La réalisatrice Cheyenne Carron noux explique sa démarche en s'emparant de l'histoire de ce film : "La Chute des Hommes, c’est l’histoire des Hommes qui sans cesse se répète ; Les Hommes se font des guerres, parce qu’ils ne parviennent pas à rester humble face à l’autre et qu’ils veulent sans cesse dominer, et peut-être aussi que cette Chute est une nécessité pour mieux se relever... J’ai choisi de faire ce film en mettant en scène les points de vue de trois personnages, à chaque histoire, on découvre les motivations et les raisons qui les conduisent à être entrainés dans cette Chute."
Durant le casting, Cheyenne Carron aurait pu rencontrer de vrais djihadistes, mais elle a préféré ne pas se rendre sur ce terrain-là : "Certains de mes comédiens m’ont assuré que quelques-uns de leurs amis étaient partis en Syrie combattre... Alors ils m’ont raconté leurs expériences. Ils m’ont même proposé de les rencontrer, mais je n’ai pas donné suite."
Cheyenne Carron explique le parcours de ces jeunes qui choisissent de se tourner vers le djihadisme : "Je crois qu’il n’y a pas de modèle type. Certains s’engagent par conviction religieuse, d’autres par dépit de ne pas faire partie d’une société occidentale qu’ils n’aiment pas à cause du passé colonial de la France, d’autres car ils préfèrent faire la guerre que devenir livreurs de pizzas... certains se sont radicalisés en prison... et puis il y a ceux qui sont perdus dans une identité qu’ils recherchent parce que même s’ils sont nés en France, ils ne reconnaissent pas la culture française et sont nostalgiques de la culture de leurs ancêtres, et ils épousent alors un Islam littéral... enfin, il y a toutes sortes de parcours qui conduisent ces hommes à prendre les armes."
"Les gens d’argent ont voulu un monde mondialisé, ils ont supprimé les repères si fragiles et si indispensables pour protéger les peuples, et l’âme des peuples. Alors les gens sont perdus, on leur demande de renoncer à leurs valeurs et de se fondre dans un monde aseptisé. Mais bizarrement après avoir bien étudié tout ça, je suis moins manichéenne qu’au tout début de mon écriture. Le choix des armes n’est pas le bon, c’est certain. Mais notre approche politique des peuples qui ont développé une autre culture que la nôtre n’est pas toujours la bonne non plus", ajoute la réalisatrice.
Cheyenne Carron a réalisé La Chute des Hommes en dehors du du système verrouillé du cinéma français, à l'image de ses derniers films, L'apôtre et Patries ; elle s'en explique : "Pour faire un film dans le Système, il faut accepter de faire « valider» votre scénario par une quarantaine de personnes ; comité de lecture de Canal, comité d’une seconde chaine (type TF1), comité du Centre National du Cinéma, comité d’une SOFICA, comité d’une région. Je ne pense pas que le cinéma soit le regard de 40 personnes, mais d’un auteur, qui mène son combat seul contre tous."