Faute d'amour
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203 critiques spectateurs

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moreapacifique1
moreapacifique1

9 abonnés 93 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 22 septembre 2017
Excellent film qui montre bien l’hédonisme actuel. Nul ne veut d'un enfant qui risquerait d'entraver son plaisir.Cela se passe dans une ville riche en Russie mais cela pourrait se passer ailleurs... Le metteur en scène a une approche très subtile du problème et une maitrise de la caméra surprenante.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 22 septembre 2017
L'amour n'est pas obligatoire dans une relation parentale, pas forcément inscrit sur les visages des enfants, ni sur ceux de leurs parents. L'amour est un lien, si le lien ne se tisse pas, l'amour est absent, et cette absence peut en créer d'autres, plus brutales, plus terribles. J'aime le visage de la mère filmé dans sa laideur quand il se crispe avec haine, odieuse dans les mots et les tons qu'elle emploie à l'encontre de son fils, dans un quotidien bien plus ordinaire que l'on ne voudrait faire croire... J'aime que le visage de la mère soit magnifique quand elle est avec son amant et baigne dans l'amour. Deux femmes qui habitent le même corps, méconnaissables et presque inconnues l'une de l'autre, car c'est exactement le pouvoir de l'amour de révéler qui nous sommes quand il nous habite et quand il nous abandonne. J'aime la manière dont on découvre peu à peu le monde que l'enfant a construit pour se contenir en l'absence de chaleur familiale, un monde froid justement, sous béton, abandonné, un monde à son image... J'ai été bouleversée par cette douleur viscérale de l'enfant que les adultes se refusent d'écouter parce qu'ils sont incapables de laisser en eux-mêmes la place à leurs blessures, leurs souffrances. Anesthésiés, ils souhaiteraient un enfant anesthésié, une chose, pas cet enfant qui nous emmerde, nous pompe, nous fais chier et décomplexés ils affirment un ras-le-bol, un langage grossier à faire vomir. Renversant les codes de la responsabilisation vis-à-vis de la vie qu’ils ont mis au monde, ils se sentent alors des victimes de l'enfant, de ses besoins, de ses fragilités et faiblesses. Décomplexés ils lui font vivre au plus profond le non-sens de son existence, ils le placent quelque part, bref ils s'en débarrassent...
Et il y a ce merveilleux cadeau de fin qu'il nous laisse cet enfant ; puisqu'il n'est plus, il sera à jamais vivant et agissant en nous, justement dans ce visage de femme qui peu à peu s’humanise : l’amour c’est un don, il a la grâce de la gratuité du don, ou alors il n’a rien.
selenie
selenie

6 452 abonnés 6 234 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 22 septembre 2017
On apprécie le contraste métropôle/forêt, quelques plans "intimes" savamment cadrés et surtout un travelling fort en émotion d'un enfant en pleur au début du film. Finalement on regrette que le cinéaste ait pris un peu trop de facilités en ce qui concerne les "nouvelles vies" des parents et qu'il allonge parfois trop certains passages mais il contre-balance avec un récit terriblement glaçant et une critique acerbe du monde des adultes.
Site : Selenie
islander29
islander29

890 abonnés 2 392 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 21 septembre 2017
Un film tout à fait intéressant où l'on mesure l'austérité psychologique russe. Ce n''est pas un vain mot, devant la froideur des dialogues, des paysages, et d'une histoire de disparation . Andrei Zvaguintsiev a l'art de l'introduction.....Travelling sur des arbres abattus (destin brisé, écologie ?) et ensuite gros plan sur une école, ensuite s'échappent en criant des jeunes élèves, niveau cinquième, et l'on se retrouve chez un couple. Le film installe aussi des histoires de mœurs,( amant, amante, grossesse) et malgré une scène érotique trop explicite, nous entraine avec des personnages (parents, enquêteurs) profondément russes. Les relations entre hommes et femmes sont simples, parfois conflictuelles et confuses. La seconde partie (la recherche du disparu) est tout aussi
intéressante et sobre, dans un style dépouillé mais brillant. Il y a aussi deux passages d'un humour corrosif, car totalement désespéré sur les personnages entre eux ( dialogue réfectoire, et ????). c'est un film pur, la musique n'a pas de particularité, mais la photo et la lumière sont splendides....Peut être manque t-il d'un peu de panorama, d'indications urbaines (st Pétersbourg, Moscou) , mais les scénario est simple, et la fin très suggestive sur l'identité russe (femme sur son tapis d'entrainement, guerre en Ukraine), bref un film qui mérite bien qu'on s'y attarde autant sur le fond que la forme. Ce n'est ni le meilleur, ni le moins bon du réalisateur, au contraire
donniedarko1
donniedarko1

44 abonnés 191 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 21 septembre 2017
Attention chef-d’œuvre ! Après le sublime Léviathan, le réalisateur prodige russe revient hanter nos esprits. Cadrage somptueux et « au scalpel », Faute d’amour est un film que l’on n’oublie pas...
Ufuk K
Ufuk K

530 abonnés 1 499 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 21 septembre 2017
andrey zvyaginstev est en passe de devenir un grand réalisateur, " faute amour " prix du jury du dernier festival de cannes le démontre bien.en effet le film est maîtrise démontrant bien l'hyper individualisme de la société russe, les faux semblants et l'incapacité pour l'homme d'aimer réellement. dommage que le dénouement soit frustrant car ne résout pas la clé du film.
orlandolove
orlandolove

138 abonnés 1 722 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 20 septembre 2017
Dans "Faute d'amour", à l'image du très beau "Léviathan", les personnages sont d'une densité incroyable, cela jusqu'aux protagonistes secondaires. Denses et souvent monstrueux, mais d'une monstruosité humaine, crédible, palpable, c'est là toute la force du film. Le portrait sociétal à charge de la Russie (mais ne peut-on pas en retrouver quelques aspects chez nous ?) est terrifiant. Le tout avec des interprètes incroyables et une mise en scène inspirée.
poet75
poet75

280 abonnés 703 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 20 septembre 2017
« Sans amour, on ne peut pas vivre » : telle est la parole de vérité de l’homme que Genia a pris pour amant et à qui elle vient d’expliquer qu’elle n’a jamais voulu de son fils Aliocha, qu’elle ne l’a jamais aimé, comme elle-même n’a jamais été aimée par sa propre mère. Une absence d’amour que le garçon de 12 ans, Aliocha, perçoit comme une blessure d’autant plus ravageuse que ses parents, Genia et Boris, tout accaparés par leurs disputes et leur projet de divorce, ne le considèrent plus, lui leur enfant, que comme quelqu’un de si encombrant qu’ils n’imaginent pas d’autre alternative que de s’en débarrasser en le plaçant dans un pensionnat. Caché derrière une porte, le garçon verse toutes les larmes de son corps et ses parents ne s’en rendent même pas compte. Pire : quand Aliocha disparaît de la maison, ce n’est qu’après plus de 24 heures que sa mère en fait le constat et prend contact au téléphone avec le père pour le lui annoncer.
Après « Léviathan » (2014), film implacable sur les dérives étatiques de la Russie d’aujourd’hui, Andreï Zviaguintsev, toujours aussi inspiré, propose cette œuvre magistrale, Prix du Jury à Cannes, une œuvre qui ne peut laisser indifférent. Que devient un enfant lorsque ses parents sont incapables d’aimer ? Genia et Boris veulent divorcer et tous deux sont déjà impliqués dans de nouvelles histoires dont on peut parier qu’elles seront aussi pitoyables que celle qui les a réunis. Genia a reconnu elle-même qu’elle ne sait pas aimer. Quant à Boris, sa seule préoccupation semble être de ne pas déplaire à son patron, un orthodoxe intégriste à la morale si rigoureuse qu’il ne supporterait pas qu’un de ses employés soit divorcé ! Ce qui n’empêche pas Boris d’avoir déjà trouvé une nouvelle compagne et de l’avoir déjà mise enceinte (une future mère et un futur enfant qui, probablement, ne connaîtront pas des sorts plus enviables que Genia et Aliocha).
Ce film, si ancré dans la réalité russe, n’en garde pas moins un grand pouvoir d’interpellation qui nous atteint tous, quels que soient notre origine et notre pays. Il est frappant de constater combien les principaux protagonistes du film de Zviaguintsev sont dépendants de leurs écrans. A tout instant, leurs yeux sont rivés sur celui d’un smartphone, d’un ordinateur, voire même d’un tapis de course qui en est doté. Comme s’il n’y avait plus d’expression possible pour eux que par l’intermédiaire de Facebook et des selfies qu’on s’échange de l’un à l’autre. En vérité, à l’image des scènes d’introduction du film qui montrent des enchevêtrements d’arbres recouverts de neige, ce sont les cœurs eux-mêmes qui semblent figés dans une sorte de glaciation. Chez Zviaguintsev, même la disparition d’un enfant, en l’occurrence d’Aliocha, ne suffit pas à réchauffer les cœurs, à y remettre ce dont ils manquent terriblement, c’est-à-dire de l’amour. 8,5/10
dagrey1
dagrey1

101 abonnés 655 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 22 septembre 2017
Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne veut s'occuper du fils Aliocha, âgé de 12 ans. L'enfant disparait.

Faute d'amour est un film dramatique d'Andrey Zvyagintsev, réalisateur d'Elena et de Leviathan.

L'anti Kramer Vs Kramer
Le film met en lumière l'égoisme conjugué de 2 parents qui ont décidé de refaire leur vie, aucun ne voulant s'occuper du fils unique, Aliocha. Faute d'amour est un film âpre sur l'échec d'une famille, l'égoisme et l'inconséquence des 2 parents. Boris, le père, est un gros bonhomme cavaleur qui multiplie les rencontres et fait preuve de sincérités successives sur le plan sentimental. Par 2 fois, il a mis ses maitresses enceintes avec l'obligation à terme de faire face et de fonder une famille (ce qui finit par le lasser immanquablement comme en témoignent les dernières images du film). Boris travaille dans une entreprise dirigée par un patron très conservateur et orthodoxe et la seule chose qui le préoccupe est de garder son emploi alors qu'il va divorcer et refaire sa vie. Genia est une jolie jeune femme, tombée enceinte de Boris trop jeune. Elle est tout à fait dépourvue d'instinct maternel, rudoyant son fils unique en permanence alors que celui ci est fragilisé par le projet de divorce de ses parents.
Lorsque l'enfant disparaît, alors seulement, les parents prennent conscience de leur monstruosité, rejetant sur l'autre la faute et les responsabilités.
Le film est une radiographie impitoyable de la société russe, dont les individus pragmatiques font passer leurs intérêts propres avant toute autre considération. On est révulsé par la situation d'Aliocha devenu un élément gênant dans le projet de vie de ses parents. Le réalisateur filme très bien mais avec complaisance cette dureté et cet égoisme qu'il met en parallèle avec une société russe blasée et des autorités administratives qui se moquent de tout. Le film est presque un documentaire tant son ambiance est réaliste et sans fard. Il est aussi une charge contre ses personnages principaux et l'administration russe, ce qui n'est pas rare chez le réalisateur.

Seul bémol au programme: Faute d'amour se termine avec la diffusion sur la télévision russe des combats dans l'est de l'Ukraine, l'occasion de montrer l'ingérence russe chez son voisin ukrainien dans les circonstances que l'on connait. Le point de vue d' Andrey Zvyagintsev sur ce sujet, tout aussi respectable qu'il soit, n'a rien à voir avec les thématiques familiale et sociétale de son film.

Le film a obtenu le prix du jury au festival de Cannes 2017.
Christoblog
Christoblog

845 abonnés 1 692 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 1 octobre 2017
Il faut reconnaître qu'Andrey Zvyagintsev est probablement un des plus brillants stylistes en activité (avec Nuri Bilge Ceylan). Il fait partie de ces cinéastes dont chaque image semble admirablement composée, au service d'une narration parfaitement maîtrisée.

Quand la maestria du réalisateur est mis au service d'un sujet aussi sec que le désamour de deux parents vis à vis de leur enfant, le résultat peut être glaçant, et, disons-le (car je dois la vérité à mes lecteurs) peu aimable au premier abord.

La précision chirurgicale de la narration, l'absolue perfection de la mise en scène aboutit à un récit désespérant, âpre et clinique (les adultes sont avant tout égoïstes), zébré par un plan terrifiant, qui fut pour moi le plus grand moment de cinéma du dernier festival de Cannes : un hurlement silencieux qui ne laissera personne indifférent.

Le tour de force du film est de montrer les comportements des adultes, plutôt que la détresse de l'enfant. En dépit de l'évanouissement de la figure enfantine, ou peut-être grâce à lui, l'histoire somme toute commune de Faute d'amour devient presque mythologique : choc frontal de la libido et de la culpabilité, figure stoïque du patron de l'association, voyage aux enfers chez la grand-mère, tableau symbolique de la Russie contemporaine dans le bâtiment abandonné. C'est à la fois beau et très désagréable à regarder, on se sent complices des turpitudes anodines que Zvyagintsev nous met sous les yeux, turpitudes qu'on préférerait croire totalement étrangères à soi-même.

Pour résumer : un plaisir qui fait mal, un choc esthétique saisissant.
Jorik V
Jorik V

1 292 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 20 septembre 2017
Avec son nouveau film, Andrey Zvyagintsev est en passe de devenir l’un des cinéastes les plus importants du moment, en tout cas sur le créneau auteur. Même peut-être le plus grand cinéaste russe en activité après « Le Retour » et surtout son immense « Leviathan » il y a trois ans. Chacun de ses films est une claque morale et psychologique parfaitement orchestrée. Chacun de ses films - et encore plus celui-ci - distille un petit poison qui se décante doucement mais durablement en vous et ausculte la cruauté de notre monde. Chacun de ses films sonde les bas instincts, l’égoïsme et l’absence de morale de l’humanité. En cela, « Faute d’amour » est un parfait portrait acerbe et critique de la société actuelle mais surtout de celle de son pays, la Russie. Ses concitoyens sont montrés comme amorphes, épris d’une liberté illusoire et vendue par les pays occidentaux et consumés par un nombrilisme où chacun ne pense qu’à lui. Un couple en plein divorce qui délaisse totalement leur enfant, symbole de leur échec, cristallise ainsi son point de vue et donc les méandres de cette Russie contemporaine. Le tableau est violent et nihiliste mais ce portrait à charge est fait avec finesse.

Les acteurs, notamment Maryana Spivak, sont impressionnants en jouant des personnages profondément détestables auxquels on ne s’attache jamais, d’où parfois un processus d’identification difficile et une émotion qui n’éclot jamais. Mais là n’est pas le fonds de commerce du film, celle-ci n’est jamais recherchée. Elle apparaît tout de même lors d’un travelling mémorable voyant ce petit garçon pleurer en silence pendant que ses parents qui le négligent se disputent. On voit des hommes et des femmes seulement obnubilés par leur propre bonheur, constamment à vendre leur image sur les réseaux sociaux, versés sur le sexe mais cruellement en manque d’amour. Car ici l’amour on ne le donne jamais mais on le souhaite. Le pays de Poutine en prend pour son grade dès que l’occasion se présente, à travers des extraits de radios, l’inanité de la police lorsque le gamin disparaît, dans la rancœur et la frustration d’une mère à la campagne ou dans la politique ultra religieuse et hypocrite d’une entreprise ne tolérant pas les divorces en son sein. Et les dialogues entre les personnages, éloquents, virulents et parfaitement écrits, en sont la preuve.

Mais le domaine où Zvyagintsev impressionne le plus est encore une fois sa somptueuse mise en scène. Le Jury du Festival de Cannes n’a pas du bien y voir clair pour lui décerner le Prix du Jury et non celui de la mise en scène. Un prix finalement attribué à « Les Proies » de Coppola, formellement beau mais pas du niveau de « Faute d’amour ». Entre ses plans fixes parfaitement cadrés, qui évoquent un peu ceux de Michael Hanneke, et ses impressionnants travellings tout en lenteur maîtrisée, le metteur en scène russe prouve encore une fois qu’il est un virtuose de la caméra. Qu’il filme un bout du monde rural comme dans « Leviathan » ou la banlieue moscovite comme ici. Si les images sont glaciales, d’une froideur clinique, il parvient à les rendre belles comme des tableaux impressionnistes par la précision chirurgicale de ses mouvements de caméra et de ce qu’il choisit de filmer. Même ses plans de coupe sont parfaits, comme celui de la barre d’immeuble de nuit. Si le derniers tiers souffre de répétitions dans la recherche du petit garçon, ce nouveau film confirme un réalisateur passionnant pour un film à l’émotion sèche, mais déchirant par ce qu’il décrit. Misanthrope (voire mysogine), déplaisant et sans espoir, le constat est néanmoins parfaitement développé dans un écrin somptueusement glacial.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 20 septembre 2017
Un couple en train de se divorcer vend son appart. Ils se voient presque plus, chaque un à un nouveau couple et le seuls conversations qui tiennent entre eux sont des disputes assez violentes. Une fois le foyer vendu, une nouvelle vie les attendrait sauf pour un détail: leur enfant. Le fils qui est arrivé par accident, qui n'a jamais été voulu ni aimé, qui fait des nuits blanches en pleurs et qui ne parle plus. Un jour, ce fils partira pour ne plus jamais retourner.

Zvyagintsev est devenu, avec Sokurov, le réalisateur russe contemporain le plus admiré grâce à son travail derrière la caméra. Dans Le retour, son début qui remportait le Lion d'Or à Venise, le sujet de la décomposition et recomposition d'une famille était traité avec grande virtuosité: un rythme reposé et une technique visuelle hérité de Tarkovski qui devenait évidente dans l'épisode sur l'île déserte. Hors, le réalisateur n'a pas gagné son prestige seulement pour avoir copié ses maîtres, sinon qu'il a aussi osé à attaquer les structures de pouvoir, l'Église et le gouvernement de Putin, dans son précédent Léviathan, prix de la meilleure mise en scène à Cannes. Faute d'amour, par contre, retourne au sujet de la famille et l'éducation visant sur la société russe comme cible de sa critique. Même si on entend les échos des journaux-télé qui transmettent l'invasion de la Crimée, car le film se passe en 2012.

Un prodige technique. Chaque plan fixe a une raison pour l'être, chaque mouvement de caméra aussi. Le côté technique de Faute d'amour éblouit faisant de chaque cadre une photo parfaite. Comme exemple, l'image fixe presque en noir et blanc d'un bois désert enneigé. Après un légère mouvement de caméra on découvre des petits point oranges entre les branches des arbres qui avancent lentement vers nous: ce sont les volontaires qui cherchent le gamin. Un autre exemple, dans une chambre obscure un home se lève. Il s'approche de la fenêtre, il ouvre les rideaux, la lumière entre dans la pièce et l'image s'éclaircit. Il avance vers la caméra, puis il sort du cadre, toujours fixe. On entend comment il allume sa télé hors du plan et les actualités à la télé. À ce moment, la caméra avance vers les draps du lit, qui bougent légèrement et on découvre la tête de la femme, qui se réveille avec le bruit. Cette scène nous introduit dans la journée de ce personnage. Preuve que l'image nous raconte une grande partie de cette histoire sans besoin de rendre les faits trop évidents avec des dialogues.

Le pilier narratif de ce film c'est la suggestion, non seulement avec l'image mais surtout grâce au scénario, qui nous permet d'analyser nous mêmes les comportements des personnages. L'homme semble plus préoccupé par sa promotion que par ses proches et on le verra refaire le même schéma de désengagement, abandon et frustration avec sa nouvelle famille. Spéciale mention à la violence de la scène du berceau vers la fin du film. La femme, superficielle et agressive, s'ouvre sans pudeur à une nouvelle conquête dans un monologue au lit. Son copain semble distant et désintéressé. On comprendra la supériorité avec laquelle il traite cette femme une fois qu'on voit à quelle type de restaurants l’amène. On saura quel vide essaye-t-il de combler dès qu'il parlera avec sa fille à l'étranger, qui ressemble beaucoup à sa copine, via Skype. La question qu'on se pose c'est pourquoi cette femme aurait-elle besoin de l'approbation d'un homme qui, comme le précédent, ne l'aime pas. La réponse arrive quand on connaît sa mère, despote et froide.

spoiler: Regardant ces personnages si misérables, la disparition de l'enfant se transforme en une espèce de liberté douloureuse. Personne ne mérite une telle ambiance pour grandir. On ne verra jamais les trois membres de la famille dans la même chambre. Non plus exprimer leur amour. C'est pour cela que la scène du sous-sol frappe si fort. La seule fois que l'enfant pourrait être présent avec ses parents. Cette scène transforme le chagrin le plus viscéral, celui après un choc, en amour. La théorique présence du fils nous montre la tendresse et l'humanité de deux personnes détruites à jamais. Comment aurait-il été possible que cette famille se sauve, même si maintenant c'est déjà trop tard. Zvyagintsev analyse cette famille pour la prendre comme exemple d'une société russe à qui on reproche un manque d'empathie et solidarité. Dans le dernier plan du film on voit la femme courir sur un tapis de course avec le survêtement de la sélection russe. Sur la neige, elle essaye de continuer face au froid avec un fausse attitude positive, comme le patriotisme. Cependant, très peu après elle s'arrête épuisée, elle ne peut plus continuer. Voici le message du réalisateur à ses compatriotes.


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traversay1
traversay1

3 709 abonnés 4 894 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 19 septembre 2017
Avec Faute d'amour, Andreï Zviaguintsev opère une nouvelle fois sous nos yeux, à la fois ébahis, terrifiés et admiratifs, le corps plus très sain de la Russie contemporaine. Et sans anesthésie, cela va sans dire. Objet de la vivisection, cette fois-ci : le couple, comme somme de deux individualismes, et plus largement l'égocentrisme des citoyens d'un pays qui a remplacé Pouchkine par Poutine. Constat glacé que le réalisateur d'Elena illustre en s'appuyant sur un fait divers, la disparition d'un enfant, seul élément dramatique qui lui permet de tisser une narration arachnéenne qui ne laisse aucune issue, pas plus à ses deux personnages qu'au spectateur. C'est le propre des grands cinéastes (Bergman ici, puisque le projet initial de Zviaguintsev était d'adapter Scènes de la vie conjugale) que de savoir se renouveler tout en restant fidèles à leurs propres thématiques, comme autant de variations dans des tonalités voisines. Sombre est le cinéma de Zviaguintsev, clinique est sa manière, avec une utilisation sidérante de travellings avants moelleux et d'une musique (Arvo Pärt) qui semble littéralement enfoncer le clou dans ce qui pourrait rester d'espérance ou de résilience. On peut certes réfuter Faute d'amour en l'accusant de noirceur excessive et d'absence d'empathie mais on peut aussi admirer la maîtrise d'un des tous meilleurs cinéastes contemporains qui, film après film, dresse un portrait sinistre et pertinent de son pays, comme l'ont fait les grands auteurs russes au XIXe siècle. Et au-delà de certains particularismes, on peut même l'étendre à l'ensemble de notre monde occidental.
Marianne D.
Marianne D.

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5,0
Publiée le 15 novembre 2017
Poisseux mais somptueux : Zvyagintsev est le cinéaste de la désespérance, désespérance des âmes (noires), désespérance de la vie (sombre), désespérance de la Russie (État en faillite)… N’allez pas voir Faute d’amour si vous n’avez pas le moral, ça n’arrangera pas votre cas : mais c’est beau, magnifiquement filmé comme tous les autres films de Zvyagintsev, tout en subtilité. Le titre russe Нелюбовь est très bien rendu par Faute d’amour : voici le malheur qui peut arriver, faute d’amour…
martine M.
martine M.

9 abonnés 14 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 15 septembre 2017
Le temps, l'instant.... rien ne s'arrête autour des autres. Tout continue à tourner, tout est là. Et cet enfant qui n'avait pas d'existence pour ces parents devient présent par son absence.
Un film fort, terriblement fort et prenant.
Des temps étirés, des musiques en harmonie avec chaque séquence.
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