Parmi ses inspirations pour Les mauvaises herbes, le réalisateur Louis Bélanger cite Mon cher petit village, comédie tchécoslovaque de Jiri Menzel, ainsi que La Forêt des renards pendus, un roman du Finlandais Arto Paasilinna. "J’avais aussi en tête les films de Ken Loach, un cinéaste qui aborde des questions sociales en y mettant de l’humour", raconte-t-il.
Les Mauvaises herbes constituaient un défi pour Louis Bélanger. "L’hiver fait partie de notre ADN. Pour un cinéaste québécois, il constitue aussi un passage initiatique", confie-t-il. Le réalisateur s'est déjà frotté à plusieurs genres : le film à la narration déconstruite avec Post Mortem, le film sur sa famille avec Gaz Bar Blues, le film tourné dans une nature hostile loin de tout dans The Timekeeper, le road movie avec Route 132... "Cette fois, je voulais absolument faire un vrai film d’hiver".
Qui dit film d'hiver, dit conditions extrêmes. Le tournage des Mauvaises herbes a ainsi eu lieu par près de -40 degrés... De quoi rapprocher les équipes pour Louis Bélanger, qui déclare : "Quand il fait si froid, ça peut paraître cliché, mais tout le monde se mobilise. On doit pouvoir compter les uns sur les autres. Quand je voyais Alexis mal habillé pour l’hiver, rien sur la tête, monter sur la motoneige, je souffrais pour lui".
Louis Bélanger a eu un vrai coup de coeur pour la comédienne Emmanuelle Lussier-Martinez. Il l'a découverte au moyen d'auditions : "Je voulais trouver une comédienne ayant des origines latines, qui s’exprime en joual (dialecte du français québécois). Quand Emmanuelle est arrivée, c’était l’évidence. Son attitude frondeuse m’a plu. Dès l’essai qu’elle a fait avec Gilles, on a senti qu’il se passait quelque chose", se souvient-il.
Au-delà de la comédie loufoque, Louis Bélanger et Alexis Martin ont un véritable propos. "Il y avait une réelle inquiétude pour la dévitalisation de ces pays où Louis et moi avons passé une partie de notre enfance et dont nous tirons la majeure partie de notre bagage intellectuel et affectif", affirme ce dernier. "Nous souhaitions à notre façon, certes imparfaite, braquer le regard de la caméra sur la périphérie des grands centres auxquels nous appartenons tous, qu’on le veuille ou non".
Le principal défi des Mauvaises herbes était la création... d'une plantation de cannabis. Dans un premier temps, les équipes ont tenté d'emprunter des plants déjà existants : "Naïvement, on pensait qu’on allait pouvoir appeler des gens et louer des plants pendant un mois et demi [la durée du tournage] et après, on les retournait, c’est tout. On ne comprenait pas quand on nous disait non, même quand on précisait qu’on allait les rendre", déclare le producteur Luc Vandal. Après avoir tenté de faire venir de faux plants de marijuana d'Angleterre, la directrice artistique André-Line Beauparlant a finalement tranché : les plants seraient créés de toute pièces. "Les feuilles ont été collées dans les fleurs une à une. C’était vraiment de l’ouvrage! Et ça fonctionne extraordinairement bien, nous sommes vraiment contents du résultat", ajoute le producteur.