Road movie situé en Thaïlande, Pop Aye est avant tout, pour la réalisatrice Kirsten Tan, l’histoire de deux marginaux (un homme sur le retour et son éléphant errant) qui cherchent un sens à leur existence ainsi qu'à trouver leur place à travers le temps et l’espace.
Avant d’emménager à New-York, Kirsten Tan vivait à New York et cherchait sa voie. A cette époque où elle avait la vingtaine, elle voyageait beaucoup à travers la Thaïlande et est tombée, alors qu'elle filmait des images sur une plage, sur un groupe de jeunes villageois emmener leur éléphant vers la mer pour le laver. Cette image d’un éléphant au bord de mer a ressurgi lors de l’écriture de Pop Aye. La cinéaste se rappelle :
"Pas seulement parce que c’est une belle image, mais surtout parce qu’elle est à la fois mystique et banale, ce qui induit que l’éléphant de mon film est en partie allégorique, même si je l’ai aussi écrit comme un personnage concret. En général, lorsqu’un animal apparaît au cinéma, son rôle est symbolique, mais dans Pop Aye, je voulais que l’éléphant incarne aussi quelque chose de tangible, au moins aux yeux du protagoniste. Je ne voulais pas que ce soit un de ces animaux exotiques et amusants qu’on voit dans les dessins animés ; dans Pop Aye, l’éléphant est aussi marginal que Thana. Il n’a sa place nulle part."
"Je crois profondément que la vie est tout à la fois tragique et comique. Tout est question de perspective. Dans mes films, la rencontre de ces deux registres est capitale, puisqu’elle retranscrit la réalité du quotidien. Je voulais insuffler au film quelque chose d’à la fois intime et impersonnel, je voulais souffler le chaud et le froid. Dans Pop Aye, une scène peut être extrêmement sérieuse, et la suivante complètement frivole. Je refuse de trancher, parce que la vie ne cesse de naviguer entre les deux : le temps qui passe est la seule chose immuable de notre existence."
Pour Kirsten Tan, le genre du road-movie s’articule bien avec cette conception de la vie selon laquelle le temps est multiple, et qu'il est impossible d’avoir une vue d’ensemble de tout ce qui se passe à un moment donné. La réalisatrice développe :
"Dans Pop Aye, la façon dont tous les événements s’articulent, aussi bien sur la route que dans la vie personnelle de Thana, permet d’insister sur le passage des heures et des jours, que rien ne peut arrêter. Même lorsque nous ne faisons rien, la vie continue : nous sommes contraints de vivre chaque seconde, que cela ait du sens ou non. Le temps est le témoin de nos vies, et lorsque nous en voyons la fin, vaut-il mieux rire ou pleurer ?"