnant Prix Goncourt 2016, par la Marocaine Leïia Slimani, est un livre que de nombreux échos me présentaient sans aucun intérêt littéraire (son succès de librairie expliquant sans doute cela...), ou même romanesque. Bloquée par les "mouvements sociaux" côté transports franciliens, je me suis cependant résignée à aller en visionner l'adaptation cinématographique, près de chez moi, faute de mieux ! "Myriam" (Leïla Bekhti - égale à elle-même), entre baby blues tardif et vague bovarysme, recrute, pour lui permettre de reprendre sa tâche d'avocat mercenaire (et ainsi de quitter son univers "couches/siestes/parc", où elle déprime), de conserve avec son mari "Paul" (Antoine Reinartz - très mauvais), une autochtone quinquagénaire avec références, apparemment une perle rare (elle s'occupe avec dévouement du nourrisson, et l'aînée, 5 ans, l'adore - elle ne compte d'autre part pas ses heures, et fait même le ménage, quand ce n'est pas dans ses attributions !). Oui, mais... Il y a évidemment un gros "mais", si l'on considère ce qui se passe dans les dix dernières minutes de ce "Chanson douce".... Qui ne sera pourtant jamais amené avec cohérence, et un minimum de justifications, même suggérées, pointillées, ellipsées. Le roman était bâti sur une scène inaugurale tragique (le double assassinat - et la tentative de suicide de l'auteur), puis tout le reste du récit était en analepse (le "flash-back" du cinéma). La réalisatrice, ici, et son coscénariste, Jérémie Elkaïm, préfèrent narrer de manière linéaire, et chronologique, l'affaire - ce qui enlève sans doute toute possibilité de contextualiser l'indicible, d'en tenter une approche, au moins psychologique. On a donc surtout droit à une succession de saynètes domestiques, en général dans le huis clos d'un appartement exigu du 11e bobo (avec supplément "j'emmène ma bonne d'enfants au soleil" -
plus poulpes.
.)... et l'on doit se débrouiller pour imaginer "le pourquoi du comment"... Ce 2e "long" de Lucie Borleteau n'échappe à la pesanteur du plus profond ennui que grâce à Karin Viard ("Louise", la dingo). On en vient à imaginer, avec regret, ce qu'elle aurait pu faire d'un scénario tenant la route, sur un tel thème
(les affres d'une psychotique en mal de reconnaissance, et mère frustrée)
. 1 étoile - pour sa seule performance (à César).