I don’t feel at Home in this World Anymore, quel titre, débarque tout droit du berceau Sundance, festival duquel il ressorti auréolé d’un prix, et pas des moindres. Signé Macon Blair, on se rappelle de lui comme étant l’acteur principal de remarquable Blue Ruin, le film s’inscrit parfaitement dans la vague indépendante de justement Sundance, tout en lorgnant vers le polar noir sudiste, miséreux, acide et jamais complaisant ni envers ses personnages ni envers son public. L’acteur-réalisateur signe ici une véritable réussite, dans son genre, se fiant à la fois, comme il se doit, à son mentor, Jeremy Saulnier, et en cette fameuse mouvance noire, livrant pour le coup un curieux drame sanglant teinté d’un humour noir souvent vivifiant.
A n’en pas douter, Macon Blair aura soigné son arrivée dans le monde de la réalisation, confiant les premiers rôles de son bébé à une Mélanie Linskey attachante et à un Elijah Wood très inspiré. Parfois un peu bringuebalant, du fait de l’étalage de quelque philosophie un brin redondante, le film se veut une montée en puissance, douce certes, mais se concluant, on s’en doutait dès les prémices, dans une débauche de violence qu’aucun des protagonistes n’assumera. S’il peut paraître jubilatoire, en certains instants, notamment lors de son dernier quart, le film n’en demeure pas moins relativement timide lorsqu’il s’agira pour le cinéaste d’y imposer un réel rythme. Voilà sans doute l’un des rares bémols qui viennent un tant soit peu assombrir le tableau.
S’il n’est incontestablement pas une référence cinématographique, entendez par là qu’il n’est pas un film majeur, I don’t Feel … n’en reste pas moine un bel exemple de film noir par excellence, saupoudrant sa noirceur d’une bonne dose d’ironie, d’humour, pour atténuer ses relents pessimistes. Au passage, je me permettrais de souligner l’apparition pour le moins terrifiante, pour ma part, d’un certain mocassin d’eau qui viendra mettre un point final bruyant à la route chaotique d’un certain malfrat. Une scène, tout à fait personnellement, horripilante et accessoirement très bien filmée.
Pour conclure, le film n’ayant évidemment pas fait l’objet d’une distribution dans les salles obscures francophones, on saluera, une fois de plus, le bon nez de Netflix qui propose le film dans son catalogue depuis le 24 février dernier. Sans pour autant faire une quelconque publicité à la firme, leader de VOD mondial, disons simplement qu’offrir l’accès à ce type de film à un public qui n’en connaissait même pas le nom s’avère tout à fait honorable. 13/20