N'ayant pas lu le roman de Leïla Slimani, je ne me prononcerai pas sur la fidélité avec laquelle Lucie Borleteau l'a adapté à l'écran. Le film est relativement court (1 H 40) et se laisse voir sans ennui, même si, objectivement, il faut bien reconnaître qu'il ne se passe pas grand-chose. Normal puisque l'on suit le quotidien routinier d'une nounou avec ses journées rythmées par les repas, les jeux, les devoirs et les sorties au parc. Pas vraiment grand spectacle. La nounou, c'est Louise. Interprétée par Karin Viard, Louise est embauchée par un jeune couple de parisiens pour s'occuper de leurs 2 enfants, Adam et Mila. Dévouée, impliquée, ne comptant pas ses heures, Louise est vite adoptée par les enfants et se rend tout aussi vite indispensable envers les parents. La perle. Pourtant, petit à petit, un malaise indicible monte face à cette nounou toute puissante dont les qualités initiales glissent vers d'inquiétants travers. Les passages à son domicile, dans son studio exigu, confirment les inquiétudes et dévoilent une personnalité psychotique dont le paroxysme est atteint avec la scène des poulpes. Sous influence, les enfants sont de plus en plus nerveux et perturbés. Les parents cauchemardent et, pressentant le danger, décident de changer de mode de garde… avant qu'il ne soit trop tard. Thriller psychologique à l'action lente, "Chanson douce" offre à Karin Viard un rôle dramatique à mille lieues des rigolotes fantasques qu'elle a souvent incarnées. Mais si la comédienne excelle dans les 2 registres, ici, je l'ai trouvée légèrement en-dessous, parfois à la limite de surjouer. Déception aussi pour Leïla Bekhti, beaucoup trop atone dans son interprétation quand la tension monte crescendo (
date de péremption des yaourts, l'anniversaire de princesse, violence de la réaction à la plage, la maîtresse qui alerte, la carcasse de poulet, les traces de morsures…
). La petite Assya Da Silva, qui interprète la fillette, est, elle, très prometteuse. Dans ce drame annoncé, face à l'accumulation de doutes et le dangereux faisceau de présomptions, on peut s'interroger sur l'inertie des parents malgré leur inquiétude. Le film s'achève sans tout dire ni tout montrer mais on comprend. Et quand on sait que le roman, et donc le film, sont tirés d'un fait divers, ça glace le sang…