En plus d'incarner Black Adam, Dwayne Johnson produit le long-métrage via sa société Seven Bucks. L'acteur, qui interprète pour la première fois un super-héros, a grandi avec les comics consacrés au personnage. "Je suis attiré par Black Adam, parce que c’est l'un des rares super-héros, ou super-méchants et anti-héros – selon le point de vue qu’on porte sur lui –, qui avait la peau foncée et me ressemblait. En outre, c'était vraiment un dur à cuire". Il lui a fallu dix ans pour que le projet se concrétise.
Créé en 1945 par Otto Binder et C.C. Beck, Black Adam a été conçu comme une version maléfique du super-héros Shazam. C'est l'ambiguïté du personnage qui a séduit aussi bien Dwayne Johnson que le réalisateur Jaume Collet-Serra. Ce dernier explique : "Je suis séduit par les personnages qui sont à la lisière du bien et du mal – et j'ai immédiatement compris que ce personnage ressemblait beaucoup à ceux qui, lorsque le système ne fonctionne plus, sont capables de réparer les injustices, là où d'autres avant eux avaient échoué". L'un des aspects les plus intéressants de Black Adam selon lui, c’est le questionnement sur la nature du héros et le dépositaire légitime de la justice. "Je ne dirais pas que les valeurs morales de Black Adam soient discutables, mais elles ne sont peut-être plus adaptées à notre époque. Il s'agit là d'un gars pragmatique, qui fait les choses à sa manière en fonction de sa propre conception de la justice".
Le film marque la première incursion de Black Adam au cinéma. Dwayne Johnson est fier de porter un projet inédit : "Il est très rare de pouvoir introduire un personnage radicalement nouveau dans le monde des super-héros et c'est exactement ce qu'on a fait avec Black Adam. Quand j'affirme ‘La hiérarchie des pouvoirs dans l'univers DC va changer’, c'est très audacieux mais je le dis avec tout le respect que je dois à cette mythologie."
Cette incarnation de la mythologie de Black Adam n'est pas une adaptation directe d'un album, et le scénario ne reprend aucune des intrigues déjà connues, mais le film fait néanmoins référence à des éléments de The Dark Age (The New 52) ainsi qu’au dernier Hawkman. Les personnages et le monde de Kahndaq, ainsi que les nombreux albums où figurent à la fois la Justice Society et Black Adam ont été des sources d'inspiration pour le film.
Comme la plupart des super-costumes, la combinaison de Dwayne Johnson devait être rembourrée de façon stratégique pour mettre en valeur la musculature de l’acteur et créer une silhouette optimisée de super-héros. Mais l'acteur, qui a commencé à se préparer intensément près d’un an avant le tournage, n'avait besoin en réalité d'aucun rembourrage ! Il n'a pas hésité à partager sur les réseaux sociaux auprès de ses millions d'abonnés son programme de fitness précisément adapté, son entraînement physique, sa prise de muscles et son régime nutritionnel.
Les chefs-costumiers Kurt et Bart n'avaient jamais vu ça : "C’est la toute première fois qu’on rencontre quelqu’un avec un vrai corps de super-héros. Personne n’a un physique comme le sien. Personne, excepté Dwayne Johnson. Le vrai défi a été de savoir comment donner de l’allure à la tenue : comment créer une matière si fine qu'on puisse percevoir tous les détails de sa musculature ?"
"On s’est vraiment appuyés sur ce postulat de départ pour imaginer la combinaison. Plusieurs éléments du costume, comme le mythique éclair, sont des clins d’œil à son parcours et à son évolution d’esclave à champion, puis de champion à super-héros. Cela nous tenait à cœur", racontent les chefs costumiers Kurt and Bart.
Au cours de leurs recherches, ils se sont rendus au Metropolitan Museum of Art de New York, dans les collections d’art du Proche-Orient et d’Assyrie, afin de trouver des idées pour la scène de flash-back du Kahndaq. Lors de leur visite, l’élément inattendu qui les a clairement marqués a été la manière dont les divinités et les rois étaient représentés dans l’art antique : ils ont découvert que l’iconographie et les textes se juxtaposaient pour raconter cette histoire. Une trouvaille qui s’est avérée être une source-clé pour le style du super-costume de Black Adam. "On s’est tout de suite demandé comment intégrer ce texte à la tenue de Black Adam pour enrichir son histoire. C’était une manière d’ajouter de la texture au tissu, mais surtout, de contribuer à raconter son histoire. Tom Meyer et les graphistes ont inventé leur propre langue ancienne, similaire à l’écriture cunéiforme. On s’est alors mis à l’incorporer à la combinaison et au dessin des bottes."
Pour représenter Docteur Fate (joué par Pierce Brosnan) lorsqu'il est en combinaison, la production a convenu très en amont que la meilleure manière de le présenter était d’en faire un personnage entièrement en images de synthèse, notamment parce qu’il est souvent en train de léviter ou de flotter, et que sa cape produit des reflets et renvoie des images du futur. Les chefs-costumiers Kurt and Bart ont dessiné le costume mais il n'existe que sous forme infographique, à part le casque doré qui a été fabriqué en dur car le personnage l’a toujours à portée de main. Le casque a pour particularité d'être asymétrique et de ne pas avoir d'ouverture pour les yeux. Si jouer en motion capture n'a pas été difficile pour Pierce Brosnan, porter le casque était en revanche comme "porter un seau renversé sur la tête : c’est simplement le noir complet là-dessous."
Quintessa Swindell, qui campe Cyclone, a travaillé avec une coach à Los Angeles pour gagner en souplesse, en pratiquant notamment la capoeira. L'actrice s'est surtout inspirée de Loïe Fuller, l'une des pionnières de la danse moderne dont le parcours a été relaté dans le film La Danseuse. "Elle tournait en faisant bouger son costume, ce qui créait une très belle gestuelle rappelant les mouvements d’un papillon, avec des éclairs de couleurs. Elle a été une source d'inspiration majeure et m'a donné l'idée des déplacements de Cyclone." La comédienne a aussi puisé chez le danseur et chorégraphe Alvin Ailey et des formes traditionnelles de combat comme le Wushu.
Le Kahndaq est un empire fictif du Moyen-Orient vieux de 5000 ans. Il a fallu que l'équipe imagine tout un pays qui puise ses racines dans une longue et riche histoire bâtie par les générations successives. Dès 2019, le superviseur effets visuels Bill Westenhofer et le chef-décorateur Tom Meyer ont commencé à imaginer l'univers de Black Adam. Il s'agissait de façonner un univers totalement inédit, comme le rappelle Jaume Collet-Serra : "on se retrouve ensuite 5000 ans plus tard, dans le Kahndaq contemporain, où la grandeur passée est encore visible à travers les vestiges. Le Kahndaq actuel a été occupé à plusieurs reprises au fil des siècles, par toutes sortes d’envahisseurs en quête d’Eternium. On a voulu faire en sorte que ce paysage soit singulier et qu’il soit nourri d’inspirations diverses et variées, empruntées aux quatre coins du monde, pas seulement issues du Moyen-Orient".
Le tournage s’est déroulé au printemps et en été 2021, sur plusieurs plateaux et aux studios Trilith à Atlanta, dans l’État de Géorgie. Acteurs et techniciens se sont rendus dans la région de Middle Georgia pour une semaine de tournage dans une carrière de gravier et de sable. Le studio a accueilli les vastes décors de Shiruta, comprenant notamment des magasins, des restaurants, des immeubles d’habitation et de la circulation. Les plateaux ont aussi abrité les décors intérieurs du marché central, de l’immeuble où habite Adrianna, du rocher de l’Éternité, du Hawk Cruiser, d’une prison sous-marine à sécurité maximale, de l’antique salle du trône, ainsi que les murs LED destinés à simuler avec réalisme les séquences de vol, le paysage urbain et les régions côtières du Kahndaq.
À l'origine, Black Adam devait apparaître pour la première fois sur grand écran dans Shazam!, sous les traits de Dwayne Johnson, mais finalement cette idée n'a pas abouti.