Qu'est-ce-que je peux aimer ce genre de film ! Une femme qui ère pendant deux heures dans les rues de Madrid en faisant des rencontres avec en prime une atmosphère chaude et étouffante... C'est l'été !
J'adore les films d'été où les gens sont oisifs (on se demande de quoi ils vivent ces bourgeois !), on se croirait limite chez Rohmer, on parle du sentiment amoureux, on se laisse séduire... Tout ça est juste divin.
Eva en août ne s’embarrasse pas d'une intrigue mais a en toile de fond une idée effrayante, celle du temps qui passe. Eva n'a pas encore 33 ans, elle est encore jeune et belle, mais elle le temps passe malgré tout et il commence dans sa tête à y avoir une urgence... une urgence qui animer pas mal de ses choix... celle d'avoir un enfant. Disons que ce thème pourrait sembler limite accessoire dans le film, mais j'y vois un beau memento mori, oui elle est belle, oui elle s'amuse, oui elle fait de belles rencontres, oui il faut profiter parce qu'une fois qu'on a un gosse c'est plus pareil, mais on ne peut pas aller contre le temps. Je trouve que c'est cette mini dimension tragique planant au-dessus du film qui lui permet de ne pas être qu'une suite de marivaudages (très réussis au demeurant).
Ce que j'aime c'est que c'est traité assez subtilement, elle en discute une fois avec une amie et puis on voit que ça la travaille, qu'elle y pense et ça a un côté véritablement touchant. Mais ce qui est bien c'est que c'est juste une des idées qui anime Eva, on n'est pas là face à un mélo où une femme voudrait absolument un enfant... C'est juste une femme qui fait des rencontres et qui au fil de ses rencontres se retrouve à y penser.
Il y a dans ce film cette dichotomie l’insouciance de l'été et le temps inéluctable qui nous rattrape. En fait j'ai retrouvé ce que j'aime personnellement dans l'été, la chaleur, voir de nouvelles personnes en vacances avec toujours cette idée en tête que tout ça va s'arrêter bien vite dès que le mois de septembre va pointer le bout de son nez. Si le film est très doux, les personnages ne se disputent pas, ils sont de bonne humeur, ils n'ont pas vraiment de problèmes, il y a malgré tout cette pointe d'amertume qui fait tout et qui permet à la douceur de n'être que plus savoureuse.
Et puis comment parler du film sans parler de l'actrice principale : Itsaso Arana, absolument parfaite, elle est Eva, on croit à sa pudeur, à son désir, à ses petits moments de malaise lorsqu'elle rencontre un mec qui semble être son ex... Elle porte le film et elle est fabuleuse. Du peu de films vus et sortis cette année, c'est clairement la meilleure en 2020.
Clairement c'est un film à voir pour tous ceux qui aiment l'été ou le cinéma (voire les deux).