Le cinéaste corse Thierry de Peretti revient sur son île pour Une Vie Violente après Les Apaches en 2013.
"Les enjeux narratifs et politiques sont différents ici. Les Apaches explorait le contemporain le plus immédiat. Circonscrit à l’extrême-sud de l’île au coeur de l’été, à travers une partie de sa jeunesse, on voyait comment les questions sociales minaient, intoxiquaient l’imaginaire et les rapports. Une Vie Violente, même s’il puise aussi sa source dans des événements réels, explore un territoire plus mental, plus historique. Il parle de ce qui du passé hante le présent. Une Vie Violente est une fresque qui raconte l’histoire d’une génération", explique le réalisateur.
Le personnage de Stéphane, campé par Jean Michelangeli, est librement inspiré du parcours atypique, météoritaire, tragique, de Nicolas Montigny, jeune militant nationaliste assassiné à Bastia en 2001.
"Nous avions le même âge. Je ne l’ai pas connu, même si nous avions des amis en commun. Le film mélange mes propres souvenirs, et ceux de beaucoup de gens de ma génération en Corse, mais il est aussi le fruit d’un long et permanent travail de recherche. Il mêle, de manière fragmentaire et anarchique, rumeurs, légendes urbaines, souvenirs altérés, et Histoire contemporaine de la Corse", relate Thierry de Peretti.
Le casting a été mené par Julie Allione et a duré un an. Il y avait énormément de rôles, et donc une cohérence romanesque à trouver pour le cinéaste Thierry de Peretti :
"Au-delà des questions d’authenticité, un concept que je ne comprends pas, nous cherchions des acteurs - professionnels ou non - capables de jouer ce qu’il y a à jouer, c’est à dire de comprendre la complexité et l’intensité des enjeux et prêts à prendre la parole", indique le metteur en scène.
"Si le film peut évoquer des mécanismes proches de ceux qui jettent aujourd’hui des jeunes gens dans les bras du djihadisme, c’est presque un hasard, mais je l’entends. Si le film résonne avec des thématiques contemporaines et d’autres territoires que la Corse, tant mieux. Mais faire un jeu de comparaisons nierait ce que le film représente, dans sa complexité et son mystère", analyse Thierry de Peretti.
C'est la seconde fois que Thierry de Peretti présente un long-métrage à Cannes après Les Apaches, projeté à la Quinzaine des réalisateurs en 2013. Cette fois, le cinéaste était présent à la Semaine de la critique :
"Je reviens avec un film dont la Corse, personnage principal, est le territoire physique et intérieur. Je reviens accompagné d’une troupe d’acteurs jeunes et neufs. C’est un film très personnel. La Semaine de la Critique montre chaque année les gestes de cinéma d’aujourd’hui. En faire partie cette année est très important pour moi", précise le metteur en scène.