Le père Logan est vraiment un type bien. D'abord, il est curé et, ensuite, le monde peut s'écrouler, il ne trahira jamais le secret de la confession, quitte à se mettre lui-même en danger. En l'occurrence, le sobre Montgomery Clift ne veut rien révéler à l'enquêteur Karl Malden -le meilleur comédien de ce film un peu surjoué- de ce qu'il a appris dans le confessionnal à propos du meurtre d'un obscur avocat.
Tourné à Québec pour le côté catholique de la chose, ce sujet criminel d'Hitchcock prend un peu trop les accents du mélo. C'est un cas de figure qui repose sur le silence obstiné du prêtre, que pour ma part, je juge plus stupide que loyal. Car, par bigoterie peut-être, Hitchcock n'est pas critique et ne semble pas gêné par le dogme du curé, dont le jusqu'au-boutisme et le mutisme lui paraissent de bien belles qualités -à en juger par le dénouement- alors même qu'ils déterminent de graves dommages collatéraux. Le cinéaste fait du père Logan un héros plutôt qu'un irresponsable. Mais, bon, c'était une époque où l'homme d'Eglise figurait le Bien sans contestation.
Consécutivement, la fin du film, même si Hitchcock a rarement fait dans la mesure et le réalisme dans ce domaine, est assez complaisante, grotesque et théâtrale. "La loi du silence" est un film mineur de son auteur, et on peut le voir, si besoin, dans le recours à des flashback médiocres et prosaïques. L'idée centrale du secret de la confession produit ici un film sans grand relief - ni bon suspense d'ailleurs- pas plus sur le fond que sur la forme.