Les deux précédents longs métrages d'Andreï Zviaguintsev, "Elena" et "Leviathan", montraient déjà le potentiel de ce cinéaste russe. "Faute d'amour" met la barre encore plus haut même si on y retrouve la patte du réalisateur. Encore une fois, on sent tout le travail derrière ce film; de l'intelligence du scénario à la photographie soignée en passant par une mise en scène impeccablement pensée. De plus, cette fois, pas de longueurs comme dans ses précédents films. La lenteur du rythme caractérisant aussi son style colle bien à l'intrigue et permet de tenir le spectateur en haleine jusqu'au dénouement final avec ici et là des pics d'intensité émotionnelle. Ce drame psychologique est dure mais on aime être bousculé de temps en temps. C'est là une qualité pour un cinéaste. Techniquement et artistiquement parfait, il manque toujours ce petit truc indéfinissable qui fait les chef d'oeuvre mais Zviaguintsev s'en rapproche de plus en plus. Je conseille fortement "Faute d'amour".
Film d'une âpreté terrible sur un couple qui se sépare et un enfant qui fugue, disant par ses images grises la dureté de la vie en Russie, qui sacrifie ses propres enfants. Un drame difficile à regarder mais puissant souvent grâce à la rigueur implacable de la mise en scène. Zviaguintsev est une héritier désabusé de Tarkvoski. Voir ma critique complète sur mon blog : newstrum.wordpress.com
Le film d'Andrey Zvyagintsev (2017) est particulièrement bien mené , de façon rigoureuse . Tant du côté de l'enquette que du cheminement des protagonistes qui jusqu'à la fin se poseront indubitablement la question de leur responsabilité respective. Avec une bonne interprétation notamment Alexey ROZIN et Maryana SPIVAK .Jusqu'à la fin, les protagonistes seront imprégnés de sentiments de culpabilité d'où le titre !
tres bon drame psychologique bien joue mené; intrigue, jeu, prises de vue, environnement, tout y est... deux heures qui filent sans problème, hormis le gars a côté de moi qui s’était vaporisé la moitie du vapo narta et là c'est pire que la transpi!!
Le réalisateur Andreï Zviaguintsev poursuit son portrait au vitriol de la Russie contemporaine à travers ce film au scénario remarquable et à l'image superbe, Prix du jury au Festival de Cannes 2017. À travers cette terrible histoire de disparition d'enfant, c'est l'individualisme forcené et la perversion du système des valeurs d'une société entière qui sont décriées avec force. Les séquences du début, jusqu'à la volatilisation du fils malheureux, sont impressionnantes d'intelligence. Et de nombreux plans, notamment lorsque les équipes de recherche sont en action, sont magnifiques. Deux points faibles : les personnages ont tendance à trop expliciter les raisons de leur faiblesse, et la deuxième partie du film privilégie les scènes collectives au dépend des scènes intimes, créant un déséquilibre avec les séquences introductives.
Film d'une noirceur rarement vu ! les personnages se déchirent avec une telle cruauté laissant leur fils seul sans Amour. Il faut que le drame arrive pour qu' enfin ils puissent y avoir un semblant d'attention.
Poignant et bouleversant ,on est happé par l'histoire de cet enfant mal aimé qui disparaît . Ce film nous suit au delà de la séance et se bonifie encore au fil de la réflexion. Les plans sont superbes, l'oeil photographique très fin et pudique. On en oublie presque la langue et l'austérité de cette Russie.
"Faute d'amour" est un film dur. Au delà de l'argument narratif (un couple se déchire puis se met à la recherche de leur enfant disparu), les personnages sont pour la plupart des êtres égoïstes, enfermés dans des rapports de force ou emmurés dans leurs solitudes, prisonniers des écrans omniprésents dans le film (téléphone, télévision, vitres des fenêtres d'immeuble ou des voitures). Néanmoins, même s'il se veut clairement le reflet d'une époque, ce film ne se limite pas à son intrigue (en fait, on a le sentiment que Zviaguintsev se fiche un peu de notre attente de savoir si l'enfant sera ou pas retrouvé) et ne se laisse pas enfermer dans un cinéma social. Son cinéma n'a pas été à tort comparé à celui de Tarkovski. Il sait, par des raccourcis ou des ellipses, composer des images d'une grande beauté formelle (notamment celles où se révèle la beauté paisible et mystérieuse de la nature), très poignantes (sans pathos même si tous les personnages enferment une grande souffrance et sont souvent au bord des larmes) ou à plusieurs niveaux de lecture (d'un symbolisme parfois très appuyé comme cette longue exploration d'un bâtiment en ruines datant de l'ère soviétique). Le constat du film est glaçant : au-delà de ce couple, c'est le monde qui est sans amour et comme frappé d'une incapacité ontologique d'être heureux... En contrepoint d'une ouverture magnifiant la beauté d'une forêt enneigée, le film s'achève sur les échos de la guerre en Ukraine.
Après Leviathan, Zviaguintsev continue sa charge contre la société russe. C’est froid. Et c’est gris. Et c’est noir. Et c’est déprimant à souhait. Et ça te donne envie de bannir la fonction Selfie des téléphones portables à vie. Mais c’est un immense film.
Bons acteurs, une manière de filmer très intime qui fait passer l'émotion, sur ce point c'est réussi et j'aime ça. Mais j'aurais aimé que la 1ère partie du film avec la vie du petit garçon dans ce conflit d'adulte soit plus poussée et je regrette les longueurs des 2/3 restants du film sur la recherche du fils perdu. On ressort en poussant un soupir, car évidemment c'est un film noir. Donc pas mal, mais j'attendais mieux encore.
Andrey Zvyagintsev confirme avec ce film qu'il est l'un des 4 ou 5 plus grands metteurs en scène actuels. Metteur en scène, au sens strict. On ne voit quasiment jamais une telle qualité de mise en espace, de plans souvent très longs où des personnages, et parfois la caméra elle-même, se déplacent dans le champ avec une telle fluidité et une telle sophistication. On pense à Nuri Bilge Ceylan, son exact contemporain, qui partage cette qualité. On pense à Antonioni, notamment lors de ces travellings avant vers des fenêtres, évoquant Profession : Reporter. Et évidemment on pense sans cesse à Andrei Tarkovski, dont Zvyagintsev reprend notamment l'esthétique des ruines humides. La musique, très rare, accompagne très bien ces images. Le film est à coup sûr une réflexion sur la Russie contemporaine où les traces de l'Union soviétique sont encore omniprésentes. Le récit relève sans doute de la parabole philosophique, ce que la fin ouverte laisse d'autant plus entendre. Cependant, le sens échappe. L'ambition de la mise en scène s'applique en effet à un récit familial pour une part banal, là où Tarkovski mobilisait l'apocalypse nucléaire (Le Sacrifice), la Russie éternelle et poétique (Le Miroir) ou un monde imaginaire et ouvertement parabolique (Stalker). Donc à ce stade, je reste un peu sur ma fin. Mais allons le revoir, ça vaut bien ça ! (D'ailleurs, après l'avoir revu, j'ajoute une étoile, pour passer de 4 à 5...)
Film déchirant sur un enfant non désiré qui n'a pas pu souder un couple, hyper glaçant, particulièrement égoïste : le père parle du "gosse" et ne parlons pas de la mère complètement irresponsable qui préfère faire des galipettes et rentre chez elle aux aurores sans même vérifier la présence ou l'absence de son fils dont elle "croit" , par exemple, connaitre le nom de son meilleur copain. Elle a quand même l'honnêteté d'avouer que sa vie de couple a été bâtie sur le fait qu'elle voulait absolument échapper à sa harpie de mère mais elle est incapable de gommer tout ce qu'elle a subi et elle reporte toute sa hargne et son indifférence sur son fils.
Un prodige cinématographique, éblouissant, une émulsion foudroyante, un choc des sociétés, vous serez captivés par l'écran du début à la fin. Dans un contexte Russe, sordide et alarmant, le réalisateur parvient a faire à tenir ses spectateurs en haleine pendant deux bonne heures, en lui faisant vivre des émotions incroyables et inattendues. La longueur de ce film en fait un avantage, de part l'intrigue formidable que vivent et partagent l'assistance. L'inévitable clou du spectacle vous laissera bouche bée. Aucun regret. Foncez ! Bon film !