Au Poste ! est le premier vrai film français de Quentin Dupieux. Le metteur en scène a voulu faire un long métrage faisant la part belle au quotidien, l’anodin et à un imaginaire très français. C'est principalement lorsqu'il a dirigé Alain Chabat et Jonathan Lambert en français dans Réalité qu'il a commencé à éprouver ce désir. "Je me suis senti plus efficace, plus capable, par le simple fait de parler dans ma langue et par la culture commune que je partage avec Chabat et Lambert. Mes films américains se sont faits un peu au détriment de ma plume. Creuser dans une langue que je comprends parfaitement, comme je le fais avec Au Poste !, me permet d’avoir une palette plus étendue. C’est un peu comme si je découvrais les couleurs", confie-t-il.
A l'origine, Quentin Dupieux avait une grosse envie de faire un film à texte parce qu'il était légèrement frustré par ses films américains précédents à ce niveau. "Or c’est de là que je viens, depuis mes courts métrages et Steak. Les personnages bavardent beaucoup dans mes films !", précise-t-il.
Au Poste ! est aussi le premier film nocturne réalisé par Quentin Dupieux. Il note : "J’ai longtemps été à l’aise à l’extérieur, avec ce grand ciel bleu de Californie et cette lumière pour laquelle j’avais une vraie fascination. J’ai eu envie de faire l’inverse. Et c’était un bonheur total de tout penser autrement."
Quentin Dupieux avait vu Anaïs Demoustier dans Caprice d’Emmanuel Mouret. Au départ, le metteur en scène projetait quelque chose de très réaliste dans son personnage. Mais au fil d'une discussion avec la comédienne, il lui a dit qu'elle était comme Zézette dans Le père Noël est une ordure, "en imaginant quelque chose d’un peu inconséquent : elle ouvre la porte, elle dit une connerie et elle ferme la porte", explique Dupieux.
Au Poste ! comporte beaucoup moins de musique que les précédents films de Quentin Dupieux. Ce dernier explique que la musique de son nouveau film, ce sont les voix et les dialogues avant tout : "Ça aurait été un contresens de rajouter de la musique en fond. L’idée pour le morceau de fin, c’était de faire une musique française à la François de Roubaix. J’avais fait une liste d’instruments que je souhaitais faire entendre à David, le compositeur de la musique."
Benoît Poelvoorde ne connaissait pas Quentin Dupieux avant qu’il lui propose Au Poste !. Il l'avait en revanche croisé chez un ami commun quand il était plus jeune mais ne l'avait jamais revu. Le comédien se souvient : "J’ai tout de suite aimé le scénario que j’ai lu en étant constamment plié de rire. C’est un des scénarios les plus drôles et mieux écrits que j’ai pu lire. On est allé boire un verre et j’ai tout de suite compris que j’avais affaire à quelqu’un de très singulier. On était censé se voir une heure pour faire connaissance, se renifler le derrière, et finalement on a passé toute la soirée ensemble. J’étais venu avec une tête de cheval en plastique que j’avais trouvée dans un magasin de farces et attrapes. On s’est beaucoup amusé !"
C'est via Twitter que Quentin Dupieux a contacté Grégoire Ludig, célèbre humoriste du Palmashow, pour lui proposer le rôle de Fugain dans Au Poste !. Lui non plus ne connaissait pas le metteur en scène. Ludig se rappelle : "Je n’étais pas un grand connaisseur de son cinéma ou de sa musique mais j’avais vu Réalité et Steak. Du coup, je ne suis pas arrivé avec des idées préconçues ou des automatismes censés le séduire. Quentin prend des acteurs qu’il aime et qui font sens avec les personnages qu’il écrit. La simplicité de Fugain, mon personnage, il l’a vue dans le rôle de Pierrick que j’ai joué dans Et ta soeur de Marion Vernoux. J’étais capable d’être normal et pas seulement de faire l’idiot avec une moustache. Je joue donc un mec normal, mais avec une moustache."