La plus belle déclaration d'amour au cinéma, à Paris, à la nouvelle vague, aux smartphones, aux madeleines, au premier métro, et à la nuit. Un véritable bijou en temps réel, une fois ce code accepté on peut se laisser porter et suivre les troublants et sensibles Théo et Hugo. Faut il vraiment parler de la première scène? Elle est trop longue et c'est heureux. Loin d'être obscène, cette scène d'amour frontale est du jamais vu au cinéma. Lumière, ambiance, musique, émotion, on est dedans, on se sent caressé. C'est donc ainsi que deux hommes font l'amour? C'est beau. La nudité devient un costume, la sensualité traverse l'écran, plus rien n'est choquant. Quand l'ouverture se termine on reçoit une bouffée d'air, et on est prêt à courir dans Paris avec Hugo (François Nambot) et Théo (Geoffrey Couët). Il faut dire que cet Hugo brun au regard romantique bavarde et nous fait rire. Il fallait oser lui mettre dans la bouche deux monologues si bien écrits à la gloire du sexe de l'autre. Il faut dire que ce petit Théo, cupidon fort poilu au regard clair, passe par tous les états d'âme: angoisse de mort, amour, timidité, virilité, violence. L'intériorité est juste, on est en empathie avec lui, on l'aime comme un petit frère, un ami malheureux, un pote. Messieurs Nambot et Couët sont des révélations, sublimés par un film qu'ils assument et portent de bout en bout. Les seconds rôles sont aussi épatants, un regard, une réplique, des présences. Et puis mince, tout est beau dans ce bateau. Faut il le dire? Je suis hétéro et j'ai adoré ce film. Après le road movie, la comédie musicale, le feuilleton, la comédie, le drame historique, Ducastel et Martineau livrent leur plus beau film, simple et sincère, dans le prolongement de leur films précédents. Nul doute que le quartier de déambulation du film va devenir l'objet d'un pèlerinage de tous les amoureux du monde entier.