Rage n’est pas un métrage très réussi de Cronenberg. On retrouve ses obsessions, mais pas forcément pour le meilleur. Le film a de bons aspects. Par exemple Marilyn Chambers est loin de démériter. Pour voir que c’est son premier vrai rôle de composition, elle maîtrise plutôt bien, et arrive à créer un peu d’émotion autour de son personnage dans un rôle pas évident ! Autour d’elle il y a quelques bons interprètes, notamment Howard Ryshpan, le docteur Keloid, que j’ai trouvé être un des attraits de la première partie car je trouve qu’il apporte une vraie composition professionnelle au milieu d’un casting parfois moins inspiré (la plupart des seconds rôles).
Autre bon aspect, le film est dynamique. Tout s’enchaine vite (trop vite peut-être !), on ne s’ennuie pas, et le métrage s’avère plutôt crédible dans son étude du développement d’une épidémie à grande échelle. On ne s’ennuie pas trop en regardant Rage, je dis pas trop, car en vérité, le film, sous son rythme nerveux, n’est pas très bien écrit. En effet, le film, une fois qu’il a lancé le nœud de son propos, s’avère plutôt répétitif et n’avance pas beaucoup jusqu’à son dénouement. On aura aucune explication sur l’origine du mal (perso je ne vois pas le rapport entre une greffe, une bouche ventrale et la rage), puis ensuite le film ressemble un peu à un jeu de massacre. Dans l’esprit, ça fait penser à La Mutante, mais dans ce dernier film il y avait une explication claire, et de vrais enjeux ensuite avec une traque assez soutenue. Là il n’y a pas de traque, et de fait, ça affadit le métrage qui n’arrive pas à se trouver vraiment d’enjeu (même pas une dimension dramatique véritable car l’héroïne n’a pas conscience de son état).
Formellement le métrage arrive plus ou moins à dépasser son budget ridicule. On sent que ça n’a pas couter lourd, mais Cronenberg s’en sort pas mal. La mise en scène est inspirée, les décors sont faiblards mais Cronenberg arrive à se débrouiller pour ne pas trop faire ressentir les limites, la photographie grisâtre reste dans le ton horrifique du film. Perso, sur la forme, Rage reste très convenable.
Vraiment, Cronenberg livre un film ambigu. Certes il arrive à transcender son budget, et il n’est pas mal interprété, mais l’intrigue reste faiblarde. Sous ses airs punchie, et malgré le soutien de quelques scènes gentiment horrifiques, Rage peine à être autre chose qu’une succession d’attaque de la créature et de promenades à pied ou en voiture des protagonistes assez lancinantes, malgré une déscription relativement crédible de l’épidémie dans la seconde partie (mais vraiment en arrière-fond). Je donne quand même 3, mais en tenant compte du budget ridicule du film.