Pour la millième, quoi de mieux que d’écrire sur « Et les mistrals gagnants » de Anne-Dauphine Julliand ? Un titre qui fait référence à la chanson de Renaud, une chanson émouvante qui peut évoquer notre enfance. Anne-Dauphine Julliand est certainement la mieux placée pour filmer des enfants de six à neuf ans atteints de maladies lourdes et incurables. La mieux placée pour laisser la parole aux enfants. Ambre (insuffisance cardiaque), Tugdual (maladie de peau), Camille (neuroblastome), Charles (maladie de peau) et Imad (insuffisance rénale) nourrissent de leurs commentaires ce documentaire poignant et puissant. La réalisatrice filme à hauteur d’enfant sans voix off. On oublie la caméra tant les propos tenus par ces enfants sont d’une lucidité et d’une maturité impressionnantes pour leur tout jeune âge. Je ne connaissais pas le sujet et le générique à peine entamé, j’en avais déjà la gorge saisie. Comment ne pas être bousculé par cette injustice qui frappe ces enfants, et à travers ceux du documentaires, tous les enfants qui luttent dans l’anonymat contre cette injustice de la vie ? Comment ne pas être admiratif devant ces parents qui comme ceux d'Ambre et de Camille
(je viens d’apprendre sa disparition)
s’apprêtent à vivre l’inéluctable ? Comment ne pas revoir avec humilité sa copie du quotidien, nous, adultes, face à la philosophie de ces enfants : le bien-vivre dans le présent, « ici et maintenant ». « La naissance d’un homme est la naissance de sa douleur, sa soif de survie dans le futur le rend incapable de vivre dans le présent ». Cette citation issue d’un mantra s’applique à merveille pour ces enfants. Il est inutile de se projeter dans l’avenir. Seul le moment présent est essentiel. Et puis, « Il faut faire confiance à la vie » nous dit Ambre après avoir dit « Il faut faire confiance aux enfants ». A les voir, à les entendre, moi, adulte, je "m’introspecte" et peut avoir honte de certains comportements face à des vétilles qui ne sont rien comparées à ce que vivent ces petits minots. Nous, adultes, en bonne santé, confrontés à des soucis de factures, de tracasseries professionnelles devrions réfléchir sur nos emportements ou nos déprimes. Cinq enfants voire un peu plus avec le petit Jason m’incitent plus que jamais à la méditation.