Jours de France : les secrets du tournage

Le film est né de deux éléments : en premier lieu la Croix des Gardes, une colline se situant à l'ouest de Cannes qui est un lieu de drague homosexuelle indissociable du sexe et du hasard. En second lieu la thématique du couple envisagée comme une distance. Jérôme Reybaud poursuit : "Enfin sont arrivées les rencontres, certaines très tôt comme la femme blonde interprétée par Fabienne Babe, d'autres assez tard, comme la voleuse - mais toutes sur le même mode que les paysages finalement : dans leur solitude et leur singularité."

Jérôme Reybaud ne pense pas que l'étiquette "film gay" corresponde à Jours de France. Le metteur en scène précise en effet qu'il n'y a, dans son film, "que" 4 minutes 40 de "film gay" (au moment de la rencontre entre Pierre et Matthieu Roy).

Si le film peut sembler mélancolique comme y sont représentés des abords de Paris et Clermont-Ferrand assez déprimants, Jérôme Reybaud a surtout voulu montrer, via cette traversée de la France, qu'à chaque virage il est possible de tomber sur du beau. Le réalisateur confie : "Une merveilleuse et inquiétante vieille folle (la dame au caddie), un visage renversant de beauté (Matthieu), une bouleversante chanteuse de maison de retraite, des vallons verts et pourpres, des premières neiges fines et encore vierges, des sources fraîches et des châteaux intacts..."

Dans Jours de France, le sexe est avant tout pensé et représenté comme un outil de connaissance du monde au même titre que les livres. "Le sexe permet à Pierre de parcourir le territoire, de connaître des routes, des paysages, des régions, des parlers, des accents, des visages... Géographie, histoire et société, avec parfois une éjaculation dans l'herbe en prime. Ensuite, le sexe, parce qu'il est pratiqué avec des inconnus dans des lieux anonymes, donne accès à un degré de présence au monde et du monde assez rare : il devient alors une expérience poétique et existentielle", nous explique Jérôme Reybaud.

Jérôme Reybaud a écrit les rôles de Jours de France pour des acteurs et non-acteurs dont il était préalablement tombé sous le charme de leurs voix. C'est avec ces dernières dans l'oreille qu'il a imaginé les personnages et écrit les dialogues du film. Ainsi, avant même de commencer l'écriture de Jours de France, le metteur en scène savait que les inflexions de Nathalie Richard, le timbre de Fabienne Babe, la diction de Jean-Christophe Bouvet, les accords de Marie-France, le chuchotement de Dorothée Blanck ou encore l'accent de Raymonde Bell devaient s'y trouver.