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    Mes Provinciales
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    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 10 mai 2018
    J'ai aimé revoir mes provinciales.
    Ce deuxième regard, avec davantage de hauteur, et d'avance, était intéressant. Je n'ai pas ressenti la même chose à la fin​ du film​, ​lors de ce zoom ​final, ​lent​,​ ​au travers de la fenêtre ouverte donnant sur ​l​es toits du​ 14eme​ arrondissement de Paris​. J'ai vu davantage son bien-être en construction, un peu à l'image du paysage, avec grue​, murs, antennes et cheminées.​ ​J'ai perçu, dans cette vue aérienne, la hauteur qu'​Etienne​ prend dans sa vie. La première fois, j'avais e​u peur qu'il se ​défenestre​, en écho à celle de Mathias​ d'une part​, ​et aussi du fait de mon incertitude sur son état d'esprit. En effet, il y a cette ligne de crête sur laquelle on se promène tout au long du film, aux côtés d'Etienne, séparant deux abîmes. Lors de cette relecture, j'ai ​perçu ​Etienne davantage ​solide, en résonance avec ce paragraphe des lettres luthérienne de Pasolini, qu'il relit dans le plan précédent​. Jusqu'à la fin, Etienne doute, hésite, manque d'enthousiasme. Barbara​, depuis​ sa douche​, parle d'acheter un piano, de jouer à 4 mains à défaut de "bien" jouer​, en réponse à Étienne ayant argument​é​​ du manque de place et du fait qu'il ne jouait pas bien.

    ​Après la séance, ma fille n'était pas d'accord avec ​l'idée que ce film montrait la réalité telle qu'elle était. El​le​ disait que c'était plus ​dans un "​mektoub my love​"​ qu​e l'on filmait la vraie vie. S'en est suivi un long débat sur la beauté des acteurs, l​eurs beauté​s​ extérieure et intérieure. Les filles qui entourent Étienne sont chacune différentes et toutes de très belles personnes et bienveillantes à son égard. Les garçons sont plus complexes. Les êtres poussent Étienne à évoluer, chacun à leur façon. Ce qu'il fait d'ailleurs, de façon réaliste, en travaillant dans un job bien payé pas trop éloigné ​de sa passion (série TV), tout en écrivant son prochain long métrage sur lequel il travaille depuis 2 ans. Ainsi, il est en résonance avec Pasolini : il "continue simplement à être lui-même". ​Il a donc évolué, car à son entrée à la fac de cinéma, il déclare radicalement que "​les images et le cinéma sont des choses différentes​". ​Il est ​devenu comme un instrument avec une caisse de résonance : au delà de ses propres vibrations,​​ celle​s​ de ses cordes​ de vérité​, il capte aussi les vibrations qui l'entourent. Il rentre en résonance avec les êtres et l'environnement dans lequel il évolue. Se nourrir de soi, de ce que l'on est, avec détermination, avec consistance dans une sorte de discipline du "rester soi-même", tout en sachant ouvrir la fenêtre, laisser rentrer l'air frais​. Etre réceptif à la beauté des êtres, ​aux rencontres et ​aux opportunités qui se présentent à nous au cours de notre vie.
    Ainsi​,​ j'ai beaucoup aimé la dernière partie du film, ​​2 an​nées s'étant écoulées.​ ​E​tienne ​semble serein dans ​c​e café, prenant le temps, comme une éponge, de se connecter à son environnement, de regarder les êtres qui sont autour de lui. Ce n'est pas mélancolique comme ​au début de la quatrième partie ​"Le soleil noir de la mélancolie". Au contraire, Etienne semble avoir ses racines ​bien plantées dans la vie pour aller puiser les substrats dont il a besoin pour nourrir son film​, son existence​. ​Exister, sistere​ ex, trouver un sens à sa vie au dehors de soi et au travers de ce que l'on réalise.
    Dans cette dernière partie également il y a cette nouvelle rencontre avec Annabelle, la fille de feu, qui à l'instar de Mathias symbolise l'absolu​e​​ radicalité​, les certitudes. "As-tu déjà vu quelqu'un changer d'avis dans une discussion" dit Mathias en soirée, alors à quoi bon discuter... ​​C'est ​parce ​que ce sont deux êtres de lumière qu'Etienne tomb​e​ amoureux d'​eux​. ​Deux années plus tard, Annabelle est restée ​également ​consistante avec ce qu'elle est​, toujours militante. Elle le fait avec détermination mais aussi avec une forme de critique et de recul par rapport à ce qui s'est passé avec Mathias. Elle a l'air sereine et heureuse. Il se quittent d'ailleurs sans rien se promettre, sans échanger leur téléphone​ ou se donner rendez vous​, car ce n'est pas cela qui est important. Ce qui ​compte,​ c'est de voir que les êtres ont évolué et qu'ils sont bien dans leur vie, chacun creusant son sillon, certes différents et parallèles, mais ils partagent​,​ au-delà d'une histoire commune, une façon de vivre et d'être soi-même.
    L'échec de la relation entre Annabelle et Mathias est, je trouve, très signifiant également. Il faut un équilibre entre le ciel et la terre. Annabelle se dit terrienne, avec les pieds sur terre ​à l'image, dit-elle, de son nom de famille "LIT". Elle est donc proche d'Étienne ​en ce qu'elle est une terrienne rêveuse. Son côté terrien lui permet de combattre son manque de confiance en elle​, comme une scène dans un café l'évoque​ ​: elle ​s'effondre ​et avoue à Étienne que cette confiance qu'il a en elle la ​chamboule​, qu​'elle​ lui donne le sentiment d​'être​ une petite fille. On voit bien que quelque chose de dramatique et historique est à l'œuvre pour Annabelle.​ ​
    Ses deux pieds dans le réel et ses combats lui ​permettent de faire quelque chose de ce qui qui la dévore au fond d'elle, probablement une blessure ancienne.
    Quand Annabelle joue de son nom​,​ LIT, c'est en fait une anti allégorie métaphorique. Le lit symbolise le repos alors qu'en fait elle est en hyper effervescence​, ​dans un fracas continu ​​avec le monde. Mais elle le fait avec les pieds sur terre​,​ comme son lit.
    Trop rêveuse pour Mathias, leurs combats d'idéaux feront collapser leur histoire.
    Mathias et Annabelle symbolisent​,​ à des degrés différents​, ​l'engagement et ​la recherche ​d'absolu​. Étienne est attiré par cette ​lumière mais, à l'instar d'​Annabelle, il arrive à garder ​cette quête ​comme un phare, sans se fracasser comme​ le fera Mathias. Étienne et Annabelle y parviennent grâce aux êtres qui les entourent mais aussi grâce à ce qu'ils ​mènent​, un film pour Étienne et ​un combat pour ​Annabelle. ​Ils poursuivent chacun leur​ rêve ​en ​l'ancrant dans ​des action​s​, dans le réel.
    C'est en cela que je trouve que ce film ​nous montre la vie réel​le​ en refusant de nous livrer une vision mélancolique​​, esthète, intellectuelle ou manichéenne. ​Le choix de filmer avec des plans très serrés sur les visages et en noir et blanc participe à nous obliger à rester concentrer tout du long sur les êtres. ​
    J'aime ce film, les personnages, l'esprit​, l'invitation qu'il lance : comme les hommes des cavernes, ne peignons pas par ennui. ​Ne créons pas pour faire plaisir à un public,​ seulement,​ mais ​créons pour comprendre le monde qui nous entoure​, ​pour y apporter notre contribution​, pour nous découvrir​, pour exister.
    L​e film débute et se termine en plan serré sur Etienne. Le dernier plan est un zoom lent sur les toits d'un quartier "ni-ni" de paris, le 14ème. Zoom lent sur la cinquième symphonie de Mahler, sur l'adagio. L'histoire de cette symphonie fait écho à ce qui semble se tramer à ce moment dans la vie d'Etienne. L'ouverture de la 5ème symphonie de Mahler est une marche funèbre. Mahler l'a écrite alors qu'il est confronté à sa mort au cours d'une grave hémorragie. D'aucuns ont écrit que l'adagio est une lettre d'amour musicale à l'attention d'Alma Maria Schindler que Mahler rencontra et épousera durant l'écriture de cette symphonie. Leur passion contribua probablement à sauver Mahler et sera à l'origine d'une grande rupture dans sa vie artistique. Mais cette passion fut tumultueuse car Alma Schindler, de 19 ans plus jeune que Mahler, est belle, cultivée, courtisée mais aussi une séductrice de grands hommes. L'adagio peut se concevoir comme une étincelle de vie, une renaissance, un point d'inflexion vital au sein d'une symphonie qui symbolise la résilience de Mahler. Ainsi, ex-ister grâce aux êtres que l'on rencontre comporte son revers de médaille et sont lot de déconvenues et de souffrances. Tel est Etienne, à la fin du film, se situant à ce point d'inflexion, cheminant sur cette ligne de crête. Mes provinciales est une oeuvre en 4 actes, dont le dernier se termine à l'opposé de son titre "le soleil noir de la mélancolie". Il se termine dans une grande clarté, en gros plan sur le visage d'Etienne sur lequel on ne décèle aucune mélancolie, ​en alternance ​puis en finissant par un zoom lent sur les toits d'un Paris​ banal et​ en construction​.​ De bout en bout, en filmant serré sur Etienne puis en nous projetant sur les toits, Jean-Paul Civeyrac​ nous présente un miroir. Difficile de s'extirper de la peau, du coeur et de l'esprit d'Etienne,​ de Lyon à Paris et jusqu'à ce plan final à travers la fenêtre qui nous ramène en introspection. C'est alors que resurgissent les mots de Pasolini, qu'Etienne prend la précaution de nous remémorer pour la deuxième fois quelques minutes auparavant : "« Contre tout cela, vous ne devez rien faire d’autre, je crois, que de continuer simplement à être vous-mêmes : ce qui signifie être continuellement méconnaissables, oublier immédiatement les grands succès et continuer, imperturbable, obstiné, éternellement contraire à prétendre, à vouloir, à vous identifier avec ce qui est autre, à scandaliser, à blasphémer ».
    Contemplant les toits de Paris, Etienne ne semble ni heureux, ni malheureux. Tout au long de ce parcours initiatique, il a cheminé en évitant de sombrer dans l'utopie et la dépression de Mathias, tout en échappant à l'hyper rationalité et la banalité qu'incarnent Julie et ses parents. Il est acteur, ni immobile, ni hyper actif. Il est libre, grâce aux choix qu'il a réalisés, pars ses actes.
    ​Etienne ​semble ​bascule​r​, quand​,​ après l'annonce de la mort de Mathias, ​il ​rentre ​dans un long monologue avec son ​dernier colocataire, sourd et muet ​de langue française, ​mais pas du coeur. Ce dernier ​permet à Etienne, par son empathie, de ​comprendre ce qui est essentiel​ :​ À quoi sert de vivre​,​ à quoi bon cohabiter dans le monde avec les ​êtres et les ​choses​,​ si ce n'est pas pour les comprendre et accédez à eux ? Étienne se rend compte qu'il ne savait pas qui était Mathias. Il ne sait pas où il habite.​ Mais est-ce important ? La question ​se pose de savoir s'il faut tout savoir des êtres ​que l​'on aime​.​ La sincérité​,​ l'engagement​,​ l'honnêteté doivent-ils confiner à la totale transparence ?
    Valentina la première colocataire d'Étienne l'interpelle sur sa soi-disante fidélité à Lucie​,​ son premier amour. Valentina est une belle personne​,​ équilibrée​,​ elle démontre à Étienne que l'important n'est pas ​tant ​d'être honnête avec les autres ​que d'être honnête ​envers soi-même. Elle ​pousse ​la provocation jusqu'à ​prétendre ​qu'aimer deux femmes en même temps​,​ si chacune d'elle​s​ est heureuse​ et ignore la présence de l'autre,​ ne pose aucun problème. Jean-Paul Civeyrac​ nous tend à nouveau le miroir, car chacun​ trouvera ici une réflexion personnelle sur la cohérence de ses actes au regard de ses valeurs​ et sa morale​.
    D'une certaine façon tout au long du film la ​posture "sur le fil" d'Étienne nous incite à penser que l'on ne peut pas rester dans un entre​-​deux sur ces questions car, en référence à Sartre, "ne pas choisir c'est encore choisir."
    Sartre​, à propos de la liberté​, disait ​que “Seuls les actes décident de ce qu’on a voulu�​.​ Cette autre citation, “On peut toujours faire quelque chose de ce qu’on a fait de nous�​, illustre la position d'​Etienne ​qui ​remercie ses parents non pas pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils lui permettent d'accomplir, tout en mesurant ​ce qui les séparent, leur​s​ mode​s​ de vie, leur​s​ vision​s​ du monde, leurs attentes, leurs rêves.​ ​“Ne pas choisir, c’est encore choisir�​. La question du choix est présente tout ​au long du film​.​ ​Quand ​Etienne ​projette son film ​à Lucie ​afin de recueillir son avis, ce qu'elle fait, alors ​Etienne résiste aux arguments de Lucie, et dit ​"​je ne vais quand même pas tout couper​"​. Il est écartelé entre le changement pour un meilleur film et ne pas sacrifier ce qu'il a accompli. ​Au final, plus tard il n'aura pas de problème à décider de le jeter à la corbeille. ​Tout au long du film​ cette question du choix est évoquée au travers des discussions entre étudiants relatives ​a​u montage des films ​: faut-il attendre le montage pour définir le scénario​, ou​ faut-il ​avoir un scénario comme fil rouge au tournage ? La position d​e Jean-Paul Civeyrac​ semble clair​e​ sur ce point​ : si ​l'​on cherche à écrire l'histoire après avoir agi on se plante. ​Il l'exprime au travers de la mésaventure d'Eloïse​,​ pourtant​ élève​ cinéaste reconnu​e​​, qui plante son film après avoir décidé de se "laisser porter" au tournage, par ce qu'elle se "sentait libre". C'est également ce que Mathias ​dit, à propos de son film que l'on ne verra jamais, quand il dit qu'il verra bien ce qu'il fera au montage​, ce référant à un auteur qui prônait cette approche. ​Deux​ vision​s​ du monde s'opposent​,​ diriger o​u​ se laisser diriger par les événements.​ La liberté et le bonheur résident-ils dans l'absence de plan ? Jean-Paul Civeyrac semble nous indiquer qu'il faut avoir une intention ​avant d'agir​, qu'il faut mettre nos actes au service du scénario​.
    Si cela est vrai pour une oeuvre cinématographique, qu'en est-il de notre vie​ ? C'est ainsi qu'Etienne tâtonne, dans une quête de soi, ​obstiné comme Pasolini​ à rester lui-même, avançant pas à pas, dans ​le présent. Ce qui est vrai dans un film ne l'est pas à priori dans notre vie, au cours de laquelle il faut parfois se laisser aller aux rencontres, qui comme pour Mahler ou Etienne, peuvent être salvatrices et nous ouvrir des horizons. ​Mais cela sera au prix de souffrances de l'âme, de compromis, car, sans renoncer à nos rêves, ​il nous faudra parfois réaliser d'important sacrifices afin de survivre, d'exister.
    Laurent C.
    Laurent C.

    255 abonnés 1 133 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 20 mai 2018
    Ce n’est pas du Truffaut. Pourtant, ces gens-là ont la coupe des années 70 et ils parlent du cinéma comme l’auraient fait des Godard, Rivette, Resnais et autres créateurs de la Nouvelle Vague. Naturellement, cela se passe à Paris. Mais le Paris de provinciaux qui quittent leur antre familiale pour faire fortune, à la façon du fameux Rastignac de Balzac, prêt à tous les excès pour réussir sa vie. Cette fois, au lieu d’affaire, il s’agit de cinéma, avec en contre-bas, l’ombre de la faculté de Paris 8, comme un affront non dissimulé à la fameuse FEMIS.

    Qu’on ne s’y trompe pas. Le noir et blanc de façade ne doit pas faire oublier que le récit a lieu à notre époque. En témoignent les téléphones portables, les casques rivés aux oreilles des jeunes gens qui ne peuvent plus faire un geste sans s’enfermer dans leur musique téléchargée. En ce sens, en jouant sur l’ambiguïté des temporalités, Jean-Paul Civeyrac poursuit le vœu de l’universalité créatrice. On ne peut pas reprocher un tel dessein, sinon que le risque de la prétention et de l’orgueil est permanent. C’est même heureux, sinon anachronique, que de penser que la jeune génération se délecte de vieux films et de poésies ou de textes philosophiques qu’ils connaissent sur le bout du doigt. Cela relativise d’emblée la désillusion que l’affiche propose.

    Il est vrai que le scénario est très écrit. Les pages littéraires qui accompagnent les personnages et les scènes dotent le film d’un véritable pouvoir romanesque. On n’est pas loin d’un cinéma d’un certain Arnaud Despléchin du fait de la portée livresque du scénario. Néanmoins, le cinéma de Despléchin aime à se moquer de lui-même. Ici, il n’y a manifestement aucune auto-critique ou ironie. Cela a pour effet de rendre, sinon ennuyeux, en tous les cas très pompeux cette tranche de vies parisiennes.

    Enfin, « Mes provinciales » souffre d’un parisiano-centrisme. Certes, le cinéma est depuis longtemps à la mode de faire de Paris le centre de l’expression artistique et culturelle. Mais, à cela se rajoute, la complaisance des personnages à se regarder, à se plaindre, ou à se gargariser d’une vie qui serait impossible en dehors de la capitale. Bref « Mes provinciales » aura fait couler beaucoup de pellicules pour un résultat rempli d’orgueil et de monotonie.
    Jean-luc G
    Jean-luc G

    63 abonnés 769 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 16 mai 2018
    J'ai du mal à dire du mal d'un film qui se termine par l'adagietto de la symphorie 5 de Malher. Est-ce cela suffit à sauver un film? Probablement pas, car les arguments manquent dans ce cas pour en dire du bien. Apparemment, les protagonistes sont inspirés de souvenirs autobiographiques, Ceveyrac avait un besoin compréhensible de les porter à l'écran, mais que tout cela semble intello et parisien. La dernière image m'a fait soudainement penser à la fin du film de Pietrangeli "Je la connaissais bien", redécouvert il y a deux ans lors du festival Lumière. Une fenêtre ouverte, que faire de son destin? Lyonnais d'adoption, je crains d'oublier rapidement un film, rempli de bonnes intentions mais qui n'a pas de colonne vertébrale sur laquelle il pourrait s'appuyer. On est si loin de Visconti. Cinéma - mai 2018
    Top of the World
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    66 abonnés 153 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 11 avril 2019
    J'ai beau globalement apprécier le cinéma d'auteur français (catégorie certes très large et hétérogène), je n'ai guère goûter à ces Provinciales qui en constituent un peu une caricature. D'ailleurs, un des étudiants de cinéma représentés dans le film s'affirme comme un passionné de cinéma de genre en général et de cinéma "bis" italien des années 60-70 en particulier. La sanction de ses camarades (protagonistes du film) tombe alors : il n'est pas digne de faire du cinéma, ou celui auquel il aspire n'a rien de l'art véritable qu'ils défendent, eux pour qui même Fincher n'est au mieux qu'un bon faiseur. Mais à ce moment-là, on peut encore avoir la faiblesse de penser que Jean-Paul Civeyrac ne partage pas totalement le point de vue de ses héros, qu'il fait preuve de quelque distance à leur égard et que si eux jugent avec mépris leur camarade, lui se montre un peu plus ouvert d'esprit. Le verdict tombe plus tard dans le film : au cours d'une soirée étudiante, voici William, l'amateur de cinéma de genre, qui présente deux filles qu'il vient de rencontrer à un de ses amis. Vous devinez la suite ? Ce lourdaud, évidemment, confond le prénom de l'une avec celui de l'autre, le voilà donc définitivement discrédité. Pour Civeyrac, les vrais artistes dans l'âme écoutent Bach, jouent du Mahler (et jouent de malheur), récitent "El Desdichado" de Nerval et vénèrent Novalis et Pasolini. Beaucoup de citations, donc, et après tout pourquoi pas - chez Godard, c'est génial. Oui, mais chez Civeyrac, c'est très scolaire. Quand les personnages balancent de très belles phrases empruntées à d'illustres artistes, ils ont le bon goût de donner les références : mais ceci ne fait que les présenter comme pédants sans jamais stimuler de quelconques audaces formelles ou narratives (à la différence, donc, de Godard). On parle beaucoup d'art et de l'état du monde ici, et l'un des personnages fantasme "un cinéma capable de représenter la vie dans toute sa vérité et sa fraîcheur" (je cite de tête). Tiens, justement, un mois avant Mes Provinciales sortait Mektoub, my love de Kechiche, qui filmait lui aussi la jeunesse et prenait pour héros un aspirant artiste ayant du succès avec les filles, mais qui ne passait pas trois heures à dire quel cinéma il faudrait faire mais le faisait, ce cinéma incroyablement vivant et incarné. Parce qu'il faut bien dire qu'ici, les dialogues (ceux de Civeyrac, hein, pas ceux de Novalis) sont souvent plats et illustratifs et que les personnages ne font guère que représenter des stéréotypes usés jusqu'à la corde (le héros mélancolique au regard forcément ténébreux, son ami gay juste assez efféminé pour apporter une touche de fantaisie bienvenue - ou pas). Voilà, après ce démontage en règle, voici le moment de justifier ma note pas si mauvaise en mentionnant quelques qualités. D'abord, je ne me suis guère ennuyé au cours de ces 2 h 15, soit que mon propre côté "intello littéraire et cinéphile" m'ait inconsciemment fait prendre du plaisir à voir ce type de personnage ; ou que les évidentes maladresses du film aient retenu mon attention en suscitant énervement ou agacement (et non de l'indifférence) de ma part ; ou encore que le film soit suffisamment bien mené et raconté pour maintenir un intérêt constant (la vérité se situe sans doute quelque part entre ces trois hypothèses). Ensuite, quelques scènes s'avèrent vraiment réussies : le visage de Sophie Verbeeck somptueusement découpé par les contrastes du noir et blanc (par ailleurs ni beau ni laid) lors d'une scène de dispute avec le protagoniste, ou encore la très belle scène finale, qui parvient à faire quelque chose dont le film semblait incapable : surprendre. spoiler: Car au bout de ce long travelling qui part du visage de l'acteur principal (Andranic Manet) pour aboutir à une fenêtre ouverte, la tentation du suicide est ici finement suggérée et pas laborieusement expliquée ou montrée.
    Pour synthétiser le sentiment paradoxal que m'inspire ce film, j'écrirais qu'il aurait pu être excellent mais n'est finalement pas totalement raté.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 30 avril 2018
    Mauvais, me suis endormi, puis sorti bien avant la fin. Des clichés a la pelle, aucune trouvaille, lent...c'esr pas cool d'avoir entrainé de jeunes acteurs là dedans, et des spectateurs
    norman06
    norman06

    345 abonnés 1 663 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 18 avril 2018
    Intimiste et lyrique, forcément nourri de références de par son sujet, le film n’est pas sans évoquer le ton et la démarche de la Nouvelle Vague, tendance Truffaut ou Eustache. Sans valoir ces modèles, il n’en demeure pas moins attachant et subtil.
    chas
    chas

    37 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 avril 2018
    Mes provinciales. Jean-Paul Civeyrac.
    Un jeune lyonnais monte à Paris pour des études de cinéma.
    Journal d’un mou qui ne participe même pas tellement aux conversations au cours de soirées, voire en cours, passant quelques instants avec ses charmantes colocataires ou suivant d’autres étudiants aux personnalités plus affirmées.
    Un film de plus qui prétendrait saisir l’air du temps en évoquant ZAD et migrants tout en citant Pasolini, Novalis, Pascal, Nerval : bien plus que cela.
    Tendre, léger et grave, actuel et intemporel, littéraire et incarné, poétique et naturel.
    La mise en œuvre des préceptes cinématographiques discutés par les jeunes excellents acteurs est limpide et traite sur un ton nouveau de la légèreté, de l’ambition, de l’engagement, de la sincérité, de l’amour …
    Et Paris, même pour ma génération de pères qui ont laissé une planète ravagée à leurs enfants, est présenté comme le lieu de toutes les promesses, celui de l’éternelle jeunesse.
    Jrk N
    Jrk N

    38 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 4 mai 2018
    En mai 18, le général Civeyrac vient de passer la barrière posée par les blockbusters ineptes et les fausses traditions et apprend au monde que, après tant d'années, Rohmer, Truffaut, Eustache, Rivette ont un successeur.
    Un successeur à la fois humble, simple et fier qui poursuit leur but.
    Contrairement aux Cahiers, qui décidément enchaînent les malentendus, Mes Provinciales (Civeyrac, 18)suit un objectif d'une simplicité désarmante : le portrait de la jeunesse qui quitte la province, sans "Paris, à nous deux" mais avec simplement l'incertitude, la passion, l'idéalisme de ses 20 ans et se retrouve perdue dans des désastres qui la dépasse et enfin construit. Après des années de fouillis décousu allant dans tous les sens, le cinéma français retrouve ses racines, et enfin en noir et blanc, et enfin avec de vrais gros plans, enfin de jeunes acteurs bien dirigés bien photographiés, avec des dialogues intelligents écrits dans la langue d'aujourd'hui.
    Comme la vie le scénario enchaîne sans ordre bonheurs imprévus et désastres profonds, ruptures et rencontres, ratages et projets, incapacités et constructions, un film qui est comme la vie... enfin.
    Nicolas Bouchaud fait habilement le lien avec Rivette.
    J'ai pensé irrésistiblement au meilleur de Die Zweite Heimat (Bach fait le lien), troisième partie des cinq séries de Reitz, partie trop méconnue en France qui raconte un groupe de jeunes étudiants en musique à Munich dans les années 60. Il se trouve d'ailleurs que les deux acteurs principaux Andranic Manet et Gonzague Van Bervesselèsn font penser énormément à Henry Arnold (Hermann) et Daniel Smith (Juan) de la série Allemande et la sublime Sophie Veerbeck (cf la compagne anarchiste du héros dans Le Collier Rouge) à la superbe violoncelliste et chanteuse Salomé Kammer de Heimat (devenue d'ailleurs l'épouse de Reitz). Mes Provinciales m'a touché du même sceau que Zweite Heimat : celui de la profonde vérité de la jeunesse.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 18 avril 2018
    Il y a dans ce film en noir et blanc qui raconte la rencontre entre 3 étudiants en école de cinéma un parfum des films de Jean Eustache, Truffaut, Garrel et Rohmer (Ma nuit chez Maud).
    Les 3 personnages sont plein d’illusions mais aussi de désenchantement et sont bien le reflet de leur époque : l’entraide aux immigrants, l’homosexualité, la fidélité et l’infidélité, le rapport entre le cinéma et la vie etc.
    On sent une part d’autobiographie chez le réalisateur Jean Paul Civeyrac qui a dû vivre les mêmes parcours.
    Mention spéciale à l’acteur Gonzague Van Bervesselès
    FaRem
    FaRem

    8 598 abonnés 9 502 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 2 septembre 2019
    Avec "Mes provinciales", Jean-Paul Civeyrac change de style et propose un film peut-être un peu moins grand public que ce qu'il a l'habitude de faire même si je n'ai vu tous ses films, et ce changement est payant, car c'est un bon petit film. Il dresse le portrait de plusieurs cinéphiles et propose une réflexion sur la création. Ces jeunes cinéastes sont à Paris pour étudier et apprendre le cinéma, mais ils vont aussi beaucoup apprendre sur la vie. En gros, un film sur l'apprentissage de la vie qui passe par des expériences joyeuses, mais aussi douloureuses. L'histoire qui est probablement autobiographique ne comprend pas vraiment d'enjeux, on suit simplement les personnages et leur évolution sur une longue durée. Il est question de cinéma, bien entendu avec énormément de références, mais aussi d'amour, de politique et de philosophie. Le film est très bavard et ce n'est pas pour me déplaire, car les différents échanges sont très intéressants avec de nombreux points de vue qui se confrontent au cours de dialogues très profonds. C'est probablement le point fort de ce film qui est bien écrit et dont la réflexion sur les différents thèmes abordés est subtile. Le film est probablement un peu trop long avec quelques longueurs inutiles, mais dans l'ensemble, c'est un film qui se suit avec intérêt et que l'on prend plaisir à suivre.
    Hotinhere
    Hotinhere

    547 abonnés 4 950 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 28 février 2024
    Chronique attachante, élégante et bien écrite de jeunes étudiants en cinéma en quête de repères. Même si ça se la raconte bcp par moments !
    Gentilbordelais
    Gentilbordelais

    311 abonnés 2 960 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 21 septembre 2018
    sur un scénario sans véritable contenu, un film prétentieux, aux nombreux dialogues et scènes soporifiques! un terrible manque de dynamisme, d'énergie, de naturel dans le jeu, avec un A. Manet emprunté et déprimant... au final, on a la sensation désagréable, après avoir eu la patience de tenir sur la durée, de revenir à la case départ, sans avoir ressenti la moindre émotion!
    DarioFulci
    DarioFulci

    102 abonnés 1 412 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 27 mars 2020
    Un étudiant en école de cinéma. Ses idéaux, ses relations, Paris etc On saisit d'entrée de jeu les références Nouvelle Vague, le Noir et Blanc, l'école de cinéma, les digressions, l'amour, l'amitié, la vie qui nous tend les bras...
    Sauf que le scénario déploie tout une batterie d'arrogance très vite insupportable. Le héros est un intellectuel pédant et élitiste qui passe son temps à régler son compte au cinéma américain (forcément; David Fincher en prend pour son grade) et à mépriser ceux qui ne partagent pas sa condescendance artistique. Il est détestable.
    Jean-Paul Civeyrac avait manifestement des choses à dire et avait besoin de se défouler sur un monde du cinéma qu'il n'apprécie manifestement pas.
    Et bien qu'il reste dans sa bulle d'élitisme en fin de vie, on se passera de cette vision aigrie du cinéma.
    traversay1
    traversay1

    3 554 abonnés 4 847 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 1 mai 2018
    Il y autant de raisons d'aimer que de détester Mes provinciales. Le 9e film de Jean-Paul Civeyrac, après notamment le très beau Des filles en noir, puise en grande partie dans la vie d'un cinéaste et enseignant, à la recherche d'une certaine pureté et d'une exigence artistique, morale et esthétique incontestables. Dans ce récit balzacien, qui ne cherche en rien la modernité, on croule sous les références littéraires, musicales et cinématographiques. Mais ce n'est pas au détriment d'une narration plutôt classique, une histoire d'apprentissage en un temps, la jeunesse, où le champ des possibles s'ouvre de façon intimidante. Le personnage principal de Mes provinciales est un garçon irrésolu, pas spécialement charismatique, aussi peu assuré de ce qu'il veut faire de sa vie que de ses amours. Son manque de caractère pourrait plomber le film s'il n'était pas entouré de gens davantage dans l'action (artistique ou humanitaire) bien plus fascinants que ce personnage un peu falot et un brin agaçant. Tout en étant trop long et parfois démesurément contemplatif, Mes provinciales possède un charme désuet et universel, une tonalité mélancolique liée à un âge entre rébellion et soumission. Il est proche de la Nouvelle vague ou du Free Cinema dans l'esprit tout en ayant sa propre personnalité. A sa façon, parfois assourdie, il ne manque ni de lyrisme ni de romantisme et en cela il est foncièrement touchant.
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    167 abonnés 531 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 8 février 2019
    La peur de se voir embarqué dans une expérience parisiano-prétentieuse laisse assez rapidement place au plaisir authentique de suivre les divers personnages de cette histoire tant Nouvelle Vague que Garrelienne. Curieusement, c'est surtout le personnage secondaire de Jean-Noël qui rend les 2/3 du film vraiment vivant : le comédien mais peut-être aussi le rôle lui-même sont suffisamment bons pour cela. L'Antinous qui est au centre du récit est beau comme un dieu, mais il n'évolue pas vraiment. Les personnages féminins sont pour beaucoup admirables ; dommage que les femmes ne soient pas plus au centre d'ailleurs, peut-être pour la prochaine fois... En un mot, cette chronique estudiantine en mode roman d'initiation est une belle expérience, bien servie par son scénario, ses comédiens et sa photographie noir & blanc. Le plan final ouvre des perspectives quasi-métaphysiques...
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