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    Le Poirier sauvage
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    islander29
    islander29

    863 abonnés 2 354 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 10 août 2018
    film intemporel, sans doute, comme l'a dit un internaute dans la lignée de Bergman…..Film artistique et dépressif, une boucle est bouclée...Un film fuit son père pendant tout le film pour découvrir que celui ci en sait plus que lui…..C'est un des principes de la vie…..Le film est magistral et quasi philosophique, attention certains dialogues pourraient faire travailler la matière grise…..Le titre pour moi est un magnifique oxymore (le poirier sauvage)….Et des oxymores le film en contient un certain nombre……Ce n'est pas un hasard non plus, si le film se déroule dans la ville historique de Troie ( vous savez l'enlèvement de la belle Hélène et le cheval de Troie)…..le film est aussi une rhétorique accomplie sur cet autre oxymore, la théorie contre la pratique, le cœur contre l'esprit, magistralement écrit au travers de scènes initiatiques….Le voyage du fils , il faut ainsi l'appeler va l'amener à trois rencontre fascinantes….La première avec une jeune femme, que visiblement il ne comprend pas, un écrivain (dialogues jubilatoires) qu'il ne respecte pas (car il a la répartie et l'esprit très vif, le jeune homme) et enfin avec un iman, qui permet de citer de beaux argument, pro ou contre la religion….( le mariage, la littérature, la religion, trois piliers de la Turquie ici) C'est riche, les cadres et paysages sont magnifiques, la musique de Beethoven (une symphonie), est récurrente pour démontrer cet autre oxymore qu'est la vie (à elle seule pour une fois)….On notera aussi la neige qui fait référence à de nombreux films du réalisateur, car ce film selon moi est proche de Uzak, film déjà ancien et magnifique…. J'ai beaucoup aimé ce film, noir et intense, rempli de rhétorique certes, (celle de la pollution dans le premier plan en travelling aérien, pourrait être un cheval de Troie moderne, infiltré dans notre société)mais souhaite quand même que le réalisateur revienne à des formats plus ordinaires ( 1h 45, ????), le temps pouvant paraitre long à certains moments…..Précipitez vous quand même pour voir ce trésor de Ceylan Bilge…..
    lara cr28
    lara cr28

    75 abonnés 123 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 août 2018
    Un film d’une grande intensité qui interroge la filiation en même temps qu’il ouvre une réflexion sur la culture d’un pays enlisé dans un conservatisme religieux pesant. Après l’excellent Winter Sleep, NBC poursuit sa quête de sens en élargissant le questionnement à l’extérieur de la famille. Sinan, jeune diplômé est de retour chez lui, il cherche un travail tout en nourrissant l’espoir de publier son roman Le Poirier Sauvage. Chaque rencontre avec des personnages, est l’occasion d’une âpre confrontation. Les dialogues sont très profonds, riches, conférant une dimension très littéraire au film. Chacun vient lui ôter une illusion : l’amour n’apporte que souffrance, il n’aura pas l’argent pour publier à compte d’auteur, les écrivains ne sont en fait que de viles êtres humains. Il va d’échec en échec, souvent résigné. Personne pour entendre ses idées progressistes. Sinan est le Lucien des IIlusions perdues, en moins beau, en plus entêté - il n’hésite pas à prendre de haut l’écrivain connu dont l’affiche, au moment où il apprend que son livre ne s’est pas vendu, sonne comme une revanche pleine d’ironie. Le passé et le futur ne cessent de s’interroger, mais aucun ne gagne en témoigne la fin, celle du puits sans fin qui suggère l’éternel recommencement.
    dominique P.
    dominique P.

    836 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 août 2018
    Voilà le nouveau film du réalisateur qui avait eu la palme d'or à Cannes il y a deux ans pour "Winter Sleep". Ce film est dans la même veine, à savoir un film dur, âpre, très bavard et très long (3 h 08).
    D'abord les inconvénients : le film est beaucoup trop long, on le sent bien passer et certaines scènes sont étirées et parlées inutilement, il aurait fallu être plus concis.
    Aussi je n'ai pas aimé le caractère du personnage principal, il n'est vraiment pas sympa et fait trop de reproches à son père, père que j'ai nettement préféré.
    Les bons points de ce film : l'histoire est très intéressante sur le plan humain et social, cela parle de la famille, des espoirs et des regrets de chacun, du temps qui passe.
    Certaines situations et certains dialogues sont tellement vrais et passionnants qu'au final j'ai bien aimé ce film.
    L'Info Tout Court
    L'Info Tout Court

    412 abonnés 1 025 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 août 2018
    Comment faire un film aussi long sans ennuyer ? De nombreux réalisateurs se sont cassés les dents, mais pas Ceylan. En alternant l’humour, le drame et les réflexions philosophiques, tout en proposant un montage fluide avec de superbes transitions, il est difficile de détourner le regard. De plus, cette durée inhabituelle apporte de la densité au récit et de la complexité aux personnages. Ainsi, on a le droit à un genre de film qu’on croyait disparu des cinémas : la fresque grandiose.
    Cinephille
    Cinephille

    156 abonnés 627 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 10 août 2018
    Non non et non ce n'est pas un chef d'oeuvre. C'est même un film qui sera bien vite oublié. La dernière demi-heure est magnifique; ls scénario se bouge enfin, l'esthétique qu'on aimait tant dans les premiers films de Ceylan reprend ses droits. Mais auparavant il aura fallu ne pas s'endormir pendant 2h30 où l'histoire s'étire, où le réalisateur nous assène quatre dialogues (tous entre hommes) interminables. Ces dialogues se veulent sans doute d'une profonde philosophie, ils ne sont que des conversations de comptoir améliorées dites par des voix monocordes. Quel massacre que ces innombrables films deux fois trop longs autorisés par le numérique ! Ils tuent les réalisateurs, les salles, les spectateurs.
    traversay1
    traversay1

    3 572 abonnés 4 861 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 10 août 2018
    Nuri Bilge Ceylan est revenu bredouille du dernier Festival de Cannes, une première pour le cinéaste turc, palmé notamment en 2014 pour Winter Sleep. Et pourtant, Le poirier sauvage est bien meilleur que son prédécesseur sur bien des plans. Par son accessibilité, tout d'abord, car le film malgré sa durée habituelle pour Ceylan (plus de 3 heures) est moins contemplatif et, au contraire, frise la surcharge en dialogues d'ailleurs plus triviaux qu'à l'accoutumée. Il n'empêche que certaines conversations, appuyées par une mise en scène époustouflante (celle de trois hommes dont deux imams, en particulier) sont passionnantes à suivre. Localisé dans un petit village de la province de Çanakkale, dans les Dardanelles (célèbre pour le site archéologique de Troie), le film tisse sa toile autour des relations entre un garçon fraîchement diplômé de l'université, aspirant écrivain, et un père insaisissable, perclus de dettes, qui fait le désespoir de sa famille. Le poirier sauvage évoque la politique turque, la religion et la littérature, entre autres, avec une liberté et une audace qui font mouche mais c'est dans sa toute dernière partie que le film trouve son acmé avec le rapport fils/père qui évolue soudain vers une sérénité inattendue. La dernière demi-heure est réellement extraordinaire, magnifiée par le talent de Ceylan à filmer les beautés de la nature. Elle fait oublier les petites longueurs perceptibles auparavant, qui ne se transforment cependant pas en ennui, dans un film qui restera parmi les plus remarquables du cinéaste, même sans récompense cannoise.
    poet75
    poet75

    270 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 août 2018
    Le turc Nuri Bilge Ceylan n’a plus à démontrer ses talents de cinéaste : plusieurs de ses films ont été à juste titre loués par de nombreux critiques. Deux d’entre eux, remarquablement construits et mis en scène ont été particulièrement remarqués : « Il était une fois en Anatolie » en 2011 et « Winter Sleep » qui reçut la Palme d’Or en 2014.
    Aujourd’hui, dans « Le Poirier sauvage », on retrouve les qualités dont fait preuve ce cinéaste mais de manière moins évidente que dans les deux films que je viens de citer. Quelque chose ne fonctionne pas aussi bien, pourrait-on dire, comme si Nuri Bilge Ceylan, voulant à tout prix miser sur la durée, s’était cru obligé de combler des trous ou des pannes d’inspiration avec des scènes bavardes et assez inutiles s’étirant exagérément. Pour ce faire, le cinéaste a malheureusement cru bon d’introduire dans son récit des personnages secondaires, à l’exemple de deux imams qui se mettent à débattre interminablement sur l’Islam, personnages qui n’y ont pas vraiment leur place. Le film aurait considérablement gagné à être plus ramassé, débarrassé de ces scènes encombrantes et plutôt soporifiques.
    Reste tout de même une gageure que le cinéaste gagne avec ingéniosité : construire un film intéressant, nonobstant les scènes superflues que je viens d’évoquer, autour d’un personnage antipathique. Car c’est vrai que Sinan, le personnage principal, n’est vraiment pas quelqu’un d’aimable. Il ne fait d’ailleurs aucun effort pour se rendre agréable aux yeux d’autrui. On le comprend dès le début, quand il quitte Istanbul où il a fait ses études pour revenir à la maison familiale, à Çanakkale, ville qui se targue d’être construite sur le site antique de Troie. Il y retrouve sa sœur, sa mère et son père, instituteur sans le sou s’obstinant à creuser un puits là où tout le monde lui affirme qu’il n’y a pas d’eau. Ce père, accablé de dettes de jeu, Sinan le considère sans aucune bienveillance, tout en se demandant si, par la force des choses, il ne devra pas suivre la même voie que lui.
    Sinan, pourtant, ne manque pas d’ambition : il se rêve en écrivain, au point qu’il revient d’Istanbul avec le manuscrit de son premier livre dans ses bagages. Mais encore lui faut-il trouver de quoi payer une édition. Il n’en est pas moins suffisamment imbu de lui-même pour se croire supérieur à un écrivain reconnu, de passage par là, avec qui s’engage une longue (trop longue !) discussion sur l’art d’écrire. Auparavant, lors d’une des scènes les plus belles du film, Sinan a croisé une jeune fille avec qui s’est engagé un échange pétri de souvenirs communs et de résignation fataliste quant à l’avenir. La scène, superbe, s’est achevée par des larmes, puis par un baiser et une morsure. Le visage peu amène de Sinan est un visage marqué, blessé : non seulement par la morsure de la jeune fille, mais par les coups reçus plus tard d’un rival.
    Nuri Bilge Ceylan a réalisé un film qui, d’un point de vue formel, est sans reproche, mais dont la construction scénaristique est bien moins satisfaisante que dans ses films précédents. Ici, la succession des rencontres de Sinan avec divers protagonistes donne une légère impression d’artificialité. spoiler: Comme s’il fallait que le systématisme du film conduise à cette surprise : à ce que le peu sympathique Sinan, engoncé dans son orgueil, soit tout de même un peu ébranlé et change son regard sur l’être auquel il ne veut pas ressembler, son propre père, son seul et unique lecteur admiratif !
    mazou31
    mazou31

    94 abonnés 1 281 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 mai 2020
    Film magnifique, conte existentielle, réflexion sur la filiation et sur la société turque contemporaine, fil sur lequel on pourrait écrire une thése ! C’est un film long, très long, lent, très lent, bavard, très bavard, mais qui vous emporte par sa beauté, sa profondeur, son intelligence. Juste un peu plus resserré, il serait un chef-d’œuvre.
    missfanfan
    missfanfan

    89 abonnés 849 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 août 2018
    Pour la fan de cinéma Turc et du metteur en scène que je suis , une fois de plus je n'ai pas été déçue , le film peu sembler long ( surtout en version originale pas de version Française ) eh bien non on ne s'ennuient pas une seconde , les paysages sont magnifiquement filmés et les acteurs excellent film pour un public averti n'y allez pas part curiosité vous risquez de vous y ennuyer , car ce qui peu sembler court pour certains peu sembler très très long pour d'autres bref pour moi un grand moment de cinéma à consommer sans modération
    Jrk N
    Jrk N

    39 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 août 2018
    Sinan vient de finir ses études de lettres à Çanakkale (ancien site de Troie, sur le détroit des Dardanelles). Il revient dans la petite ville de Çan où vit son père, instituteur pris par le démon du jeu qui fait chavirer sa famille dans le besoin.
    Entre les anciens copains de Sinan qui se perdent, le livre que Sinan vient d’écrire et veut publier, le concours de professeur des écoles qu’il passe sans conviction, l’appel à l’armée qui le menace, le sentiment d’être autre, le poids des conventions et de la religion (qui éloigne sa belle amie Hatice vers le mariage avec un bijoutier plus âgée qu’elle), le grand cinéaste Nuri Bilge Ceylan, avec son épouse Ebru comme toujours co-scénariste, développe amplement, en très longues séquences dialoguées, le thème principal du rapport à ce père problématique, déclassé, mal à l’aise dans son métier et sa famille, attiré par la campagne d’où il est originaire, où il possède un champ où il creuse un puits et voudrait élever des moutons : comme reconnaître et être reconnu par son père ? Thématique éternelle et profonde, difficile, maintes fois travaillée.
    Alors que l’image prévalait dans Les Climats (2006) (qui reste à mon avis son chef d’œuvre), alors que le jeu des acteurs était le point important de Winter Sleep (2014) – et pour cause puisque le sujet du film était la remise en cause d’un acteur « senior », réfugié comme hôtelier en Cappadoce -, alors que Uzak (2002) travaillait sur le décor de la ville et la distance culturelle entre les êtres, et que Once Upon a Time in Anatolia (2011) était un faux policier fondé sur l’envahissement des personnages par l’absence du meurtrier, image du vide inaltérable de la steppe anatolienne ; dans Le Poirier Sauvage (2018), le scénario et les dialogues, complexes, sont les éléments essentiels. Ici, au risque de repasser (comme de façon très ironique dans un dialogue délirant prononcé très sérieusement entre Sinan de deux imans bornés), Ceylan cherche à épuiser la question du passage de la jeunesse (ironique, sarcastique, voire méchante) au moment où le père – avec tous ses défauts – va devenir l’inéluctable compagnon de notre vie.
    L’œuvre de Nuri Bilge Ceylan aborde des sujets de plus en plus profonds et divers avec une précision chirurgicale (dans le sens mais aussi dans les plans agencés avec un soin maniaque : Ceylan est son propre monteur, et utilise une toute petite équipe fidèle, ce qui explique d’ailleurs le rythme de sa production à peine triannuelle). En ce sens la cathédrale cinématographique qu’il construit avec une progression calculée, mise explicitement sous le patronage de Tchekhov, (mais aussi Virginia Woolf, Thomas Mann, Kafka …), rejoint le trajet de Bergman. Etre comparé au plus grand cinéaste ce n’est pas un mince hommage.
     Kurosawa
    Kurosawa

    583 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 août 2018
    Plus de trois heures à suivre un jeune écrivain arrogant et à écouter de longs dialogues philosophico-existentiels, il y avait de quoi craindre le fameux grand geste de cinéma qui vise le chef d'oeuvre. Or, le film est plutôt accueillant et confortable, sauvé par la distance bienvenue du cinéaste vis-à-vis de ses personnages, respectés mais remis en cause. Sinan n'est en effet guère sympathique mais son rapport aux autres est intéressant par la confrontation de points de vue et par la nature du rapport au père. Il aurait envie de le détester mais ne peut s'y résoudre, presque forcé de l'aimer et de rester à ses côtés malgré des aspirations professionnelles qui l'appellent à s'éloigner de sa famille. La trajectoire du film est certes attendue, problème récurrent de ce cinéma de la maîtrise qui ne veut surtout pas déranger son public, mais elle a le mérite d'être exposée avec clarté et simplicité, quoique certains passages sont ardus et à ce titre difficilement supportables (la rencontre avec les deux imams). "Le poirier sauvage" est un film sans surprises, même dans ses trouées oniriques, qui n'émeut jamais mais qui captive par l'assurance d'une belle mise en scène (une caméra souvent mobile et aérienne) et par les prestations d'acteurs remarquables.
    Carlos Stins
    Carlos Stins

    75 abonnés 657 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 août 2018
    A l'image de "Winter sleep", "Le poirier sauvage" est une oeuvre de cinéma dense, touchée par des moments de grâce mais qui reste pompeuse et bien trop étirée. On retrouve à mon sens les même défauts et les même qualités que dans le précédent long-métrage du cinéaste turc, à savoir un film porté par de longues séquences dialogues plus ou moins intéressantes. J'ai en effet été passionné par certaines d'entre elles qui abordaient des sujets pertinents et permettaient de faire évoluer les personnages mais d'autres m'ont en revanche profondément ennuyé. Le principal problème que j'ai avec les films de Nuri Bilge Ceylan, au-delà de leur longueur excessive, ce sont ces personnages qui sont tous insupportables. Il est certes intéressant de donner des défauts à ces derniers mais le fait de suivre des personnages aussi antipathiques, pour lesquels aucun attachement ne se crée, pendant trois heures est tout simplement intenable. Mise à part cela, Ceylan nous confirme qu'il est un grand metteur en scène, notamment à travers sa splendide séquence de fin, même si les scènes filmées avec le drone (principalement la discussion avec les imams) n'ont pas du tout le même rendu esthétique que les autres scènes ce qui posent un vrai souci d'uniformité et de cohérence visuelle. En conclusions je considère que "Le poirier sauvage" est un film dans la pur continuité du travail de son auteur, ses fans sauront surement conquis les autres beaucoup moins.
    Yves G.
    Yves G.

    1 460 abonnés 3 488 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 13 août 2018
    Sinan vient d'obtenir son diplôme universitaire. Pour autant son avenir reste sombre. Écrivain amateur, il aimerait publier son premier ouvrage intitulé Le Poirier sauvage. Il tente sans conviction le concours d'instituteur en craignant, s'il le réussit, d'être muté dans l'est du pays. Si rien ne se passe, il devra bientôt partir faire son service militaire.
    Le jeune Sinan n'a qu'une hantise : reproduire le destin de son père dont l'intelligence et le sens artistique ont été gâchés par le goût du jeu et qui s'est résigné à une vie médiocre.

    Nuri Bilge Ceylan raconte l'histoire d'un fils ni vraiment prodige ni vraiment prodigue qui s'en revient chez lui, ses études achevées, et qui hésite sur le sens à donner à sa vie. Pendant tout le film la caméra le suit qui déambule dans son village au fil des rencontres plus ou moins fortuites qu'il y fait.

    Une critique internationale pâmée a décrété que Ceylan était le plus grand réalisateur turc contemporain. Depuis "Uzak" et jusqu'à "Winter Sleep" consacré en 2014 par la Palme d'Or, elle a invoqué à chacun de ses films les mânes de Tchekov pour la finesse de la description des caractères, de Dostoievski pour leur ambition métaphysique, d'Antonioni pour la peinture des relations de couple et d'Angelopoulos pour la beauté hypnotisante de ses plans et leur longueur déroutante.

    C'est beaucoup. C'est trop. Le dernier film en date de Ceylan, certes sélectionné à Cannes mais dont il est revenu bredouille à la différence des cinq précédents, dévoile les limites de l'exercice sinon la mystification dont il est coupable.

    Pendant près de trois heures, une durée que rien ne justifie sinon l'orgueil démesuré du réalisateur-scénariste-monteur et son mépris de ses spectateurs, le même procédé est inlassablement répété : le héros solitaire, filmé en plongée pour mieux l'écraser, arpente la campagne turque en attendant de faire une rencontre qui plonge l'auditoire dans un tunnel logorrhéique d'une vingtaine de minutes.

    Chaque face à face, quasiment filmé à l'identique a sa thématique lourdement soulignée. Avec le père ou le grand père qui le sollicite pour les aider dans les travaux agricoles, l'atavisme familial. Avec le maire ou l'entrepreneur de BTP auprès desquels Sinan mendie une subvention pour publier son livre, la corruption et la bêtise des classes dirigeantes. Avec l'ancienne amie de lycée qu'il embrasse sous un poirier sauvage, la nostalgie des vertes amours enfantines et des occasions à tout jamais perdues. Avec le jeune imam faussement moderniste, le dévoiement de l'Islam. Etc.

    Les acteurs, à commencer par l'acteur principal qui a la tête d'un écrivain comme j'ai celle d'un champion de patinage artistique, sont si obnubilés par la diction de leur texte interminable filmé en longs plans-séquences qu'ils en perdent toute spontanéité.

    La seule chose à sauver de ce "Poirier sauvage" serait la musique de Bach qui pare sa bande-annonce d'une élégance grave. Mais répétée dix fois, le thème tourne au jingle et finit par produire l'effet inverse de celui escompté : l'agacement plutôt que la fascination.
    Dvoraïakowski
    Dvoraïakowski

    23 abonnés 14 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 8 août 2018
    Chef d’œuvre d’une poésie universelle et merveilleuse. On compare souvent les fresques de Ceylan à Tolstoi, Tchekhov et leurs confrères russes. Ici la figure du père semble parfois décrite par John Fante à la manière de ses Compagnons de la grappe, à la fois pathétique et charismatique, originale et touchante. Rares sont les films qui emportent autant, dans lesquels on a envie de vivre quelques temps. Comme un grand roman.
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    168 abonnés 533 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 août 2018
    Les années passent, et je finis par croire que Nuri Bilge Ceylan n'est que l'homme d'un film : "Il était une fois en Anatolie". Là, il avait trouvé le parfait équilibre entre mise en scène, comédiens, intrigue, parabole philosophique et immersion dans la Turquie contemporaine. Winter sleep m'avait paru pesant et fondé sur une intrigue familiale fort peu intéressante. De même pour Le Poirier sauvage. Comme le précédent, ce dernier film est une suite de scènes dialoguées très longues aboutissant à un récit de plus de trois heures. Ceylan semble avoir coché successivement les cases de toutes les problématiques turques actuelles : l'héritage patriarcal - fait -, les mariages forcés - fait -, la place des femmes - fait -, les politiques bêtes et corrompus - fait -, l'obligation du service militaire - fait -, les débats sans fin sur la religion - fait -, etc. etc. Dans cette chronique hyperréaliste, se glissent sans qu'on sache pourquoi des passages irrationnels et ésotériques. Et là, on peut craindre que cela soit pour faire "film d'auteur", tant c'est poussif et artificiel. Plus étrange encore, le récit est truffé d'erreurs de script qui sont si flagrantes qu'on ne peut que les croire volontaires. Une conversation commence au bout d'une rue et se poursuit dans le plan souvent au milieu d'une place sans que le dialogue n'ait été interrompu (vous essaierez dans la vraie vie, c'est pas facile... ;-) ), il pleut à l'extérieur d'une librairie et quand les personnages sortent, la chaussée est parfaitement sèche, ou encore deux protagonistes commencent un dialogue un soir d'automne sous le soleil et le poursuivent sous la neige en plein hiver... Tout cela, enfin, s'avère enrobé dans une musique franchement sirupeuse. Bref, achetez plutôt le DVD de "Il était une fois en Anatolie"...
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