Sympa. Particulier, mais sympa. Très sympa. Le bien nommé "Burn out" constitue (pour moi) la première réelle surprise de l’année. N’ayant pas bénéficié d’une promo tapageuse, le troisième long métrage du peu prolifique Yann Gozlan (3 films en 8 ans) est arrivé en toute discrétion dans les salles. La preuve : au moment où j’écris ces lignes, seuls 37 internautes ont pris la peine de s’adonner à la critique, alors que ce film en est à son sixième jour d’exploitation. Pour mémoire, je n’ai vu sa bande annonce qu’une seule fois dans les salles, et pourtant j’en ai fait quelques-unes ces derniers temps ! Résultat : nous n’étions que sept ou huit personnes dans une grande salle. Bref, on s’en fout. Qu’en est-il ? Eh bien Yann Gozlan prouve à son tour qu’on sait faire de bons films, en France. Parce que… qu’est-ce qu’il est prenant ! Et s’il est prenant, c’est bien sûr grâce à l’ambiance particulière qui a été instaurée, mais aussi parce que l’histoire peut se transposer à n’importe qui d’entre nous. Pas par le fait que n’importe qui pourrait prétendre à disputer le championnat de Superbike, mais par le mécanisme infernal de l’engrenage. Il en résulte un film à mi-chemin entre l’action et le drame, dans lequel le suspense devient parfois intenable. Impossible de ne pas prendre fait et cause pour ce pilote de 26 ans. Pire, on s’inquiète pour lui. On en vient même à fermer les yeux quand il prend des risques insensés ! Mais allez-y, stressez : non seulement c’est permis, mais en plus les accoudoirs ont l’habitude d’être triturés. Alors bien sûr, certains rechigneront sur le fait que moult libertés ont été prises par rapport au roman de Jérémie Guez. C’est vrai. Cependant on pardonnera volontiers ces variantes pour la bonne et simple raison que rares sont les films qui baignent dans l’univers de la moto. Et là, tout a été fait (enfin je crois) pour donner un rendu le plus proche possible de la réalité. Cela va des conditions de visibilité (parfois exécrables à cause du soleil, de la pluie, ou même de la nuit) aux petites dérobades du pneu arrière. Et puis surtout, ce sont les prises de vues ! Et si le rendu est aussi réussi, c’est également grâce aux caméras embarquées (qu’elles soient extérieures ou à l’intérieur même du casque), n’économisant pas le spectateur sur les phénomènes vibratoires dus aux trépidations de la machine et à la granularité du bitume, sans parler de l’enivrement causé par le défilement des lumières et/ou des marquages au sol devenu hystérique par la vitesse. Et en plus, le spectateur se rend mieux compte de l’impact physique du sport moto de haut niveau. En revanche, Yann Gozlan a voulu un peu trop abuser des effets de style. Ça sent un peu le sensationnalisme. Certes les phases de concentration sont bien décrites, mais par ailleurs quelques ralentis sont en trop. Malgré cela, on suit avec intérêt… que dis-je ? on vit la descente aux enfers de Tony, superbement interprété par François Civil, littéralement habité par les incertitudes du devenir de son personnage et l’inquiétude qui va avec. Poussé par l’envie de protéger son amie, (et par conséquent son fils), on le sent irrémédiablement pris au piège dans une mécanique qui le dépasse alors qu’il doit gérer dans le même temps son job et son passage pro en sport moto. En somme, on se prend à craindre le pire pour lui
tant on le voit glisser vers un état d’épuisement physique et moral (parfaitement décrit là aussi)
. Et la très bonne partition de Grégoire Auger participe beaucoup à notre totale empathie envers Tony. Mais à aucun moment, on ne voit comment ça va finir, à plus forte raison si on ne connait pas le bouquin. En effet tous les scenarii sont envisageables. Et c’est là qu’on se rend compte que chaque personnage présenté a son importance, alors qu’on avait tendance à oublier certains d’entre eux. Mention spéciale aussi à Olivier Rabourdin dans la peau de Miguel, en apparence gentil mais infiniment plus dangereux que son poulain Jordan, brillamment interprété par Samuel Jouy
, très convaincant en petit dur qui se la joue gros par les intimidations verbales et physiques, alors que finalement, devant son mentor
… Enfin voilà. En sortant, il est bien possible qu’en croisant les sacs à dos dans la rue, vous vous surpreniez à les regarder autrement…