C’est depuis son plus jeune âge que Jon Garaño, co-réalisateur de Handia, a découvert l’existence du géant d’Altzo. Enfant, lors d’une sortie scolaire, il a pu admirer les effets personnels de Joaquin Eleizegi, conservés au musée San Telmo de San Sebastián : ses chaussures, son chapeau, sa chaise… et l’idée du film est née lorsque Jon Garaño a commencé à s’intéresser au cinéma.
Atteint d’acromégalie, Miguel Joaquin Eleizegi n’a jamais cessé de grandir jusqu’à sa mort. Il mesurait alors 2,42m et pesait 203 kilos. Son petit doigt mesurait 31 centimètres, ses pieds 62 centimètres… Il est mort à l’âge de 43 ans, vieilli et affaibli par sa maladie.
Le géant d’Altzo a véritablement existé, mais son récit, son histoire ont été déformées par les rumeurs, le bouche à oreille… on est certain que Joaquin voyagea avec son frère à travers toute l’Europe, mais on ne sait pas avec certitude si ses os, étrangement volatilisés quelque temps après son enterrement, furent volés ou si le géant lui-même les avait vendus à des scientifiques, pour léguer l’argent à sa famille…
Le film a été entièrement tourné au Pays basque, à l’exception d’une scène tournée dans les Pyrénées catalanes. Les scènes censées se dérouler à Bordeaux, à Paris, à Londres, à Lisbonne ont en réalité été tournées à Bayonne, Biarritz, Bilbao, Tolosa et bien sûr dans le village même d’Altzo, dans une ferme non loin de la ferme de la famille Eleizegi, aujourd’hui en ruines.
Le tandem de réalisateurs Aitor Arregi-Jon Garaño travaille ensemble depuis plus de quinze ans au sein de Moriarti, la société de production dont ils sont les fondateurs, aux côtés de cinq autres collaborateurs. Leur précédente production, Loreak (2015), avait été sélectionnée pour représenter l’Espagne à l’Oscar du meilleur film étranger, et en 2010, 80 jours (de Jon Garaño et Jose Mari Goenaga) avait été distribué en France par Epicentre Films.
Handia, tourné en langue basque, a dépassé les 100 000 entrées en Espagne et approche les 5000 entrées en France depuis sa sortie le 24 janvier 2018. C’est le film en langue basque le plus vu de l’histoire du cinéma. En 2018, une quinzaine de films basques sont en production, dont Errementari, coproduit par Alex de la Iglesia. La filière est en plein essor, et les cinéastes basques, qui ont longtemps exercé depuis Madrid et en langue espagnole (Alex de l Iglesia, Montxo Armendariz, Julio Medem…) choisissent désormais de produire et de tourner leurs films depuis le Pays basque. Deux des lauréats des Goya sont des Basques français : le compositeur Pascal Gaigne (né à Caen, vit à San Sebastian) et le monteur Laurent Dufreche (né à Hendaye).