Lorsqu'il fréquentait le milieu de la boxe tout en écrivant un scénario centré sur cet univers, Dan Uzan a décelé un parallèle entre les boxeurs désirant faire carrière et son rêve de pouvoir faire un film. Le metteur en scène se rappelle : "Dès l’instant où j’ai commencé à les filmer, j’ai compris qu’ils allaient devenir les personnages de mon film. Et Karim a pris la place du personnage principal du scénario que j’avais fini d’écrire !"
A l'origine, Dan Uzan avait écrit un scénario centré sur un boxeur juif séfarade issu d’un milieu populaire qui rencontre une jolie jeune femme juive ashkénaze et bourgeoise dans la ville de Levallois. Finalement, le cinéaste a abandonné ce scénario pour ne garder que l'idée que les personnages de Karim et Faten ne venaient pas tout à fait du même univers social. Il développe :
"C’est d’ailleurs sur ce contraste social que le frère émet de sérieux doutes quant à l’union de sa sœur . Le thème qui m’intéressait était : qu’est-ce qu’on fait des choses qui nous animent quand elles ne sont pas relayées par le cadre normatif de la société ? Qu’est-ce qu’on fait des choses qui nous donnent du sens quand les autres n’y voient pas de sens ? Qu’est-ce qu’on fait de la part de passion qui nous éveille quand cette flamme est si difficile à préserver ?"
En ce qui concerne les matchs de boxe, Dan Uzan ne voulait pas les mettre au premier plan mais davantage se centrer le besoin vital qu’avait Karim d'exercer ce sport. Le metteur en scène ne voulait pas non plus sublimer la boxe comme il l'explique :
"Mon film, c’est l’anti Rocky, l’anti mythe de l’ascenseur social véhiculé par les Trente Glorieuses : tu n’es personne et tu peux devenir une star. Aujourd’hui, ces mythologies sont éculées, on n’a même plus forcément le souhait d’être une star, on sait que ça ne fait pas gage d’une vie réussie. Mais alors, pourquoi des gens s’engagent-ils dans cette voie alors qu’ils savent que leur vie n’en sera pas améliorée ? Parce que ce désir est très intérieur et leur donne du sens. La scène avec le banquier est emblématique : faire un combat par mois suffit à Karim car l’important pour lui est d’être relié à son projet intime."
Dan Uzan a choisi Karim El Hayani, qui n'avait jamais fait de cinéma avant, pour jouer le boxeur. Le cinéaste le connaissait bien pour avoir boxé avec lui quelques années auparavant. Dans la réalité, Karim El Hayani avait décidé d'arrêter ce sport après une blessure heureusement sans gravité qui a donné lieu à une opération chirurgicale.
Dan Uzan a rencontré Faten Kesraoui qui campe Faten complètement par hasard en bas de sa maison de production, à Levallois. La jeune femme était avec son bébé de huit mois et lorsque le réalisateur lui a expliqué qu'il faisait un film, elle ne l'a pas cru !. Il poursuit :
"Elle a quand même accepté un rendez-vous à la production. On lui avait demandé de venir sans son bébé, mais elle n’avait pas réussi à le faire garder. A un moment, Karim a joué avec lui... Je me suis raconté qu’elle pensait : « c’est un homme comme lui qu’il me faut. » Et du coup, on a inclus l’enfant dans l’histoire et j’ai essayé de retrouver ce regard qu’elle lui avait porté dans la scène du parc avec le petit."