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    Mes Provinciales
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    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 23 avril 2018
    Comment dire: je comprendrais qu'on puisse détester ce film. Je prends l'option opposée, une magie s'opère dès les premières images, les premiers dialogues. Oui'on pense à Eustache, Truffaut, Chabrol 1ere manière. Mais qui a encore ces références en tête ? Le cinéma français peut encore produire cela, un film sur l'amour du cinéma, sur l'interrogation " le cinéma est il plus beau que la vie?", sur le renoncement ou pas à ses ambitions ? Les jeunes comédiens sont tous épatants, bouleversants. Film pour les amoureux du cinéma, j'en suis, je prends!!!
    lara cr28
    lara cr28

    75 abonnés 123 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 octobre 2019
    Etienne, provincial lyonnais monte à Paris pour réaliser son rêve, celui d'intégrer une grande école de cinéma, en commençant par Paris VIII. Ses relations avec les femmes s’inscrivent dans la tradition expérimentale du récit d’apprentissage- entre ruptures, flirts (très belle scène du baiser avec la superbe Valentina ) passion, désillusions-. Si le trio qu’il forme avec ses amis semble plus solide, il n’en est pas moins apaisé. La parole de Mathias ne se déploie que dans l’idéalisme, l’excès, le refus du moindre conformisme. Jean-Noël, amoureux silencieux d’Etienne est un compagnon arrangeant. Etienne, plus taiseux imprime cette nouvelle vie comme la pellicule. Il est à la fois dans l’histoire et en dehors par son détachement (que lui reprochera assez Lucie) qui lui permet de s’en affranchir en même temps qui la révèle. Les caractères s’affirment quand il est question d’évoquer le septième art, la poésie et la philosophie mais surtout quand il s’agit de juger les films des uns et des autres, petit trésor que chacun couve et fait murir de son côté. Le cinéma semble faire rempart contre le monde réel dont se revendique la courageuse Annabelle qui leur reproche de « faire des films ». Il ne sera jamais question d’examens, de réussite, c’est la vie étudiante filmée à sa sève dans une temporalité brouillée qui se lit en noir et blanc dans un Paris poétisé, parsemé de nobles références (parfois trop). On en perçoit tous les drames, les humeurs, la fragilité grâce à des dialogues très aboutis où le monde et l’histoire se refont au présent dans une chambre de colocation. Où l’ellipse de deux ans aura déjà imprimé sa cruelle marque du temps signant les années adolescentes du sceau du passé que viennent cruellement rappeler les dernières notes de Mahler.
    ANDRÉ T.
    ANDRÉ T.

    79 abonnés 484 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 avril 2018
    Je n'avais vu aucun des films de ce réalisateur; quelques particularités:
    - le choix du noir et blanc
    - musique de Bach ou Mahler, jouées de façon souvent minimaliste
    - Paris superbe et insolite

    Une sensation malgré cela de retrouver un cinéma "hors du temps"; cette période où ces jeunes "montés" de province, espèrent trouver leur place....
    Tout ça est exacerbé par le fait qu'ils "rêvent" de s'imposer dans une profession artistique.
    Du coup ce qui pourrait sembler très artificiel devient "grave" et c'est le questionnement de toute personne confrontée à la reconnaissance de son talent.
    Qui suis-je ? Ai-je du talent ? Ai-je confiance en moi ? Le doute ? La lucidité ? L'authenticité....

    Bref, cette période d'incertitude où on construit sa personnalité, moment de passage vers la vie adulte.....et qui peut durer toute une vie....
    Kikuchiyo-san
    Kikuchiyo-san

    41 abonnés 6 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 avril 2018
    L'un des premiers sommets de 2018 !

    Ce superbe récit sentimental pioche autant dans les grands écrits de Pascal ou Flaubert que chez Eustache ou Garrel. Civeyrac met en place un vrai beau groupe de personnages et nous donne l’impression de sortie de la salle en les ayant connus.

    A travers la quête autobiographique d’Etienne, pas particulièrement beau ni spécialement talentueux, Civeyrac semble soulever une question essentielle que se pose plus vivement encore l’artiste entre deux créations : comment vis-je ? qu’est-ce qui m’est important, vital? comment se laisser pénétrer par les choses, la vie, le monde ?
    Civeyrac formule cela magnifiquement : "La ferveur cinématographique dont parle le film est celle qui anime tous ceux pour qui faire des films est une quête existentielle."

    Cette superbe chronique autobiographique interrogeant amitié, amour, politique et cinéma questionne le besoin de vivre - mais comment? - pour créer - mais quoi ? Sans avoir l’air d’y toucher, Civeyrac transmet des questionnements profonds, universels et intemporels, en les actualisant dans notre présent tout en offrant à son film un écrin élégant et intemporel.

    Le film tire une grande beauté de l’unité de son regard, enrobant, bienveillant, aimant, sur ses personnages en quête de sens. Aucune « grande scène », la violence est maintenue hors-champ, celle du sort des réfugiés qu’aide Annabelle, celle du suicide de Mathis. Car l’enjeu est de sentir les remous du monde le disputer avec les aspirations, les passions et les contradictions chez chacun des personnages. Le film est politique au sens qu’expliquent Mathis ou Etienne plus tard : dans la tentative d’habiter ce monde avec justesse, vis-à-vis d’autrui et vis-à-vis de soi-même. Tout le monde est digne d’intérêt et chacun a ses raisons. Le film ne condamne personne, et surtout pas Mathis dont on suppose qu’il peut être un tyran dans le travail, un malhonnête dans l’amour et qui pourtant est le fantôme du dernier quart du film, l’ami aimé et disparu.

    Le film est politique aussi en ce qu’il offre à une génération qui se définit en premier lieu par le renoncement de ses parents une fresque sentimentale et une prise de pouls sociopolitique équivalente à La Maman et la Putain ou Les Amants réguliers.

    Belle réflexion aussi sur la marge de manœuvre politique : partout on aperçoit la fac des affiches de cycles dédiés au grand cinéma russe, au cinéma communiste, etc., comme pour mieux renvoyer la génération présente à son impuissance. Passionnant dialogue où Mathis critique les documentaires sur l’action politique comme des pubs capitalistes !

    La beauté du film, c’est de transmettre ce sentiment de trouver sa place après la considération posée et approfondie des choses, la constitution d’un espoir, d’une ambition, puis la conscience d’une limite.

    Civeyrac fait à la fois allusion à Rimbaud (Mes petites amoureuses) et Pascal : l’imposture, la pureté des intentions en conformité avec les actes, et le bon sens qu’il y a à ne plus s’illusionner sur ses propres capacités, artistiques et sentimentales.
    AZZZO
    AZZZO

    301 abonnés 808 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 24 avril 2018
    Quel ennui ! Ce film est insupportablement long et creux ! Pendant près de 2h20, on suit le jeune Etienne monté sur Paris pour faire ses études de cinéma et on écoute ses nouveaux amis disserter sur la vie, l'amour l'art et... le cinéma. Pauvre Etienne qui ne sait pas si tromper sa copine c'est mal, si bosser pour la télé c'est se compromettre et si on peut encore parler de "cinéma" après Tarkovski.
    C'est horriblement pompeux, pédant, filmé en noir et blanc, avec Bach et Mahler en fond musical et mixage des grands auteurs pour n'en sortir qu'une bouillie pseudo-philosophique qui ferait même vomir Paulo Coelho. Au lieu d'utiliser la parole de ses personnages pour cracher sur les cinéastes indignes (ceux qui ont eu du succès), le vaniteux Jean-Paul Civeyrac eut mieux fait de réaliser son chef d'oeuvre ! *

    *) Ben oui, moi-aussi je sais cracher, il n'est besoin d'aucun talent.
    Anton75
    Anton75

    25 abonnés 74 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 avril 2018
    Magistral ! On voudrait que ça ne finisse jamais... Magnifique ode à l'art, cri d'amour au cinéma, acte de foi en une jeunesse qu'on dit blasée ou paumée. C'est atemporel, simple, magique, envoutant, en un mot sublime. Un grand film.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 25 avril 2018
    Un film intelligent et émouvant, même si son esthétisme a quelque chose d’un peu facile : sans le noir et blanc, sans la lenteur du rythme, et sans la bande-son (Mahler, Bach), la poésie ressentie serait-elle vraiment encore là ? Un film assez nombriliste et élitiste aussi, parfois un peu pédant, qui ne pourra parler et plaire qu’à un public lettré et cultivé. En effet, il faut pouvoir comprendre et savourer les références à Pascal, Flaubert, Pasolini, Novalis, Nerval, etc., sans parler de celles à quantité de cinéastes, puisque le personnage principal (Étienne) fait un master de cinéma à l’université de Paris 8 et ne fréquente que le petit monde intellectualisant de la pseudo bohème estudiantine. Cet Étienne, jeune Lyonnais cherchant confusément à s’affranchir de ses racines modestes, figure d’ailleurs, sur un mode transposé, le réalisateur lui-même (J.-P. Civeyrac) au temps où la poursuite de ses rêves l'avait fait « monter à la capitale ». Quelle qu’en soit la part de peinture autobiographique, le portrait ainsi brossé s’avère très intéressant. C’est d’abord celui d’un être assez falot et effacé, miné par l’anxiété, complexé par ses origines, égocentrique par faiblesse, avide d’authenticité mais pataugeant dans la duplicité et la mauvaise foi, avec tout leur cortège névrotique de dénégations. Car si Étienne se plaît à croire qu’il est aussi épris de vérité que le Pascal des « Provinciales » en lutte contre l’hypocrisie jésuitique, cette identification n’est tout au plus qu’une parade psychique contre la veulerie qu’il sent en lui. Il s’imagine qu’il « aime » (Lucie, ses amis, le cinéma, etc.), mais dans les faits il veut avant tout « être aimé » et satisfaire son besoin narcissique de réassurance. N’ayant que peu de personnalité, il est aisément subjugué par le charisme de ceux qu’anime une conviction étincelante. Ainsi, il est fasciné par Mathias et ce qu’il représente (i.e., le rebelle solitaire, l’esthète flamboyant, l’idéaliste torturé, le pourfendeur intransigeant et arrogant de la médiocrité), mais il n’est pas capable de le suivre, et au bout du compte il se contente de le voir passer comme une étoile filante dans la nuit. De même, il est attiré par Annabelle et ce qu’elle représente (i.e., la militante exaltée, l’activiste passionnée, l’altruiste engagée, etc.), mais une distance infranchissable les sépare : elle est de ceux qui vivent et qui « y vont » ; il est de ceux qui « n’y vont pas » ou qu’à moitié, et qui pour l’essentiel demeurent, contemplatifs, sur le rivage de la vie. Quant à Jean-Nöel, l’ami modeste et bienveillant, figure humble de la sollicitude et du dévouement, n’est-il pas logique qu’Étienne, uniquement admiratif de ceux qui brillent ou qui dominent, finisse par le traiter inconsciemment avec condescendance et mépris ? Certes, Étienne souffre, mais vu que ses tourments (l’angoisse, la haine de soi, la culpabilité, le sentiment de ne pouvoir communiquer avec les autres) procèdent en grande partie de son aspiration à la grandeur et des désillusions qui vont avec, je crois qu’il ne peut guère gagner la sympathie du spectateur, mais qu’il éveille plutôt la compassion que l’on ressent face aux âmes égarées qui sont complices de leurs propres malheurs. À la fin du film, alors que la fenêtre ouverte de son appartement lui remémore la tentation de l’abîme – cette funèbre option qui seule préserve nos idéaux de toute corruption, ce dernier saut dans l’absolu par lequel un Mathias s’est libéré de la réalité et de ses déceptions –, Étienne comprend sans doute qu’il a choisi la vie, et donc les compromis…
    yeepee
    yeepee

    24 abonnés 61 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 25 avril 2018
    Ce qui m'attriste dans ce film, c'est de voir un réalisateur d'origine modeste, ouvrière, proche de la réalité du monde, être fasciné par le monde intello-artistique parisien au point de, sinon renier ses origines tout du moins perdre son rapport au réel pour tourner son regard vers son nombril et celui de beaux parleurs qui l'hypnotisent. Beaucoup de verbiage, un acteur principal aussi dynamique qu'une endive au four, portant sa mélancolie noire d'auteur maudit sur ses épaules... On se dit que tout ce qui est excessif est insignifiant et que quelques semaines dans les champs ou dans n'importe quel lieu qui travaille avec énergie et courage lui ferait du bien..
    Louis V
    Louis V

    29 abonnés 198 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 17 décembre 2018
    Ce film, étrange production dégueulasse et putassière montre bien qu'une frange du cinéma français est étrangement perdu, tout comme sa vision des étudiants. La rupture entre la jeunesse et les "gens biens", car ce film traite bien de paternalisme, est sordide, mais ne semble pas déranger le réalisateur, pour qui les personnages s'affirment progressivement jusqu'à en devenir des "gens biens". Le droit d'importuner, évidemment, s'affiche comme une valeur première et le personnage, qui n'a pas peur du ridicule, s'enfonce dans son idéologie.

    Bref, même les figures de pouvoir (prof) ont une vision qui, de manière transparente, révèle une volonté d'être plus peremptoire que pertinent, car la justification, au fond, n'est pas le fait des génies.
    fasskinder
    fasskinder

    27 abonnés 304 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 19 avril 2018
    Voici une caricature magnifique de jeunes artistes parigots torturés, aux phrasé pompeux, à la prise de tête permanente, en fait c'est une caricature du film germanopratin par excellence, qui te fait regretter d'être cinéphile, même !
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 18 avril 2018
    Un film qui cristallise un style vif et brute au cœur d’une narration lente d’un récit simple mais profond qui fait du bien.
    Un grand merci au grand Merci à Andranic Manet pour sa prestation qui nous laisse en apnée à tout le long de l’oeuvre. Wahou. Un césar pour ce jeune homme !
    Une jeunesse rêveuse, une caméra amoureuse, une armoire humide lilloise.
    Yves G.
    Yves G.

    1 454 abonnés 3 480 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 24 avril 2018
    La vingtaine, Étienne monte à Paris poursuivre ses études de cinéma. Il laisse derrière lui Lucie, sa petite amie, dont sa nouvelle vie va lentement mais sûrement l'éloigner. Il partage un appartement avec Valentina puis avec Annabelle, qui préfère aux bancs de l'université l'ambiance militante des luttes prolétariennes et dont il tombe amoureux. Il se fait des amis à Paris VIII, en classe de cinéma, Jean-Noël, un fidèle second, toujours de bonne humeur, et surtout Mathias qui embrasse une conception intransigeante de son art au risque de se mettre ses camarades à dos.

    Il existe une bonne demie-douzaine de raisons de détester ces "Provinciales". Son titre prétentieux, avec son adjectif possessif, singulier et narcissique, sa référence prétentieuse à Pascal (il y vilipendait les "petits arrangements" des Jésuites). Son noir et blanc chichiteux. Le jeu artificiel de ses acteurs qu'illustre par exemple une scène de classe aux dialogues trop lus. La vie oisive sans compas ni boussole de ses personnages. Leur manichéisme dans l'opposition entre William, qui ne jure que par Fincher et Verhoeven, et Mathias, qui se réclame de Murnau et de Ford.

    Mais, on pourrait aussi, pour les mêmes exactes raisons, y voir un des meilleurs films de l'année.
    "Mes Provinciales" n'emprunte pas seulement au titre de Pascal et à son sujet, mais aussi à cette faune de Parisiens que nous avons tous connus et dont nous avons parfois fait partie, d'autant plus "parisiens" qu'ils n'étaient pas nés dans la capitale, qu'ils venaient d'y "monter" et qu'ils étaient désireux d'en comprendre les codes et d'en adopter les tics.
    Un noir et blanc qui donne au film une patine intemporelle - même si l'actualité la plus récente est évoquée incidemment qu'il s'agisse de l'élection d'Emmanuel Macron ou des ZAD - et filme au plus près des visages encore adolescents d'une émouvante beauté.
    Une pléiade d'acteurs qu'on a déjà vus dans des petits films français et qui déploient, avec la grâce touchante de leurs vingt ans un jeu tout en nuance : Andranic (quel drôle de prénom) Manet, le double autobiographique du réalisateur, l'incandescente Sophie Verbeeck ("Le Collier rouge"), la fragile Diane Rouxel ("Les Garçons sauvages"), la mutine Jenna Thiam ("L'Indomptée"," L'Année prochaine"), Corentin Fila ("Quand on a 17 ans")...
    Des dialogues sans doute trop écrits, mais d'une rare profondeur, comme l'illustre précisément cette scène de classe où s'affrontent deux conceptions antinomiques du cinéma, l'une guidée par le plaisir qu'il doit donner au spectateur, l'autre campée sur l'intransigeance de sa seule pureté.
    Et enfin la vie tout simplement. Celle de ces jeunes adultes que nous avons tous été, au temps où l'horizon des possibles nous était infini, au temps où nous étions sur le point de réussir notre vie, au risque de la rater, avant tout bêtement que de la vivre.
    Agathe R.
    Agathe R.

    13 abonnés 83 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 1 mai 2018
    Nourri de références de par son sujet, le film« Les Provinciales » manque d’émotion. Un film intemporel où de jeunes provinciaux "montent à la capitale" pour son bouillonnement culturel même si l’actualité la plus récente est évoquée (élection d’Emmanuel Macron). Un film long, lent et quelque peu pompeux…
    Joce2012
    Joce2012

    203 abonnés 575 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 24 avril 2018
    Ce film m'a lassé c'est de la masturbation intellectuelle sans intérêt, de plus en noir et blanc pour quelqu'un qui se pose tant et tant de questions ça n'arrange pas les choses
    poet75
    poet75

    270 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 avril 2018
    Comparables au Lucien de Rubempré imaginé par Honoré de Balzac, la plupart sinon tous les protagonistes de ce superbe film sont des provinciaux montés à Paris (comme on dit) pour y faire des études et y concrétiser leurs rêves. Un commentaire entendu à la radio lors d’une des premières scènes nous divulgue une datation assez précise des événements puisqu’il y est question du « candidat » Emmanuel Macron. Cela étant dit, et même si les personnages communiquent beaucoup par l’entremise de smartphones ou d’ordinateurs, il se dégage du film, peut-être parce qu’il est tourné en noir et blanc, quelque chose de presque intemporel. Disons que chaque génération possède son lot de personnages semblables à ceux que met ici en scène Jean-Paul Civeyrac.
    L’un d’eux, d’emblée, se détache : il se prénomme Étienne (Andranic Manet) et a quitté Lyon pour entreprendre des études de cinéma à Paris-VIII. C’est sur son cheminement que se focalise le cinéaste. Le garçon fait la connaissance de Valentina (Jenna Thiam), sa colocataire, avec qui se noue assez rapidement un jeu de séduction, et surtout il rencontre d’autres étudiants tout aussi passionnés de cinéma que lui et, en particulier, Jean-Noël (Gonzague Van Bervesselès) et Mathias (Corentin Fila). Avec eux, et surtout avec ce dernier, les débats sont houleux. Fort de ses convictions, Mathias ne rate pas une occasion d’en faire état, quitte à critiquer sévèrement le travail des autres. Tout le film est imprégné de discussions et de controverses à propos de cinéma, mais aussi de points de vue sur l’actualité, sur la littérature, la musique, etc.
    Sans qu’on puisse le moins du monde le taxer ni de pédantisme ni de préciosité, le film multiplie les références à la littérature : à « Hurlevent des Monts » d’Emily Brontë dont Étienne offre en gage un exemplaire à Lucie (Diane Rouxel), sa petite amie de Lyon qu’il a laissée pour monter à Paris, à Gérard de Nerval, à Novalis et, surtout, à Blaise Pascal. Le titre même du film ne rappelle-t-il pas les lettres écrites par celui-ci en vue d’éreinter les Jésuites de son temps, fauteurs d’hypocrisie et de petits arrangements avec la morale ? Vérité et mensonge, loyauté et hypocrisie : ces thèmes irriguent tout le film. On les retrouve dans les jugements tranchés de Mathias, toujours prêt à dénoncer les compromissions, mais aussi et surtout dans les controverses passionnées qui opposent les férus de cinéma à Annabelle (Sophie Verbeeck), la nouvelle colocataire d’Étienne, activiste humanitaire, femme engagée sur le terrain, pour qui ne compte que l’action. Est-ce qu’un film peut changer quoi que ce soit à un monde en déroute ? Ne vaut-il pas mieux être résolument dans l’action plutôt que de se complaire dans des illusions artistiques ? Ces questions résonnent fortement sans, bien sûr, trouver leurs solutions. Étienne, quant à lui, qui se trouve toujours un peu en marge des débats, est bien obligé d’admettre ses petitesses lorsqu’il est question de ses rapports avec les femmes.
    Mais c’est surtout lorsque le parcours de Mathias prend une direction inattendue et tragique que l’on sent vaciller Étienne. Qui était-il, en vérité, ce Mathias qui semblait si solide, si sûr de ses convictions ? Connaît-on jamais vraiment autrui ? Ou ne se contente-t-on que des apparences ? « Le soleil noir de la mélancolie », qu’avait entrevu Nerval, darde ses sombres rayons sur le film, c’est vrai, mais sans vraiment l’écraser ni l’envahir. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne fait pas d’apprentissage sans passer par des épreuves et des remises en question. Étienne, lui, poursuit son chemin, concevant des films qui, peut-être, seront nourris de ce qu’il a expérimenté et de ce dont il a été témoin. Le film en mouvement de Jean-Paul Civeyrac, en tout cas, remarquable à tout point de vue, a sûrement été nourri, fortement nourri, de vécu.
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