Sally Potter a commencé à écrire le script de The Party juste après les dernières élections générales en Grande-Bretagne. "Comme une réflexion sur le discours des partis politiques ; les vérités à géométrie variable selon les tactiques. Les politiciens utilisent à des fins électorales ce que les gens ont envie d’entendre. Ainsi, c’est une réflexion sur l’impact qu’a la déformation de la vérité sur nos vies personnelles, comme celle de nos vies politiques", explique la réalisatrice.
Très tôt, Sally Potter a décidé de tourner le film en noir et blanc, conjointement avec son directeur de la photographie, Alexey Rodionov, qui accompagne la scénariste-réalisatrice depuis ses débuts en 1992 avec Orlando. Pour la cinéaste, ce choix esthétique renvoie immédiatement à "une période particulière du cinéma britannique" des années 1960, avec des films comme Samedi soir et dimanche matin de Karel Reisz (1960), La Chambre indiscrète de Bryan Forbes (1962) et Le Prix d'un homme de Lindsay Anderson (1963) "qui portaient en eux un sens profond de l’état de la société… une réflexion sur la désintégration des partis politiques".
Pour trouver son casting, Sally Potter a travaillé pendant des mois avec deux directrices de casting – Irène Lamb et Heidi Levitt – à Londres et Los Angeles, toutes deux ayant déjà participé à ses films précédents. Timothy Spall et Kristin Scott Thomas furent les premiers à rejoindre l’aventure. Sally Potter avait déjà travaillé avec Spall sur Ginger & Rosa et souhaitait renouveler l’expérience.
The Party a été tourné en juin 2016 au moment où les Britanniques votaient pour ou contre le Brexit. Pour Cillian Murphy, le film en dit beaucoup sur la politique britannique. "Il est évident – je crois qu’on peut le dire – qu’il fait référence au Labour Party. Je crois qu’il parle des relations et du fait qu’il n’y ait plus de relations normales de nos jours ; la normalité d’une relation est sujette à tant de variations. Le film parle de l’évolution des relations à long-terme, des relations liées au pouvoir… Tom est l’illustration parfaite de ces gens qui ne s’assemblent que pour réussir", précise le comédien.
Pour s’adapter au tournage court, il a été décidé de tourner en studio, une nouveauté pour Sally Potter. "L’histoire se déroule du jour à la nuit, en passant par le crépuscule, et recréer ces changements de luminosité en décors naturels aurait été très, très compliqué", se rappelle la cinéaste.
Carlos Conti, le chef décorateur, a réalisé une maquette de la maison, en portant une attention toute particulière à la géographie du salon, où les personnages passent la plupart du film. Assis dans un fauteuil une grande partie du film, Bill (Timothy Spall) est "le soleil de cette galaxie, et toutes les autres planètes tournent autour de lui", explique-t-il, en poursuivant : "Avoir un personnage figé, assis dans un fauteuil, et les autres personnages évoluant autour de lui, complique l’organisation du décor. Nous avons modifié plusieurs fois la maquette jusqu’à trouver la position parfaite de chaque personnage pour chaque scène."
Quatre-vingt dix pourcent de The Party ont été tournés en caméra à l’épaule, avec seulement quelques plans fixes au début, à l’arrivée des invités. Avec des plans de dix minutes, le directeur de la photographie Aleksei Rodionov devait être des plus agiles. "C’était une sacrée expérience de filmer au plus près des acteurs sans les interrompre. Pour moi, c’était incroyable d’être à trente, soixante centimètres d’eux. Vraiment, c’était fascinant", se souvient-t-il.
"The Party est une tragi-comédie où une fête entre amis dégénère vite en règlement de comptes. Une semaine peut paraître longue en politique mais il suffit de quelques minutes pour mettre à mal une relation personnelle de longue date.
Sous la tension, le confinement des personnages fait remonter le non-dit à la surface. Une maison qui semblait être un havre peut rapidement être perçue comme une prison. En tant qu’écrivain, j'ai souhaité explorer cet abîme.
Je voulais développer l'aspect tragi-comique de la situation. L’humour sur une lame de rasoir. A travers le regard inquisiteur de la caméra, nous sommes les témoins des tentatives désespérées du groupe pour garder un semblant de dignité et de cohérence entre leur morale de droite et leur idées politiques de gauche.
The Party est un film affûté jouant sur l’unité de temps et l’unité de lieu. Le recours au noir et blanc, sans effets spéciaux ni pléthore de décors mettent en avant la narration. Tout est exposé, on ne peut rien cacher, les personnages, la lumière et l’obscurité, la voix et la musique sont au service de l’intrigue. La caméra observe dans l’ombre et guette sans relâche les visages de ces personnages en période de crise au fur et à mesure qu’ils révèlent leur vérité.
J’ai eu la chance d’être servie par d’excellents acteurs, qui ont pris des risques et se sont mis au service de cet humour cynique et dévastateur avec enthousiasme. A une époque où les événements qui nous entourent donnent plutôt envie de pleurer."