Alors qu'on les pensait chez un ferrailleur intergalactique, Autobots et Decepticons -terme que l'on croirait inventer pour qualifier la majorité de leurs films- reviennent en découdre à coups de tatanes métalliques sur notre Terre déjà bien souffrante !
Après un premier épisode qui avait quasiment tout compris du plaisir régressif procuré par les combats dantesques de ces célèbres jouets matérialisés sur grand écran, la saga nous avait tout bonnement épuisé, lessivé au cours de suites ne trouvant que la surenchère d'action (sinon de bêtise) comme seule réponse à apporter à l'extension de cet univers. Certes, les morceaux de bravoure pour mettre en images ces folies aliens robotiques étaient toujours présents grâce à ce grand gamin de Michael Bay aux commandes mais, avec un "The Last Knight" qui mélangeait par exemple des Dinobots, les Chevaliers de la Table Ronde et un Anthony Hopkins aussi perdu au milieu de tout ça que son personnage dans "The Father", autant dire qu'à part les Transformers eux-mêmes et les quelques humains en train de galoper autour, tout le monde avait renoncé à accorder un intérêt aux finalités de cet éternel conflit sous peine d'une apocalypse neuronale pouvant engendrer un état végétatif durable.
Pourtant, alors que l'on n'attendait vraiment plus rien de cette franchise, le spin-off "Bumblebee" (réalisé cette fois par Travis Knight) nous avait agréablement surpris en trouvant refuge -certes comme beaucoup d'autres- dans le doux cocon réconfortant des 80's, avec une étonnante et rafraîchissante simplicité qui collait bien plus à l'esprit rétro de la série animée "Transformers" de cette époque tout en apportant la preuve que les aventures de ces véhicules extraterrestres pouvaient survivre au-delà de la démesure Bay-ienne.
Cinq ans plus tard, c'est donc au tour de Steven Caple Jr. ("Creed 2") de remettre la saga principale sur les rails du succès, avec cette fois un prequel 90's faisant le pont entre le précédent spin-off et le premier opus en vue de continuer à explorer le passé/séjour forcé des Autobots exilés dans le plus grand secret -enfin, c'est quand même vite dit- sur notre planète.
Se retrouvant mêlés à un conflit opposant les Maximals (des animaux Transformers) et les Terrorcons (sbires du dévoreur de mondes Unicron... ouais, ça ne rigole pas !), la bande d'aliens cylindrés va évidemment être secondée par de nouveaux héros terriens afin de retrouver la Clé de la Transdistorsion (ouch !) que les vilains veulent s'accaparer sur ordre de leur chef affamé d'astres... Bon, pas la peine de suer à grosses gouttes devant tous ces noms improbables, tout cela va vite se résumer à une énième et banale chasse au(x) MacGuffin(s), prolongée jusqu'au risible par un scénario laissant toujours une chance à ses gentils de s'en sortir et, surtout, prétexte à une série de rencontres avec les Maximals permettant de gonfler les rangs des Transformers et les différents uppercuts, balles & missiles distribués par leurs soins aux méchants belliqueux.
Moins "intimiste" (vous nous avez compris) que le sympathique "Bumblebee", "Rise of the Beasts" cherche plutôt à renouer avec l'ampleur des menaces massives habituelles de la saga mais avec un ton tout de même moins tonitruant que sous l'ère Bay, voire même un chouïa plus posé pour permettre d'installer a minima son duo d'humains (on va dire "réussi" compte tenu des faibles degrés de caractérisation de la franchise) et leur intégration à la guerre des géants de métal sur fond de hip-hop 90's, le tout dans un esprit similaire au premier film, la relation Noah/Mirage faisant assez nettement écho à celle de Sam/Bumblebee. Pour le reste, les deux premiers tiers de "Rise of the Beasts" vont se cantonner à faire tout ce que l'on peut attendre d'un "Transformers", avec sans doute un peu moins de panache visuel dans les phases d'action que les autres épisodes... avant la surprise d'un acte final qui va carrément aller plagier la concurrence Marvel !
Eh oui ! Une bataille de la dernière chance pour la survie de l'univers, des décors de Terre dévastée à la photo grisâtre, une armée de sous-fifres bestiaux et de petits boss face à tous les Autobots et Maximals réunis, un grand vilain en mode Galactus (OK, pas Thanos mais bon...) et même un énorme clin d'oeil à l'un des super-héros les plus célèbres de l'écurie de Kevin Feige... Il ne manquerait plus que les robots extraterrestres lancent un "Transformers Assemble" général (ce que l'on croit possible à un moment) pour que la dernière partie de "Rise of the Beasts" soit une totale copie, en plus mineure, de l'ultime affrontement de "Avengers: Endgame" ! Et, croyez-le ou non, passé la stupeur de découvrir un flagrant fac-similé de ce moment ô combien clé du MCU à la sauce "Transformers", c'est là que ce nouveau long-métrage se révèle le plus amusant, lâchant enfin les chevaux pour multiplier les affrontements, les adversaires et les rebondissements (avec même le fameux thème de Steve Jablonsky en point d'orgue) sur un rythme plutôt généreux, qui n'égale bien sûr pas l'aspect épique de son modèle, loin s'en faut, mais qui permet d'offrir un moment de grand spectacle digne du gigantisme de ses créatures et de conclure cet énième "Transformers" sur une note plutôt honorable (sans compter la surprise amusante de son épilogue).
Se plaçant sur le podium des meilleurs "Transformers" après le premier du nom et "Bumblebee" (du moins, pour nous), "Rise of the Beasts" n'en est pas moins un blockbuster très oubliable, un divertissement à l'intérêt aussi éphémère qu'une voiture broyée à la casse, mais, vu ce à quoi nous ont habitué les autres suites de cette saga, on s'en contentera.