Rah, c’est vraiment bête quand même… Quand je prends le temps de la réflexion, je me dis que ce « Willy 1er » avait quand même pas mal d’arguments pour lui. On me l’avait vendu en me disant qu’il était frais et sincère. Et sur bien des aspects, c’est vrai que ce sont là des qualités que je lui concède volontiers. De toute façon, avec un personnage pareil en guise de héros, difficile de dire qu’on nous la fait à l’envers. De même, on m’avait aussi vendu ce « Willy 1er » comme étant un film qui avait une vraie pate d’auteur. Or, là encore, j’avoue que sur ce point il m’est difficile une fois de plus de dire le contraire. La technique est certes minimaliste, mais on sent vraiment de la part des quatre réalisateurs une volonté de jouer avec les cadres, les travelings, les décors. Ça suggère, ça rentre en rupture, ça focalise sur des détails… La B.O. est plutôt chouette aussi, et c’est suffisamment rare pour le signaler. Bref, ouais c’est clair : pour moi il y a dans ce film une vraie patte qu’on ne peut pas renier, il n’y a pas redire…. Il y a même un regard aussi, là-dessus aussi je ne contesterais pas. Et l’air de rien, ce regard est quand même assez audacieux parce que clairement ambigu. Souvent bienveillant à l’égard de son héros, l’intrigue le malmène malgré tout régulièrement, nous en présentant parfois un portrait sinistre et malsain. Ah ça, il n’y a pas à redire : c’est osé. Vouloir nous faire prendre en empathie un personnage dont on ne lisse rien, c’est un pari que je ne peux qu’apprécier… Et pourtant, au final, sur moi, ce film, il ne marche pas tant que ça. Et pour être honnête, je ne sais pas trop dire ce qui ne marche pas. C’est clairement une question d’alchimie qui ne colle pas ; d’un produit qui, à l’état fini, me mettrait presque mal à l’aise. Et quand j’essaye de me remémorer ces moments où je me suis dit « ouais ce film est glauque quand même », je me rends compte qu’en fin de compte, ce qui m’a bloqué, c’est la même chose qui aurait dû me faire adhérer au film. Cette chose c’est l’ambiguïté. Bah ouais, parce que l’air de rien, il y a eu quand même trop de moments dans ce film où je me suis questionné sur ce que ces réalisateurs entendaient vraiment nous montrer… De trop nombreuses fois, j’ai eu l’impression qu’on cherchait à se foutre de lui ; qu’on cherchait à nous faire se foutre de lui. Pas ce sourire bienveillant et tendre qu’on a l’égard de ces gens simples mais touchants. Non, parfois j’ai eu l’impression qu’on cherchait à susciter chez nous ce sourire un brin condescendant qu’on peut avoir quand on se moque avec mépris de l’idiot du village. Et ce qui est valable pour Willy fonctionne finalement aussi pour tout son entourage. Autant j’ai pu sentir l’intention des auteurs à vouloir démontrer comment les amis de Willy exploitaient vilement sa bêtise pour l’exploiter honteusement, autant je me suis aussi senti régulièrement mal-à-l’aise avec cet étrange portrait qui en ressort de la France ouvrière qu’on semble vouloir nous peindre comme foncièrement arriérée et stupide. C’est vraiment bête, parce qu’à prendre du recul, je me dis que ce n’était sûrement pas l’intention, du moins, pas l’intention consciente. Et pourtant, c’est bien ce que j’ai ressenti. C’est peut-être tout simplement un problème d’équilibre et de dosage. Pas grand-chose au fond… Et pourtant c’est ce qui fait qu’au final, de mon côté, la mayonnaise n’a pas pris. Dommage vraiment, parce qu’il y a quelques belles scènes (
notamment avec ces apparitions fantomatiques que je trouve toujours super bien gérées. Me concernant, elles ont toujours su se faire légères et touchantes. Dommage d’ailleurs que tout le film ne soit pas de cet acabit-là.
), un beau sujet, et le tout dans un plutôt bel écrin. Ainsi, je ne voudrais pas décourager les curieux de se risquer à voir ce film, ne serait-ce que pour l’audace de la démarche. Maintenant, au-delà de ça, on ne va pas se mentir non plus : je suis ressorti de ce film comme j’en suis rentré : le film n’a rien imprimé sur moi. Imprimera-t-il quelque-chose sur vous ? A vous de voir si ça vaut la peine de prendre deux de vos heures pour le vérifier…