Stéphane et David Foenkinos reviennent sur leur envie de réaliser Jalouse : "Après La Délicatesse nous avions le désir d’un autre portrait de femme. De la rencontre entre une actrice et un personnage que l’on suivrait au moment où elle est traversée par de nombreux doutes. Le titre « femme au bord de la crise de nerfs » était quasiment notre tonalité initiale. Autour d’elle, elle ne percevrait que le bonheur et la réussite. Ce bonheur des autres qui « lui saute au visage » comme elle le déclare à son généraliste. Tout au début, nous nous sommes surtout concentrés sur la relation mère-fille. Voir éclore la beauté et la grâce, la promesse et l’avenir, au moment où votre vie semble décliner, c’est difficile. Progressivement nous avons décidé d’étendre le sujet à tout l’entourage de Nathalie. Son mal être devient général."
David et Stéphane Foenkinos décrivent Jalouse comme un subtil mélange entre Tatie Danielle et Une femme sous influence : "Est-ce une comédie ? Un drame ? Disons que c’est la crise d’une femme avec des situations totalement risibles, et d’autres graves ou désespérées. Nous aimons quand le ton oscille sans cesse entre la comédie et le portrait intime. Ce qui est primordial c’est le réalisme psychologique même dans les moments les plus aberrants."
Les frères Foenkinos ont écrit Jalouse en pensant à Karin Viard dès le départ. L'actrice a accepté le rôle immédiatement : "Nous avions évidemment peur qu’elle refuse compte tenu du caractère extrême du personnage. Le fait qu’elle ait accepté immédiatement et avec enthousiasme nous a fortement encouragés. Dès la première lecture, elle nous a même dit : « N’hésitez pas à aller plus loin ! »", se souviennent les Foenkinos.
Pour trouver la comédienne qui allait incarner Mathilde, la fille de Karin Viard dans Jalouse, les frères Foenkinos ont sillonné la France, multipliant les castings. En tout, ils ont vu plus de 300 jeunes filles. Il leur fallait une danseuse classique d’un très bon niveau qui soit non seulement belle, mais qui puisse en plus jouer la comédie. Les cinéastes ont finalement trouvé la perle rare à l'Opéra de Bordeaux en la personne de Dara Tombroff : "Dara a postulé sans trop y croire. Dès que nous l’avons vue, cela a été une évidence. Ce qui est inouï par rapport à notre histoire, c’est qu’elle avait pris la décision d’arrêter la danse et cherchait inconsciemment une manière de se réinventer. Quoiqu’elle décide de faire, une autre carrière s’ouvre à elle", relatent les Foenkinos.
Les frères Foenkinos réalisent Jalouse en duo. Les metteurs en scène s'expriment sur leur manière de travailler :
"Le plus important quand il y a deux réalisateurs, c’est d’avoir une même vision. En ce sens, nous travaillons beaucoup en amont. Notamment avec notre chef opérateur, Guillaume Deffontaines, dont nous admirions le travail sur les films des frères Larrieu, ou plus récemment sur Ma Loute. Sur le plateau nous arrivons nourri de cette recherche et avons la même approche. Nous regardons chaque prise, et nous nous mettons d’accord pour affiner, voir ce que nous pouvons améliorer pour obtenir ce que nous voulons. C’est une chance d’être complémentaires, car nous ne voyons pas les mêmes choses", confient David et Stéphane Foenkinos.
La comédienne Karin Viard se confie sur son rôle dans Jalouse : "J’ai immédiatement été tenté par le rôle de Nathalie. On nous raconte souvent des histoires de femmes qui abordent la cinquantaine en ayant envie de coucher avec des hommes plus jeunes, ou d’autres qui sont tout simplement au bout du rouleau. Ici c’est un personnage complexe, comme je les aime, qui n’est pas doté d’une seule couleur. Puis j’ai trouvé le script très bien écrit, avec des rôles secondaires fouillés et un thème finalement assez peu traité. J’aime aussi le titre Jalouse, plutôt punchy, qui définit d’emblée le personnage."