La vie fait mal par moments, plus pour certains que pour d'autres, c'est une loterie.
Les "gros malins" ont juste eu du bol.
Dans ce film, il ne s'agit pas d'émotion en barquette, annoncée à grand renfort de piano : pas de misérabilisme, pas de pleurs hurlés d'une mère déchirée comme les films américains le font avec tant de facilité et désobligeance.
La simplicité de Willy et autres personnages du film, est là pour rendre cette douleur mieux supportable, pour ajouter un peu de distance (
Willy est handicapé mental mais parfaitement conscient du regard que le monde porte sur lui, et il a perdu sa boussole dans la vie, son jumeau, celui avec qui il partageait le plus proche sentiment du quotidien
).
L'effet "Groland" n'est pas recherché.
La platitude des lieux pour mieux ancrer l'histoire dans la réalité, dans l'ordinaire, pour mieux mettre l'accent sur les personnages. Pas de Villa, pas de City, pas de grosse caisse ni de lumières : c'est tant mieux.
Willy est sans filtre, direct, évident mais juste, pour cracher à la face de ceux qui ressentent si peu.
La première scène sur sa monture, où Willy crame du pneu devant l’œil noir de ses voisins
, jouissif, chaleureux à souhait et bouleversant à la fois : l'instinct de virilité des mâles, par tout moyen, l'incommunicabilité entre les êtres résumée en quelques images, sans un mot.
Et malgré sa ténacité à s'extraire du malheur, il reste fragile, moins futé que la normale, influençable, au point de se faire abuser par certains "valides", les vrais minables ici, et redevenir vilainement ordinaire par leur faute (
les faux-amis du bar qui le dressent en méchanceté lorsque son véritable ami abîme son scooter
) : c'est fort ça aussi.
5 étoiles Sheba, puisque la presse a réservé un accueil tiédasse à ce film : des défaillants du cœur visiblement (nous aussi "on vous plaint", gniarg-gniarf !), qui donnent quelques points bénis oui-oui pour la compassion de circonstance.
Allez, salut à toi mon frère, salut Willy, salut Daniel. Nous aussi on "les emmerde", et surtout on t'aime.