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Fêtons le cinéma
711 abonnés
3 096 critiques
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3,5
Publiée le 24 décembre 2024
In den Gängen joue avec la polysémie du terme allemand « Gang », renvoyant à la vitesse, à la commission – dans le sens des courses que l’on fait – et aux allées, toutes les trois présentes dans le long métrage : en effet, la rapidité est de mise, mesurée en temps de travail qui, lui-même, est calculé à partir du contrat et vérifié lors des pointages ; elle s’applique dans le cadre d’un supermarché où les clients viennent acheter divers articles organisés dans des rayons que composent et rempotent les employés chargés de la manutention. Ces rappels définitionnels se confondent systématiquement au sein d’un scénario soucieux de nous immerger dans un microcosme peu investi par le cinéma : à la manière d’un documentaire, il suit le quotidien d’hommes et de femmes sinon invisibilisés qui font vivre une entreprise regardée comme une gigantesque usine broyant l’humain, ce qui n’est pas sans rappeler le roman Au Bonheur des dames (Émile Zola, 1883) ; pourtant, le choix de la fiction confère à l’ensemble une poésie inattendue qui conjure tout misérabilisme de propos. L’image récurrente du monte-charge que peine à manœuvrer Christian métaphorise, de façon filée, sa non-appartenance au monde du magasin et l’aborde comme témoin détenteur d’un point de vue étranger ; elle renvoie aussi à son incapacité à s’épanouir dans un endroit segmenté par les fonctions et les hiérarchies, par les horaires ainsi que, spatialement, par les allées qui séparent les travailleurs. Il faut alors converser au travers des rayons, écarter les produits qui les encombrent et obstruent la vision, sans que ces rapports occasionnels ne débouchent pourtant sur une relation véritable. Le destin tragique de Bruno fait planer les spectres de la solitude et de la mort qui rattrapent les individus une fois rentrés chez eux, confrontés à la vanité de leur condition : la journée à remplir pour autrui un espace physique, la nuit à constater le vide de leur intériorité. Dès lors, la fantaisie, qui émane de sursauts d’humanité et que revendique une mise en scène lumineuse mais pudique, redouble le réel, le colore et lui donne chair : « Wunder gibt es immer », dira le prochain long métrage du réalisation Thomas Stuber, Spuk unterm Riesenrad (2024). La magie d’une valse durant laquelle tous les espoirs sont permis. Un très beau film.
Une ambiance, une sobriété, un certain charme... La romance qui nait entre deux des protagonistes principaux est originale, voire un brin poétique. Mais ce film allemand ne fait que retranscrire l'embauche d'un jeune homme dans un entrepôt de marchandises, sans opter franchement pour l'humour, la romance ou le drame. Si bien qu'avec si peu d'événements, on a l'impression d'assister à la vie banale, ou à un film quelque peu terne, et sans réelles intentions ni message.
je ne peux pas comprendre les éloges faites à ce film d'un ennui puissance 1000 ! un film ? non ! un reportage qui n'aurait du durer que 15 mn ! 5 mn par personnage, et encore !!! le plus gros navet que j'ai vu de ma vie !
Certains critiques s'insurgent ici autour de moi: ce film est trop long, les personnages y manquent de dialogues, il ne s'y passe rien, ou presque.... Cette cohorte de critiques va en effet au cinéma pour y être distraits, enrichis, intrigués, amusés. Bref, charmés. Une valse dans les allées promettrait pourtant cela en préambule. Malgré un décor austère: une grande surface, la valse promise n'est pas que dans les va-et-vient des chariots élévateurs: on adhère aussitôt à la bande-son qui magnifie cette danse mécanique: le beau Danube Bleu, mais qui, à défaut de nous entrainer plus avant dans l'Odyssée de l'Espace, sert ici et plus prosaïquement à couvrir le bruit des machines ou des caisses de bière qui s'entrechoquent. Cela: pour notre plus grand confort auditif de fidèles des hypermarchés. D'ailleurs sur le site d' Allo ciné, comme sur une plate-forme de streaming, les films sont disposés comme autant d'articles de consommation sur un rayonnage. Chacun y choisit selon ses gouts, à la façon dont on choisit sa marque préférée parmi toutes ces bières disposées sur un rayonnage. Or, Une Valse dans les allées n'est pas un film pour consommateurs de films. C'est un documentaire sur le personnel de mise en rayon, ou mieux sur leur misère nécessaire au bonheur des clients. D'ailleurs, le miroir disposé à la sortie de leur salle de repos ne leur ment pas: c'est ainsi que nos clients vous voient. En effet, un personnel de mise en rayons ne possède pas de visage mais une blouse: c'est un robot dévoué au maniement de son transpalette. Le pari et la force de ce film est de redonner à tous ces esclaves un visage humain. Bien sûr, ça prend du temps. De notre temps si précieux de clients cinéphiles exigeants. Car cette magnifique œuvre cinématographique n'est en rien confortable. Le confort de son spectateur n'étant pas dans sa zone d'intérêt.
Une peinture sociale désenchantée mais peu palpitante, qui décrit avec grâce, humanité et tendresse le quotidien morose d’employés d’un supermarché de l’ex-Allemagne de l’Est, portée par un casting attachant.
Peu d'actions, peu de dialogues mais une présence extraordinaire des acteurs, servis par des plans exceptionnels. Très émouvant, profond et délicat. Merci !
Aller travailler pour gagner des sous. C'est le quotidien de tous. Mais y aller sans à côté ou pis, avec un chez soi chaotique, c'est la vie de beaucoup. Alors comment tenir ? Comment se contenter d'aligner les jours sans l'espoir de lendemain plus colorés ? Peut-on vivre sans amour, sans amitié, sans solidarité, sans mots, sans seconde chance ? On a le choix d'en décider.
14 089 abonnés
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3,5
Publiée le 17 mars 2022
Bienvenue dans la nuit! On n'est touchè par l'atmosphère de ce supermarchè et les personnages qui y sont dècrits! Pas de lumière du jour dans l'entrepôt, autant dire qu'on est de suite dans l'ambiance du film avec ces manutentionnaires, ces chariots èlevateurs et ces pauses-cafès! C'est si banal et minimaliste en même temps tout en èvoquant un univers entier derrière que l'on se sent comme attirè par tout ce que l'on voit! à l'ècran! Une « valse dans les allèes » pour Franz Rogowski et Sandra Hüller qui conviennent parfaitement aux rôles! Mais c'est le personnage mutique de Peter Kurth qui nous bouleverse! C'est un peu lui le coeur battant de cette oeuvre dure, mais empreinte de poèsie et de sincèritè! En somme un très beau film allemand qui donne un peu d'espoir et à travers duquel beaucoup se reconnaitront chez Christian, Marion et Bruno! C'est pas souvent gaie comme histoire mais toujours vraie et juste...
Mélancolique à souhait et d’une poésie désabusée, ce film retrace avec grâce, à travers les yeux de son héros principal, l’univers des ouvriers de l’ancienne Allemagne de l’Est dans un monde qui fait et défait l’individu. Malgré quelques longueurs, cette histoire est magnifiée par ses comédiens principaux, attachants et pathétiques à la fois. Le physique atypique de Franz Rogowski sert bien son personnage d’ancien délinquant, lunaire et borderline. Sandra Hüller est également émouvante en employée, maltraitée par son mari. C’est minimaliste, lent, glauque mais quasi-hypnotique. L'exploitation surprenante du décor que constitue un supermarché avec ses parties ouvertes au public et ses locaux techniques arrive à nous détourner du misérabilisme social ambiant sans pour autant nous le faire ignorer. Chapeau !
Très apprécié à la Berlinale où celui-ci a reçu un prix prestigieux, je ne serais probablement pas aussi enthousiaste, même si cette « Valse dans les allées » a indéniablement des atouts pour séduire. Elle sait d'ailleurs s'y prendre pour nous mettre tout de suite dans le bain, cette manière de présenter le lieu de l'action sans aucun commentaire, « uniquement » portée par le sublime spoiler: « Beau Danube bleu » , c'est vraiment une très belle idée, aussi délicieuse qu'aérienne. Le reste sera un peu plus terre-à-terre, donnant un peu trop souvent une impression télévisuelle, l'équilibre entre gravité des conditions de travail et légèreté de ton concernant l'histoire d'amour (du moins au début) n'étant pas toujours évident, même s'il tient en définitive pas mal la distance.
Ce qui m'agace un peu (et ce constat pourrait prendre en compte 80% des films actuels), c'est parfois cette incapacité à trancher dans le vif tant le résultat apparaît parfois longuet voire légèrement ennuyeux : je pense qu'il y avait moyen d'enlever vingt bonnes minutes sans aucun souci. Maintenant, il serait injuste d'écrire que le film n'est pas sans charme : ce ton décalé, collant bien à des personnages ayant parfois du mal à échanger, à se faire la place qu'ils souhaiteraient, joliment interprétés par le trio Franz Rogowski - Sandra Hüller - Peter Kurth.
Surtout, Thomas Stuber exploite merveilleusement son décor auquel on devient très rapidement familier, faisant de cette grande surface un protagoniste à part entière, semblant presque guider l'action de chacun et gardant, presque jusqu'au bout, une part de mystère. Pas d'extase pour une œuvre où je ne suis pas forcément le spectateur auquel on s'adresse en priorité, souffrant de quelques longueurs hélas très à la mode, mais se détournant d'un trop grand misérabilisme social sans pour autant l'ignorer : le faisant simplement avec plus d'habileté. Touchant, à défaut d'être enthousiasmant.
Belle idée que de réaliser un film presque intégralement dans les allées d'un supermarché/grossiste! Un microcosme au potentiel métaphorique indéniable avec la société de consommation en arrière-plan mais, surtout, la vie machinale de l'ouvrier à dépeindre, l'aliénation salariale à portée de caméra... Mais plutôt que de dénoncer, l'angle adopté est celui d'un jeune marginal dont l'intégration dans cet univers constitue un salut inespéré! L'ensemble se veut poétique malgré les préoccupations sociales, jamais esquivées! On traque donc avec entrain la beauté dans les allées, on souligne les sourires de cette classe ouvrière qui flirte dangereusement avec la misère sociale et affective et on oscille, en déséquilibre, constant entre un optimisme forcé et la dépression totale... Le rythme lent, les scènes répétitives et les tentatives pas toujours réussies d'insuffler de la poésie, finissent par laisser le spectateur dubitatif face à un objet, certes original, mais à l'équilibre précaire...
Chorégraphique et poétique, d'autres commentateurs l'ont soulignés ici. Une approche sociale humaine différente de la frontalité sincère d'un Loach, d'un Guédigian ou des Dardenne, plus dans les personnages. Je ne rejoins pas les comparaisons avec Aki Kaurismäki qui me semble plus dans le surréalisme et dans la cruauté de l'incommunicabilité. Un très beau film d'une grande sensibilité.
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1,5
Publiée le 26 janvier 2021
J'avais de grands espoirs pour Une valse dans les allées et il y a eu quelques moments drôles mais c'est surtout quand le directeur parle des rivalités entre les services. Sinon les dialogues sont très lent avec beaucoup d'espaces morts entre les phrases. Je n'arrivais pas à croire que la femme ait pu être attirée par un type aussi décevant. Il était clair qu'il avait des problèmes mentaux mais malgré cela je ne voyait pas comment ils auraient pu avoir une quelconque chimie. Le contexte était très sombre car ils passaient 90% de leur temps dans l'entrepôt ou le magasin. J'ai également trouvé étrange qu'il la suive chez elle et c'était assez effrayant. Le film est aussi trop long avec plus de deux heures il aurait pu être réduit d'une heure et aurait peut-être était mieux...