J'avais apprécié « Complices » du même Frédéric Mermoud il y a quelques années, c'est encore plus le cas pour ce dernier film. Sorte de « Que la bête meure » version féminine au développement très différent, « Moka » est de ces univers que j'affectionne : un thriller quasiment sans violence, à l'ambiance feutrée, élégante, où l'on sent que tout peut s'emballer, s'accélérer à n'importe quel moment. Il y a une grande économie de mots au profit des situations, des enjeux. Cette inquiétude, ce doute constant aussi bien chez l'héroïne que le spectateur, ce suspense « par petites touches » est très maîtrisé, le beau cadre alpin se prêtant bien au récit, tout comme la dimension nocturne, joliment exploitée. J'ai été moins convaincu par les personnages secondaires (notamment celui de Vincent), surtout présent pour montrer le trouble de Diane face à la douleur : pas indispensable. Mais le duel Emmanuelle Devos - Nathalie Baye, tout en nuances, est captivant, la première offrant une nouvelle prestation magistrale, sans doute l'une de ses plus belles. Et le dénouement, à la fois inattendu et presque
« apaisé »
, permet de terminer sur une note
harmonieuse, sensible
. Une réussite.