« I’ve focused my studies almost exclusively on chocolates. »
Tout le talent de Paul King, réalisateur et coscénariste, et de Simon Farnaby, coscénariste, tous deux précédemment remarqués pour la création des deux épisodes de Paddington, dont certains interprètes se retrouvent au casting ici, c’est d’avoir su se greffer à la fois sur le style de Roald Dahl, cynique à souhait et pourtant féerique, et celui de Tim Burton, à la fois désespéré et drôle, ce qui donne à ce Wonka, malgré son aspect comédie musicale, et peut-être même grâce à lui, un côté absolument intemporel, du genre à devenir un classique.
Avec un schéma narratif ultra-convenu, typiquement british malgré les décors viennois (chocolaterie steampunk oblige), Wonka se décline comme un conte où l’on devine à l’avance les rebondissements, ce qui, dans ce genre d’exercice, n’est en rien dérangeant mais touche plutôt au cathartique. En effet, l’originalité est ailleurs et la réalisation, les effets spéciaux et, surtout, l’interprétation donnent à ce spectacle haut en couleurs toute la saveur de l’ingénuité confrontée au monde des adultes, terne, vicieux et bêtement arrogant.
Si l’idée de départ était intéressante, comme le sont souvent les spin-off, il faut reconnaître que sa mise en place pouvait s’avérer particulièrement casse-gueule : on ne touche pas impunément à autant d’archétypes et de caractères sacrés sans y laisser des plumes. Il se trouve pourtant que celles laissées par ce film sont pleines de couleurs, de bons sentiments, de vrais bons sentiments qui se vivent et qui font du bien.
Avec une chorégraphie millimétrée, des décors magnifiques et des costumes stylés (Tom Brown à la direction artistique a notamment participé à Dune, de Denis Villeneuve, 2021, avec déjà Timothée Chalamet), avec une bande son signée Joby Talbot et Neil Hannon (The Divine Comedy) percutante et enlevée, avec une interprétation 5 étoiles (Timothée Chalamet, donc, mais aussi l’incroyable Olivia Colman, l’éternel majordome anglais Jim Carter et la jeune Calah Lane), avec enfin un sens du juste équilibre entre l’émotion et la drôlerie, sans jamais la moindre note de lourdeur, cette œuvre est le parfait exemple du conte à tiroirs pour petits et grands enfants.